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Des changements significatifs se profilent à l’horizon pour les cinq Registres Internet Régionaux (RIR) alors que ces organisations, chargées de la gestion et de la délégation des adresses IP, s’efforcent d’éviter qu’une d’entre elles ne dévie de son objectif principal. Cette réévaluation des politiques est en cours et suscite des débats animés.
Révision des politiques des RIR
La nécessité de revoir les politiques a émergé à la fin de l’année 2023, lorsque l’Organisation des Ressources Numériques (NRO), l’entité régissant les cinq RIR, a décidé d’engager une révision d’un document ancien, l’ICP-2, qui définit les critères pour la création de nouveaux RIR. Ce document a été élaboré avant le lancement de l’AFRINIC et de LACNIC, et n’a pas été mis à jour depuis 2005.
La NRO estime qu’il est temps de revisiter l’ICP-2, car ce dernier a été largement ignoré pendant des décennies. Bien qu’il précise comment créer un nouveau RIR, il ne fournit aucune directive sur les mesures à prendre si un RIR ne respecte pas ses obligations ou nuit au système mondial de gestion des adresses IP.
En 2024, la NRO a proposé un ensemble de principes qui stipulent que les RIR doivent respecter des critères tels que la bonne gouvernance, la stabilité financière et l’évitement d’une prise de contrôle par une autre organisation, qui devraient être inclus dans une version révisée de l’ICP-2.
Consultation et controverses
À la fin de 2024, un questionnaire a été diffusé pour recueillir des retours sur ces principes. Les résultats ont été publiés cette semaine et ont suscité des controverses lors de l’assemblée générale d’APNIC, qui s’est tenue le 27 février. Environ la moitié des 298 réponses soumises étaient des commentaires en double, probablement créés par une IA, ce qui a conduit à leur considération comme une seule réponse.
Lors de cette réunion, un intervenant a défendu ces réponses en soulignant que de nombreux membres de la communauté de gouvernance Internet ne parlent pas anglais comme langue maternelle. Cette situation a mis en lumière le manque de communication autour des travaux sur l’ICP-2, qui n’a pas été suffisamment médiatisé.
Contexte africain
Un des moteurs de cette réévaluation est la situation à l’AFRINIC, le RIR pour l’Afrique, qui a une histoire chargée de problèmes, allant des allégations de harcèlement sexuel à la corruption du personnel. Depuis 2023, AFRINIC fait face à plusieurs procédures judiciaires et ne parvient pas à nommer de CEO ni à constituer un conseil d’administration. Malgré cela, il continue d’exercer ses fonctions essentielles.
Récemment, un tribunal à Maurice a nommé un administrateur chargé de superviser l’élection d’un nouveau conseil, ce qui laisse espérer un retour à un fonctionnement normal pour AFRINIC.
Nouvelles directions au sein des RIR
Parallèlement aux débats autour de l’ICP-2, des changements de leadership se produisent également au sein de deux des cinq RIR. En octobre 2024, l’APNIC a nommé Jia Rong Low, ancien directeur régional d’ICANN, comme directeur général, après le départ à la retraite de Paul Wilson, qui a dirigé l’organisation pendant 26 ans. Low a déjà entrepris des démarches pour rationaliser l’organisation.
De plus, LACNIC a nommé un nouveau PDG, Ernesto Majó, après le départ d’Oscar Robles-Garay. Le début de son mandat a été marqué par des problèmes de sécurité, notamment par la détection de connexions non autorisées à son portail membre, ce qui a conduit à rendre l’authentification multi-facteurs obligatoire.
Perspectives internationales
Les changements ne se limitent pas seulement à l’APNIC et au LACNIC. Le RIPE NCC, le RIR pour l’Europe, le Moyen-Orient et certaines parties de l’Asie centrale, prévoit également d’ouvrir un nouveau bureau à Dubaï pour mieux servir la région, tout en s’adaptant aux sanctions internationales qui concernent certains pays de son périmètre d’action.