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Analyse de la menace russe pour l’Europe : une guerre invisible

by Sara
France

La menace russe pour l’Europe suscite de vives discussions parmi les experts en sécurité. Alors que les pays de l’Union européenne investissent des centaines de milliards d’euros dans la défense, la Russie est identifiée comme la principale menace. Les cyberattaques et les actions de sabotage russes en Europe révèlent qu’une guerre invisible est déjà en cours. Toutefois, les opinions divergent quant à la véritable ampleur de cette menace pour les pays de l’OTAN.

Une évaluation différenciée de la menace

Mark Galeotti, spécialiste de la Russie et collaborateur de plusieurs think tanks internationaux, souligne l’impossibilité de prédire les intentions du président Poutine. « Certains affirment avec conviction qu’il souhaite attaquer l’OTAN et restaurer l’Union soviétique, mais nous ne le savons pas réellement », explique-t-il.

Selon Galeotti, les discours alarmistes sur la menace militaire russe émanant de l’OTAN et de l’UE sont excessifs. « Le danger russe réside principalement dans la sabotage, l’ingérence et les attentats. Plus de tanks ne résoudront pas ce problème. » Il est d’accord avec ses collègues sur la nécessité pour l’Europe de mieux organiser sa sécurité sans compter sur les États-Unis.

Les conséquences de l’invasion

Au-delà des souffrances en Ukraine, l’invasion de Poutine a gravement affaibli l’armée russe. Des centaines de milliers de morts et de blessés, ainsi que des milliers de tanks détruits, ne peuvent être rapidement remplacés, même avec des budgets de défense considérablement augmentés.

Galeotti prévoit qu’il faudra au moins huit ans pour que l’armée russe retrouve sa puissance. « Même si l’on revient aux capacités russes d’avant l’invasion de 2022, Poutine oserait-il vraiment attaquer la plus forte alliance militaire au monde ? » Il juge cette possibilité peu probable, car la Russie a plus à perdre qu’à gagner.

Les inquiétudes des experts

Patrick Bolder, ancien officier de l’air et expert en défense, estime qu’un risque militaire réel existe pour l’OTAN dans les années à venir. Il cite les avertissements des services de renseignement danois et allemands, selon lesquels la Russie pourrait être prête à attaquer un État membre de l’OTAN dans les cinq ans.

« La question est de savoir à quel point l’article 5 de l’OTAN reste solide », dit-il, faisant référence à l’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche. Les alliés européens craignent que les États-Unis ne réduisent leur présence militaire en Europe et que le parapluie nucléaire américain ne soit plus garanti.

Une perte de dissuasion

Bolder met en garde sur la perte de dissuasion, affirmant que cela pourrait inciter Poutine à élargir son influence en Europe, comme il l’a fait en Géorgie et en Ukraine. Une attaque russe sur les États baltes pour tester l’unité européenne est, selon lui, un scénario réaliste à long terme.

« Nous ne pouvons pas nous permettre de prendre un tel risque », ajoute-t-il. « La dissuasion a maintenu les pays de l’OTAN en sécurité pendant près de quatre-vingts ans. »

Une réaction émotionnelle

Tom Sauer, professeur de politique internationale à l’Université d’Anvers, adopte une perspective différente. Selon lui, la rhétorique de l’UE à propos de la Russie est « trop émotionnelle et pas assez rationnelle ». Il note que beaucoup de gens en Belgique et aux Pays-Bas craignent une Troisième Guerre mondiale.

Sauer affirme que la Russie n’a ni l’intention ni la capacité d’attaquer les pays de l’UE. « Regardez les budgets de défense. Même sans les États-Unis, les pays de l’OTAN dépensent quatre fois plus que la Russie. » Il appelle à une utilisation plus efficace de ces milliards et à une plus grande coopération entre les pays de l’UE.

Les actes de sabotage

Quel que soit l’avenir, la Russie mène déjà une campagne de désinformation et de sabotage en Europe. Une étude a enregistré 34 attaques sur des infrastructures critiques, des câbles sous-marins et des cibles de transport en 2024, attribuées à la Russie.

« Poutine veut que l’Europe ressente la douleur de son soutien à l’Ukraine », affirme Galeotti. « Pour lui, les Européens et la Russie sont déjà en guerre. » Toutefois, Galeotti précise que Moscou semble limiter ces attaques. « Nous ne voyons rien qui justifierait une réaction au titre de l’article 5, mais il y a toujours un risque d’escalade, intentionnelle ou non. »

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source:https://nos.nl/l/2561513

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