Table of Contents
Tensions militaires en cours à Sud-Soudan : Vers une nouvelle guerre ?
La République du Sud-Soudan connaît des tensions militaires et politiques persistantes entre les partenaires au pouvoir, le président Salva Kiir Mayardit et son vice-président Riek Machar. Ces tensions ont atteint un niveau de confrontations militaires au cours des dernières semaines, suscitant des craintes d’une nouvelle guerre civile.
Des régions variées du pays ont observé une augmentation notable des actes de violence, avec une série d’affrontements sanglants et des arrestations politiques, ce qui soulève des préoccupations quant à l’effondrement de l’accord de paix fragile signé en 2018, qui avait mis fin à une guerre civile après une brève période d’indépendance du Sud-Soudan vis-à-vis du Soudan lors d’un référendum en 2011.
Comment ont débuté les événements actuels ?
Les événements récents ont été déclenchés par des désaccords concernant le remplacement des troupes dans la région de Nasser, dans l’État du Haut-Nil, aboutissant à des affrontements militaires dirigés par un groupe armé proche de Riek Machar. Ces affrontements ont causé des pertes humaines, y compris celle du général en charge de la région et plusieurs soldats gouvernementaux. En réponse, le président Salva Kiir a procédé à des changements majeurs dans les postes de leadership, écartant les partisans de Machar.
Parmi ces changements, James Wani Igga, le vice-président, a été remplacé par un homme d’affaires proche de Salva Kiir. Des personnalités connues pour leurs liens avec le Soudan ont également été évincées, dont le conseiller à la sécurité Tut Gatluak, qui a été nommé ambassadeur au Koweït.
Ces développements ont alimenté des rumeurs selon lesquelles le gouvernement de Kiir envisageait de désarmer certains jeunes des tribus, notamment le « Armée blanche » de la tribu Nuer, ce qui a conduit à des confrontations où le chef de l’armée à Nasser et plusieurs soldats ont perdu la vie dans une attaque contre un avion des Nations Unies, une action condamnée par l’organisation internationale.
Les parties impliquées dans le conflit
Le conflit actuel est principalement une lutte de pouvoir entre les tribus Dinka et Nuer, qui a donné lieu à de nombreuses escalades militaires, y compris une guerre civile qui a duré cinq ans entre 2013 et 2018, faisant environ 400 000 victimes et se concluant par un accord de paix fragile en 2018.
Partie 1 : Le président Salva Kiir s’appuie sur :
- Le pouvoir de l’État, incluant l’armée, les forces de sécurité et les institutions gouvernementales pour consolider son autorité face à ses opposants politiques.
- Sa tribu Dinka, l’une des plus grandes tribus du Sud-Soudan, qui se considère légitime pour gouverner le pays.
- Des alliés parmi les petites tribus, attirés par des gains politiques et économiques.
- Des soutiens régionaux, tels que l’Ouganda, qui a envoyé des troupes spéciales à Juba à la demande de Kiir.
Partie 2 : Riek Machar, le vice-président, s’appuie sur :
- Son statut de vice-président selon l’accord de paix de 2018 qui a établi un partage du pouvoir avec Kiir, soutenu par des éléments de l’armée et des décideurs politiques.
- Sa propre ambition, se considérant le plus apte à gouverner grâce à ses qualifications académiques.
- Sa tribu Nuer, une tribu guerrière avec une forte présence militaire, soutenue par d’autres groupes armés.
- Une croyance mythique au sein de la tribu Nuer selon laquelle le Sud doit être dirigé par un homme ayant des caractéristiques spécifiques, que Machar incarne.
La réaction du gouvernement de Kiir face à la situation
Le gouvernement de Kiir a utilisé son autorité pour réprimer ce qu’il considère comme une rébellion, en incarcérant de nombreux opposants et en plaçant Machar sous surveillance.
Le gouvernement a affirmé qu’il possède des preuves impliquant des membres de l’opposition dans l’escalade des conflits à Nasser et Awling, promettant de poursuivre les arrestations si d’autres preuves sont découvertes. Kiir a exprimé son engagement à ne pas retourner à la guerre, tout en sollicitant un soutien militaire ougandais, ce qui a soulevé des doutes sur la nature de la situation sur le terrain.
Le président a également reçu un appel de Abdel Fattah al-Burhan, président du Conseil souverain soudanais, qui a exprimé son soutien à la stabilité du Sud-Soudan. L’Union africaine et le Kenya ont appelé les acteurs du Sud à faire preuve de retenue.
La position des opposants de Kiir, dirigés par Riek Machar
Le bureau de Riek Machar a publié un communiqué exprimant ses regrets face à la perte de vies à Nasser, condamnant ce qu’il qualifie d’acte de barbarie. Il a souligné l’importance de poursuivre les efforts pour désescalader la situation et encourager le dialogue.
Machar a déclaré que sa priorité reste la paix et l’engagement de tous les acteurs pour éviter une escalade de la violence.
Vers quelle direction évoluent les événements ?
Des efforts internationaux et régionaux sont en cours pour encourager un apaisement, car une détérioration de la situation pourrait menacer des élections générales reportées jusqu’en décembre 2026, qui seraient les premières depuis l’indépendance en 2011.
Le Soudan, en tant que médiateur de l’accord de paix, pourrait intervenir pour désamorcer les tensions, tout comme l’organisation IGAD. Certains analystes estiment que la situation actuelle reflète l’inefficacité de l’implémentation des dispositions sécuritaires de l’accord de paix au cours des sept dernières années.
De plus, des désaccords subsistent concernant l’exécution des arrangements sécuritaires, entraînant des prolongations répétées de la période de transition. La situation humanitaire demeure également précaire, avec près de 7,7 millions de personnes en danger de malnutrition aiguë, exacerbée par la cessation de la production pétrolière cruciale pour l’économie du pays.