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Le Cambodge espère un soutien financier accru de la Chine
À l’occasion de la visite du président chinois Xi Jinping à Phnom Penh, le Cambodge cherche à renforcer ses liens financiers avec la Chine pour compenser l’impact des droits de douane américains en forte hausse. Cette visite s’inscrit dans un contexte régional tendu, où le Cambodge entend consolider ses relations commerciales face à la montée des tensions commerciales entre les États-Unis et la Chine.
Dans le cadre d’une tournée en Asie du Sud-Est, incluant également le Vietnam et la Malaisie, Xi Jinping a rencontré jeudi le roi Norodom Sihamoni, le Premier ministre Hun Manet ainsi que le président du Sénat Hun Sen.
Des attentes élevées en matière de coopération
Meas Soksensan, porte-parole du ministère cambodgien de l’Économie et des Finances, a déclaré à l’agence Reuters la veille de l’arrivée de Xi Jinping :
- « Nous attendons une coopération accrue, notamment dans le développement des infrastructures. »
Lorsqu’il a été interrogé sur un éventuel soutien financier chinois pour le projet du canal Funan Techo, d’une longueur de 180 km, considéré comme le projet d’infrastructure le plus ambitieux du pays, le porte-parole est resté prudent.
La Chine, partenaire proche du Cambodge, a déjà investi plusieurs milliards de dollars dans divers projets, incluant routes et aéroports, et demeure le principal créancier du pays.
Un partenariat stratégique dans un contexte géopolitique tendu
Katrina Yu, correspondante d’Al Jazeera à Pékin, a souligné :
- « L’administration Trump cherche clairement à isoler Pékin, et la réponse de la Chine est d’étendre ses bras à ses voisins asiatiques. »
Elle a ajouté que Xi Jinping bénéficiait d’un accueil particulièrement chaleureux au Cambodge, un pays avec lequel la Chine entretient des relations « solides comme le fer », incluant des liens militaires profonds en plus des investissements dans les infrastructures.
Le Cambodge est également un important exportateur de vêtements et de chaussures vers les États-Unis, avec une moitié des entreprises appartenant à des investisseurs chinois. Phnom Penh a été soumis à un taux de droits de douane américain de 49 %, l’un des plus élevés au monde, avant la suspension de la plupart des tarifs jusqu’en juillet.
Katrina Yu a expliqué :
- « Le Cambodge tentera de négocier cette réduction des droits de douane, et Xi Jinping veut rappeler que la Chine est une amie de confiance et ne souhaite pas que le Cambodge conclue des accords au détriment de Pékin. »
Un appel à rejeter l’hégémonisme et le protectionnisme
Dans un article publié jeudi matin dans la presse cambodgienne, Xi Jinping a appelé Phnom Penh à s’opposer à « l’hégémonisme » et au « protectionnisme », reprenant des messages similaires adressés plus tôt cette semaine au Vietnam et à la Malaisie lors des premières étapes de sa tournée.
Une relation économique majeure entre la Chine et le Cambodge
La Chine est le principal partenaire commercial du Cambodge et sa principale source d’investissement. Selon le Fonds monétaire international, plus d’un tiers de la dette extérieure cambodgienne de 11 milliards de dollars est due à la Chine.
Jusqu’à présent, Pékin n’a pris aucun engagement financier public concernant le projet de canal, tandis que Phnom Penh a revu à la baisse ses attentes, estimant désormais la part chinoise à 49 % des coûts totaux, contre 100 % initialement. Le montant total du projet est estimé à 1,7 milliard de dollars.
En 2024, aucun nouveau prêt chinois n’a été accordé au Cambodge, selon les données officielles cambodgiennes, un contraste marqué avec les années précédentes où la Chine prêtait plusieurs centaines de millions de dollars au pays.
Cette réduction des financements intervient alors que la Chine a diminué ses investissements à l’étranger en raison de difficultés économiques internes et de projets infructueux.
Malgré cela, Hun Manet a souligné dans une vidéo publiée mercredi :
- « Les deux pays partagent des intérêts communs fondés sur le respect de la souveraineté, l’égalité et la non-ingérence dans les affaires intérieures. »
- Il a également affirmé que la Chine jouait un « rôle essentiel » dans le développement socioéconomique du Cambodge.