L’AfD, deuxième force politique allemande : résultats et enjeux

L’AfD, deuxième force politique allemande : résultats et enjeux

Dans un tournant historique du paysage politique allemand, l’Alternative pour l’Allemagne (AfD) a connu une ascension fulgurante, devenant ainsi le deuxième plus grand parti du Bundestag avec 20,8 % des voix lors des élections fédérales.

Le Parti chrétien-démocrate (CDU) a été le plus voté dimanche, remportant 28,6 % des voix avec son parti frère, le Parti chrétien-social (CSU). Le CDU a exclu la possibilité de former une coalition avec l’AfD, ce qui complique la création d’un gouvernement stable.

Les politiques clés de l’AfD

L’AfD a articulé plusieurs politiques phares qui ont trouvé un écho favorable auprès de nombreux électeurs allemands. Parmi elles :

• Contrôles de l’immigration, incluant le rejet des demandes d’asile et des initiatives de « remigration » visant à expulser les ressortissants étrangers.
• Réformes économiques, telles que l’abandon de l’euro et la réintroduction du mark allemand.
• Modifications de la politique étrangère, comme le départ de l’alliance NATO.
• Retour sur les transitions énergétiques, y compris le démantèlement des éoliennes existantes et le retour à l’énergie nucléaire.

Qui est la leader de l’AfD, Alice Weidel ?

Alice Weidel, ancienne professionnelle de la finance titulaire d’un doctorat en économie, a rejoint l’AfD en 2013 et a rapidement gravi les échelons du leadership. Initialement un parti eurosceptique, l’AfD a évolué vers le nationalisme et des politiques d’immigration strictes, avec Weidel à la tête.

Weidel a su capitaliser sur la frustration des électeurs, notamment dans l’ancienne Allemagne de l’Est, en s’opposant à l’immigration, aux politiques énergétiques vertes et à la mondialisation. Grâce aux réseaux sociaux et à des interviews médiatiques de haut niveau, y compris avec le milliardaire technologique Elon Musk, les politiques de « remigration » et nationalistes de Weidel ont attiré l’attention sur elle et sur l’AfD.

Performances passées de l’AfD

Les gains électoraux du parti reflètent une insatisfaction croissante des électeurs concernant l’immigration, l’économie et les partis traditionnels. Formé initialement comme un parti eurosceptique, l’AfD a obtenu 4,7 % des voix lors de ses premières élections fédérales en 2013, ne dépassant pas la barre des 5 % nécessaire pour entrer au Bundestag.

Lors des élections fédérales de 2017, le parti a gagné 12,6 % des voix et a intégré le Bundestag avec 94 sièges, devenant ainsi le troisième plus grand parti du parlement allemand, sa popularité étant alimentée par la politique d’accueil des réfugiés de l’ancienne chancelière Angela Merkel en 2015.

Bien qu’ayant encore de bons résultats en Allemagne de l’Est, le score de l’AfD a chuté à 10,3 % lors des élections de 2021, la plaçant en cinquième position. Le parti a eu du mal à maintenir sa rhétorique anti-immigration, l’attention étant alors davantage portée sur la gestion de la pandémie de COVID-19.

Lors des élections de dimanche, l’AfD a doublé sa part de voix par rapport à 2021, la campagne électorale se focalisant sur l’immigration et l’économie.

Où l’AfD a-t-elle obtenu ses meilleurs résultats ?

Lors des élections de dimanche, l’AfD a remporté des voix dans presque toutes les circonscriptions allemandes. Historiquement, l’AfD obtient de bons résultats parmi les électeurs de l’est de l’Allemagne en raison des disparités post-réunification, l’est ayant pris du retard par rapport à l’ouest en matière de développement économique et d’opportunités d’emploi.

L’AfD a également bénéficié de son discours anti-establishment, les partis politiques traditionnels étant moins ancrés en Allemagne de l’Est en raison de son passé communiste.

Dans quelques circonscriptions de l’ouest, l’AfD a remporté la victoire mais n’était qu’à peine en avance sur les deuxièmes partis les plus populaires dans ces zones.

L’AfD fera-t-elle partie de la coalition allemande ?

Les partis traditionnels ont exclu la possibilité de former une coalition avec l’AfD en raison de ses politiques nationalistes et de ses tendances d’extrême droite. Ainsi, les options de coalition de l’Allemagne sont désormais essentiellement limitées à une seule, compte tenu des résultats électoraux.

Une grande coalition incluant le CDU, le CSU et le Parti social-démocrate (SPD) est l’option la plus probable, avec le leader du CDU, Friedrich Merz, comme chancelier.