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Le juriste et académicien sevillan Miguel Rodríguez-Piñero, ancien président du Tribunal Constitutionnel espagnol de 1992 à 1995, a récemment renoncé à son poste au Conseil d’État après avoir atteint l’âge de 90 ans. Il considère qu’il est essentiel pour le Tribunal Constitutionnel (TC) de disposer d’un niveau technique reconnu tant au niveau national qu’international, ainsi qu’un certain degré d’indépendance, à l’instar de ce qui existe en Allemagne.
Une carrière impressionnante
Rodríguez-Piñero a obtenu son diplôme et un doctorat en droit, tous deux avec mention très bien, et a poursuivi sa formation dans des universités de renom telles que Heidelberg, Kiel, Munich et Rome. En 1961, il est devenu professeur de droit du travail à l’Université de Murcie, devenant le plus jeune professeur de sa génération, avant de rejoindre l’Université de Séville où il a également été doyen de la faculté de droit.
En 1986, il a été nommé magistrat du Tribunal Constitutionnel, période durant laquelle il a orienté ses recherches sur les droits fondamentaux et le droit du travail, notamment à travers ses études sur la Charte sociale européenne. Il est reconnu comme le fondateur de ce que l’on appelle l’École andalouse de droit du travail.

Réflexions sur la justice et la politique en Espagne
Dans une interview, Rodríguez-Piñero a exprimé son inquiétude face à la situation actuelle en Espagne, où il constate une polarisation politique croissante et une crise du système des deux grands partis qui jadis apportait stabilité. Il souligne que ce manque de consensus est nuisible et que les préoccupations des citoyens devraient être prioritaires par rapport aux controverses historiques.
Concernant la commémoration des 50 ans de la mort de Franco, il a mentionné que la majorité des Espagnols n’ont pas connu Franco et que les commémorations doivent se faire avec prudence afin de ne pas raviver des tensions inutiles.
Un appel à l’exigence intellectuelle
Rodríguez-Piñero a également critiqué le fait que le Tribunal Constitutionnel ait évolué vers une acceptation où « n’importe qui peut devenir magistrat ». Il prône la nécessité d’un niveau intellectuel élevé et d’une réputation établie pour ceux qui occupent de telles fonctions. Il fait référence à un système de nomination qui devrait privilégier l’expertise et non la simple affiliation politique.
Il a exprimé son désaccord avec le fait que des ex-ministres soient désormais membres de ce tribunal, suggérant que cela a contribué à la transformation des partis en agences de placement, plutôt qu’en entités politiques responsables.
Les enjeux du système judiciaire
Rodríguez-Piñero s’inquiète également de la perte de confiance du public envers le système judiciaire, mettant en lumière les longs délais d’attente pour résoudre des affaires. Il plaide pour une réforme qui impliquerait davantage de juges et une simplification des processus juridiques.
Concernant les questions d’amnistie, il reste prudent, doutant que cela puisse résoudre des conflits historiques complexes, notamment en Catalogne et au Pays basque.
Sur la question de l’immigration
Enfin, il a commenté la délégation de compétences en matière d’immigration à la Generalitat, précisant qu’il s’agit d’une délégation plutôt que d’une cession. Il met en avant l’importance de cette main-d’œuvre pour les secteurs économiques en Espagne, comme l’agriculture.
Rodríguez-Piñero conclut en insistant sur la nécessité d’une réflexion collective sur ces enjeux pour garantir un avenir harmonieux pour la société espagnole.