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Histoire de résistance : le récit d’Hussein Qateesh, ex-prisonnier libanais
Le 16 février dernier, Hussein Qateesh, un libanais libéré, a été arrêté par les forces d’occupation israéliennes dans le village de Hula, alors qu’il inspectait les dégâts causés par l’agression israélienne sur le Liban. Bien que son emprisonnement n’ait duré que 23 jours, il partage avec Al Jazeera les atrocités qu’il a subies durant cette période.
Les premières heures de l’arrestation
Qateesh raconte : « Le 16 février, lorsque nous sommes arrivés au talus de terre à Hula, je n’aurais jamais imaginé que quelques minutes seulement me séparaient de ma liberté et que j’entrais dans une nouvelle phase de souffrance. Ce jour-là, un sentiment étrange nous dominait, comme si les Israéliens s’étaient réellement retirés. Nous avons pénétré dans le village, exploré le quartier supérieur et vérifié les maisons, sans rien soupçonner. »
Il poursuit en décrivant le chemin du retour : « Alors que nous descendions, un soldat israélien est apparu au milieu de la route, fouillant les jeunes en tête de groupe. Lorsqu’il s’est approché de moi, j’ai été surpris de voir le canon d’une arme pointée sur moi. La première balle a touché mon neveu à la jambe. Il a fui vers la vallée, mais je n’ai pas eu cette chance. Je suis tombé au sol, blessé, le sang s’écoulant de ma jambe. »
En captivité
Après l’incident, une patrouille israélienne est arrivée sur les lieux. Bien que quatre habitants aient tenté de m’aider, les forces d’occupation ne les ont pas laissés faire. La seconde patrouille a arrêté les jeunes et a emmené Hussein, blessé, à un endroit appelé Al-Abad.
De là, il a été transporté en ambulance vers Safed, où il a subi plusieurs opérations chirurgicales. Mais pour Hussein, il ne s’agissait pas seulement d’être un patient nécessitant des soins ; il était également un prisonnier soumis à des interrogatoires brutaux.
Les interrogatoires
Hussein a traversé cinq sessions d’intimidation psychologique, de provocations et de tentatives de le briser. Les forces d’occupation lui lançaient des phrases telles que « Nous avons détruit vos maisons » et « Nous avons ravagé votre région », des mots qui s’abattaient sur lui comme des balles. Malgré ses blessures, il a tenu bon.
Après ses opérations, il a été transféré à la prison de Ramla. Là, il s’est retrouvé dans une cellule exiguë, bondée avec neuf autres prisonniers : sept Palestiniens de Gaza et de Cisjordanie, ainsi qu’un jeune Libanais nommé Ali Tarhimi de la ville de Jibshit.
Conditions de détention
Hussein explique que « la prison n’était pas seulement faite de murs et de fils barbelés, mais c’était un véritable test de patience et de résistance. La nourriture était si mauvaise qu’elle frôlait la famine, et les soins médicaux étaient complètement absents. Le médecin ne venait que trois fois par semaine, appliquant à peine quelques compresses et de l’iode avant de partir en hâte. Les blessés prenaient soin des blessés, les malades s’occupaient des malades. »
Le 11 mars, il a appris qu’il allait être libéré, mais même jusqu’à ce moment-là, la souffrance n’était pas terminée. Il a été transporté d’une voiture à l’autre, subissant des humiliations et des tensions, jusqu’à atteindre Ras Naqoura, où le Croissant-Rouge l’attendait pour mettre fin à sa captivité, mais ouvrir une nouvelle page de résistance et d’attachement à sa terre.
Libérations récentes
Le mardi précédent, Israël a libéré quatre civils libanais arrêtés en janvier et février, dont Hussein Qateesh, ainsi que Hussein Faris, Ahmed Shakir et Mohammad Najm. Malgré ces libérations, l’armée israélienne continue de détenir plusieurs civils et des prisonniers de Hezbollah, sans que des chiffres officiels ne soient disponibles concernant le nombre de prisonniers.
Les témoignages des libérés révèlent des conditions de vie cruelles et brutales, évoquant le manque de sommeil et la torture psychologique et physique, notamment durant les interrogatoires. Un prisonnier libanais, qui a contacté Al Jazeera mais a souhaité rester anonyme, a déclaré : « Je ne veux pas parler… que devrais-je dire, et à qui ? La situation était trop difficile pour être décrite. »
Protection légale
Dr. Jad Taha, professeur de droit à l’Université libanaise, souligne que « les civils n’ayant pas participé directement aux combats doivent bénéficier d’une protection légale complète selon le droit international humanitaire, notamment les dispositions de l’article 3 commun aux quatre Conventions de Genève. »
Il ajoute que la détention des civils en temps de conflit doit respecter des principes juridiques stricts, interdisant à quiconque de traiter les civils comme des prisonniers de guerre. « La notion de prisonnier de guerre ne concerne que les combattants capturés, ce qui nécessite une protection légale stricte pour les civils et garantit qu’ils ne subissent aucune forme de traitement cruel ou inhumain. »
Dr. Taha conclut en déclarant que « conformément aux règles du droit international humanitaire, aucun État ne doit utiliser les civils comme moyen de pression politique ou militaire. Les États détenant des civils ou même des combattants dans le cadre d’un conflit armé doivent respecter les normes de droits humains et préserver la dignité humaine. »