Table of Contents
Réactions en Europe aux menaces de Trump sur Gaza
Les déclarations du président américain Donald Trump concernant la Gaza ont suscité un débat mondial. Cependant, les dirigeants européens n’ont pas réagi immédiatement à sa proposition « douteuse » pour résoudre le conflit israélo-palestinien.
Trump a affirmé que les États-Unis « contrôleraient Gaza » et qu’il souhaitait transformer la région en une « Riviera du Moyen-Orient », lors d’une conférence de presse qu’il a tenue la semaine dernière avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, qui a qualifié cette idée de « créative » et « révolutionnaire ».
Malgré les menaces du président américain concernant l’invasion du Groenland et la prise de contrôle du Canal de Panama, les chances de mise en œuvre de son plan semblent minces. Toutefois, cela soulève des questions sur la fermeté de la position européenne face à sa politique au Moyen-Orient et sur la légitimité internationale de son idée.
Silence européen
En Espagne, les propos de Trump n’ont pas été bien accueillis. Le ministre des Affaires étrangères espagnol, José Manuel Albares, a insisté sur la nécessité de conserver Gaza pour les Palestiniens et en tant que partie de l’État palestinien futur reconnu par son pays.
Aux côtés de la Norvège et de l’Irlande, l’Espagne a rejoint l’année dernière 146 États membres des Nations unies qui reconnaissent l’État palestinien et s’est engagée à continuer d’envoyer une aide humanitaire à la région assiégée.
Dans ce contexte, l’eurodéputée du parti social-démocrate espagnol, Hanaa Jaloul, a souligné la position ferme du président espagnol Pedro Sanchez concernant la reconnaissance de l’État de Palestine, déclarant : « Ce n’était pas facile, car seules deux autres nations en Europe le soutenaient, ce que je considère comme une bonne étape qui maintient Madrid lié au Sud global. »
Dans ses commentaires à Al Jazeera, Jaloul a qualifié la réaction européenne de « silencieuse et faible », s’interrogeant : « Nous nous demandons vigoureusement au sein du Parlement européen sur la stratégie adoptée pour traiter le Moyen-Orient et pourquoi la haute représentante de l’UE, Kaja Kallas, ne fournit pas d’explications concernant la démocratie en Syrie ou le nouveau gouvernement au Liban, ou le cessez-le-feu à Gaza que nous espérons voir perdurer. »
Violation du droit
Ce silence européen dans le débat actuel sur le déplacement des Palestiniens de Gaza intervient alors que le continent abrite les plus importantes instances judiciaires internationales, notamment la Cour pénale internationale et la Cour internationale de justice.
Dans ce cadre, Dag Herbournersrood, journaliste et fondateur du Centre d’histoire des idées mondiales à Oslo, estime que le déplacement se poursuit depuis que plus de 800 000 Palestiniens ont été expulsés lors de la Nakba en 1948. Il n’exclut donc pas que Trump/Netanyahu envisagent de déplacer les Palestiniens de Gaza dans un avenir proche, « ou du moins qu’ils essaient de le faire, en fonction de l’évolution de la situation sur le terrain. »
Dans un contexte d’inquiétude européenne manifeste, Herbournersrood souligne que cette situation pourrait dépendre des élections fédérales allemandes prévues le 23 février, ainsi que de l’évolution de la guerre en Ukraine et des régimes d’aide à travers le monde au cours et après les audits en cours aux États-Unis.
Le Statut de Rome, établi par la Cour pénale internationale, classe les déplacements forcés de populations comme des crimes de guerre et crimes contre l’humanité, ce qui est interdit par plusieurs dispositions des Conventions de Genève, auxquelles les États-Unis ont adhéré.
Trump et le chaos
La France a réaffirmé son opposition aux propositions du président américain, qualifiant par la voix de son ministère des Affaires étrangères tout déplacement forcé de « violation grave du droit international », mettant en garde que de telles mesures pourraient compromettre une solution basée sur la coexistence des deux États et déstabiliser des alliés régionaux proches, tels que l’Égypte et la Jordanie.
Alors que Trump a exprimé son soutien à l’annexion par Israël de la Cisjordanie, le roi de Jordanie, Abdallah II, a appelé à attendre un plan arabe du côté égyptien concernant Gaza, lors de leur rencontre à la Maison Blanche mardi soir.
Commentant cela, le professeur Bocu considère que le président américain permet aux Israéliens de continuer l’extermination et d’imposer une base de déplacement des Palestiniens suite à son annonce de la nécessité d’évacuer Gaza de ses habitants, tentant de forcer la Jordanie et l’Égypte à accueillir des réfugiés qui n’auraient pas le droit de retour.
Réactions face à la situation
La députée européenne Hanaa Jaloul a indiqué : « Nous avons soumis une déclaration à l’Espagne et plusieurs pays arabes, y compris l’Arabie Saoudite, l’Égypte et la Jordanie, ont exprimé leur avis sur l’idée d’une solution à deux États et l’application des frontières de 1967. Nous espérons pouvoir nous opposer à Trump comme il se doit, car cela pourrait susciter une vague de mécontentement et de frustration et prolonger la guerre à l’avenir. »