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La situation au Soudan du Sud s’est gravement détériorée ces derniers jours, entraînant l’évacuation d’urgence de plus de 4 000 ressortissants soudanais. Cette vague de violence a été exacerbée par des attaques ciblant la communauté soudanaise dans plusieurs villes, notamment Juba, Wau, Aweil, Malakal, Tonj et Kuajok.
Des scènes de violence tragiques
Animu Athiei, une activiste sud-soudanaise, se remémore les événements tragiques de la soirée du 16 janvier. « Quand les attaques ont commencé, j’étais dans un restaurant soudanais de Juba. Il était environ 20 heures. Le propriétaire a reçu un coup de téléphone et il a demandé aux clients de partir car il devait fermer », raconte-t-elle. Cette violence est survenue en représailles aux massacres survenus dans l’État d’Al Jazirah, au Soudan voisin, où au moins 29 Sud-Soudanais auraient été exécutés par les Forces armées soudanaises (FAS) et les milices alliées lors de la reprise de Wad Madani.
Une rancœur persistante
Les violences récentes ont ravivé des souvenirs douloureux. « Les vidéos publiées par les milices soudanaises sur les réseaux sociaux montrent des civils sud-soudanais insultés et égorgés. Cela nous rappelle les mauvais traitements subis par les Sud-Soudanais lorsque le Soudan et le Soudan du Sud formaient un seul pays », déclare Animu Athiei. Ce ressentiment, transmis aux jeunes générations, trouve ses racines dans des décennies de discrimination et de marginalisation.
Des tensions exacerbées par les réseaux sociaux
La colère accumulée a conduit à des violences contre les commerçants soudanais, tant ceux de longue date que ceux récemment arrivés. Le gouvernement de Juba a imposé un couvre-feu et a brièvement suspendu l’accès à Facebook et TikTok pour tenter de réduire les tensions. Edmund Yakani, directeur de l’ONG Community Empowerment for Progress Organization, critique cette décision, suggérant qu’une régulation des réseaux sociaux aurait été préférable.
Une réponse diplomatique nécessaire
Le ministre de la Consolidation de la paix, Stephen Par Kuol, assure que la violence a duré une nuit et que la situation est rapidement revenue à la normale. Cependant, l’ambassade du Soudan a dû organiser des rapatriements, évacuant 4 274 Soudanais jusqu’au 5 février. Parallèlement, les tensions diplomatiques entre Juba et Port-Soudan s’intensifient, avec des accusations mutuelles entre les deux gouvernements.
Les défis économiques du Soudan du Sud
La situation économique du Soudan du Sud se dégrade. Le pays, dépendant à 90 % des revenus pétroliers, fait face à des difficultés à cause du conflit voisin. Les fonctionnaires n’ont pas été payés depuis un an, recevant seulement deux mois de salaire en décembre et janvier derniers. Les relations diplomatiques se sont détériorées, notamment après des accusations de mercenariat lancées par le général Yasir al-Atta.