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Après deux ans de conflit armé, l’économie soudanaise commence à montrer des signes de rétablissement. Cependant, des experts et des investisseurs dont les entreprises ont été dévastées soulignent que la reconstruction et la revitalisation de l’économie nécessitent une vision claire, un plan efficace et des financements substantiels qui font défaut à l’intérieur du pays.
Impact de la guerre sur l’économie
Selon le Fonds monétaire international, le produit intérieur brut (PIB) du Soudan a diminué de 18 % en 2023. Le ministre des Finances, Jubril Ibrahim, s’attend à ce que cette contraction atteigne environ 28 % d’ici la fin de l’année 2024, avant de rebondir avec une croissance de 0,3 % puis 0,7 % au cours des deux années suivantes.
La monnaie nationale a subi une dévaluation majeure depuis le 15 avril 2023, avec le dollar échangé à environ 576 euros sur le marché parallèle, comparé à environ 138 euros avant le début du conflit.
Chiffres clés
Les données de l’Office central des statistiques du Soudan indiquent que le taux d’inflation a chuté à 142,34 % en février, par rapport à 145,14 % en janvier. Les exportations et importations ont également connu une forte baisse, avec :
- Une diminution des exportations à 2,75 milliards d’euros en 2024, contre 3,9 milliards d’euros en 2022, soit une baisse de 28 %.
- Une réduction des importations à 4,5 milliards d’euros, en baisse de 66 % par rapport aux 10 milliards d’euros de l’année précédente.
Aperçu de la situation industrielle
Le chercheur économique Ibrahim Salehin souligne que l’économie soudanaise a subi des dommages considérables en raison du conflit, ce qui rend nécessaire une approche multi-facettes pour sa restauration. Selon lui, la fin complète des hostilités et le rétablissement de la stabilité politique sont cruciaux, tout comme la revitalisation du secteur agricole, qui pourrait jouer un rôle essentiel dans la reprise économique.
Malgré la destruction massive de l’industrie dans l’État de Khartoum, qui représente plus de 80 % des capacités industrielles, certaines usines reprennent leur activité. Par exemple, la minoterie Rotana a redémarré ses opérations le mois dernier, suivie par d’autres moulins à la fin du mois.
Plan de reconstruction
La commission supérieure de reconstruction, établie par le Conseil de souveraineté soudanais, a élaboré un plan cadre visant à réorienter les efforts vers la reconstruction sociale et urbaine, avec l’intention de faire mieux qu’avant la guerre. Ce plan sera mis en œuvre avec la participation de l’État, de la société civile, du secteur privé ainsi que des organisations régionales et internationales.
La stratégie de reconstruction se décompose en trois phases :
- Réponse initiale après la cessation des hostilités, axée sur les services humanitaires d’urgence et le soutien à la paix.
- Phase de transition centrée sur le développement des capacités communautaires et la création de mécanismes de reconstruction économique et politique.
- Renforcement de la durabilité par la mise en œuvre de plans de reconstruction et l’ancrage des mesures pour éviter un retour au conflit.
Les pertes économiques sont estimées à environ 100 milliards d’euros, avec des sources de financement envisagées telles que :
- Imposition d’une taxe de reconstruction sur les citoyens à l’intérieur et à l’extérieur du pays.
- Réduction des dépenses publiques et offres de financement via des obligations.
- Financement externe par le biais de prêts et de dons provenant d’Etats et de fonds arabes, africains et islamiques.
Défis du secteur de la santé
Le ministre de la Santé, Haitham Mohammed Ibrahim, a déclaré que les pertes dans le secteur de la santé sont énormes, les équipements médicaux perdus dans les hôpitaux publics et privés à Khartoum étant évalués à 2 milliards d’euros. Malgré les défis, les institutions ont réussi à intégrer 13 000 médecins durant le conflit et une autorisation a été donnée à 19 usines pharmaceutiques endommagées pour produire à l’étranger et fournir leurs médicaments sous leur marque.
Le ministre de la Santé a également mentionné que des engagements avaient été pris par l’Arabie Saoudite et le Qatar pour soutenir la santé dans les phases critiques, avec des délégations techniques récemment accueillies à Port Soudan pour apporter une aide.
Perspectives économiques
Selon l’expert économique Mohammed Al-Nayer, le secteur industriel est le plus durement touché, avec des pertes dépassant 80 %, suivi par le secteur commercial. Bien qu’un certain degré de stabilité ait été observé récemment dans le taux de change, des hausses des revenus d’exportation d’or à plus de 2 milliards d’euros en 2024 pourraient offrir une lueur d’espoir pour un avenir économique meilleur, à condition que les conflits diminuent.
Il est prévu que le taux de chômage, qui dépassait 40 % avant la guerre, diminuera avec la relance de l’économie et l’afflux d’investissements nationaux, contribuant ainsi à la réactivation du marché du travail.