Table of Contents
Pressions américaines sur l’Irlande : Lynn Boylan s’exprime
Dans une interview exclusive accordée à Al Jazeera, la députée européenne Lynn Boylan a révélé les pressions auxquelles l’Irlande est confrontée en raison de son soutien à la Palestine. Elle a évoqué un « terreur implicite » de la part des États-Unis.
Une position unique en Europe
Lynn Boylan a affirmé que l’Irlande représente une « situation unique » en Europe concernant le soutien à la Palestine. Le peuple irlandais fait preuve de solidarité envers les Palestiniens, en affichant fièrement des drapeaux palestiniens dans les rues et les foyers.
Ce soutien populaire reflète un long historique de solidarité avec les peuples souffrant d’occupation et de persécution. Cependant, la situation est différente au sein du Parlement européen, où règne un climat de peur et d’inquiétude. De nombreux membres craignent d’exprimer leur soutien à la Palestine de peur d’être accusés d’antisémitisme.
Des menaces voilées des États-Unis
Boylan a souligné que les États-Unis exercent d’importantes pressions sur l’Irlande, notamment en ce qui concerne un projet de loi interdisant le commerce avec les colonies israéliennes dans les territoires occupés. Elle a révélé que l’ambassadeur américain en Irlande a averti le gouvernement irlandais des « conséquences » potentielles si ce projet de loi était adopté, ce que Boylan et d’autres politiciens ont perçu comme une menace implicite.
Ces « conséquences » pourraient inclure le retrait des investissements américains en Irlande, un enjeu majeur étant donné que l’économie irlandaise dépend fortement des investissements américains.
Un projet de loi controversé
Boylan a exprimé son mécontentement face à l’apparition soudaine du projet de loi sur les territoires occupés, qui ne figurait pas dans le programme électoral du gouvernement et n’a pas été précédé d’une campagne de sensibilisation. Ce projet a été imposé à l’agenda parlementaire, provoquant une surprise parmi les partis d’opposition irlandais.
Elle a fait part de son pessimisme quant à la possibilité que le gouvernement irlandais fasse adopter ce projet de loi, citant des « arguments de substitution » et un « intimidation » exercée sur le public.
Une critique du droit international
Boylan a critiqué l’adoption par certains pays européens de la définition de l’antisémitisme par l’Alliance internationale pour la mémoire de l’Holocauste, la qualifiant de « moyen de réduire au silence les voix » en faveur de la Palestine. Selon elle, cette définition crée un « effet dissuasif » sur la capacité des membres du Parlement européen à exprimer leurs opinions.
Elle a expliqué que cette définition est utilisée pour criminaliser toute critique d’Israël, même lorsque cela concerne des violations des droits de l’homme. Cela entraîne un climat de peur parmi les militants et les défenseurs des droits humains, qui se voient empêchés de s’exprimer librement.
Des doutes sur l’efficacité de l’UE
Boylan a également exprimé des doutes quant à la volonté de l’Union européenne de prendre en compte un mandat d’arrêt contre Netanyahu, notant que certains pays ont déjà déclaré qu’ils ne l’appliqueraient pas. Elle a prédit que Netanyahu ne visiterait pas l’Irlande de sitôt, reflétant une division au sein de l’UE sur la question palestinienne.
Alors que certaines nations soutiennent Israël sans réserve, d’autres se tiennent aux côtés des droits des Palestiniens, ce qui complique encore davantage la situation politique.
Un manque d’attention pour la question palestinienne
Boylan a dénoncé le manque d’attention du Parlement européen envers la question palestinienne, soulignant que la discussion sur cette problématique a été systématiquement évitée. « Il n’y a pas eu de discussion sur la Palestine jusqu’à récemment », a-t-elle déclaré, ajoutant que le Parlement a abordé d’autres conflits, mais pas celui-ci.
Elle considère que ce désintérêt reflète le manque d’engagement de l’UE envers les droits des Palestiniens, nuisant à la crédibilité de l’Union en tant que défenseur des droits humains.
Un test pour l’Irlande
Les déclarations de Lynn Boylan illustrent la complexité du paysage politique irlandais face aux pressions américaines et aux restrictions européennes sur la liberté d’expression concernant Israël. Avec des menaces croissantes concernant la violation du droit international, le soutien de l’Irlande à la Palestine est mis à l’épreuve, testant sa capacité à résister aux pressions extérieures tout en préservant l’indépendance de ses décisions politiques.