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Comment les Egyptians Anciennes Ont Vivré dans la Pauvreté en Égypte

by Sara
Égypte

La pauvreté dans l’Égypte ancienne : un phénomène largement répandu

La pauvreté en Égypte ancienne a longtemps été un sujet d’intérêt croissant parmi les chercheurs. La majorité des Égyptiens anciens vivaient au seuil de la pauvreté, ce qui contraignait les enfants à entrer très tôt sur le marché du travail pour subvenir à leurs besoins. Environ deux tiers des membres des familles moyennes étaient engagés dans un travail ardu, tandis qu’une poignée de rois et de prêtres accumulaient d’immenses richesses.

La plupart des représentations visuelles — gravures, sculptures, et textes anciens — ont été produites par et pour l’élite, ce qui tend à présenter la pauvreté et l’inégalité comme des éléments naturels du monde. Cette perspective élitiste complique la compréhension exacte de la pauvreté à cette époque. Pourtant, des indices clairs attestent la présence de la faim, de la pauvreté et de la mauvaise situation économique dans le pays.

Les inscriptions royales et l’exemple exceptionnel de la famine sous le règne de Djoser

Le spécialiste en égyptologie Hossam Hilal Hijazi souligne la rareté des inscriptions royales évoquant la pauvreté, car les rois souhaitaient toujours montrer la puissance et la prospérité de leur règne sans évoquer les crises économiques. Une exception majeure est la stèle de la famine gravée sur un bloc de granit, décrivant une grave crise économique qui a duré sept ans sous le règne du roi Djoser, de la troisième dynastie, selon le texte de l’île de Suhail à Assouan.

Cependant, certains égyptologues estiment que cette stèle date de l’époque ptolémaïque, probablement sous Ptolémée V, environ 2500 ans après Djoser. Les prêtres du dieu Khnum auraient ainsi composé ce texte pour légitimer leur autorité, puisque la stèle présente une vision dans laquelle Khnum promet au roi la fin de la famine en échange du paiement des impôts au temple.

Représentations de la pauvreté et conditions de vie des classes défavorisées

On trouve aussi d’autres représentations visuelles illustrant les classes démunies, souvent occupées aux travaux domestiques, à la culture des terres des riches, ou à d’autres tâches pénibles, mettant en lumière leur humiliation et leur souffrance.

Les sculptures représentant les serviteurs reflètent leur situation économique difficile, visible dans l’utilisation de matériaux bon marché, des dimensions réduites, et un faible souci du détail, traduisant une forme de mépris social.

Dans les textes et papyrus, des termes spécifiques désignent la pauvreté, notamment « l’oiseau du mal », qui se nourrit des récoltes des paysans et symbolise la pauvreté, la faim et le dénuement dans la langue égyptienne ancienne.

Exploration archéologique et conférences sur la pauvreté en Égypte ancienne

L’archéologie tente de combler les lacunes concernant la situation économique des populations non élitaires, en fouillant leurs habitats et en analysant les scènes figurées dans leurs tombes. Les textes économiques de l’époque aident aussi à comprendre les salaires, le coût de la vie et à définir un seuil de pauvreté, tout en identifiant ses causes.

Un exemple de ces recherches est le colloque international tenu en septembre dernier à Vienne, intitulé “Qui était pauvre dans l’Égypte pharaonique ? Classe sociale et représentations dans les textes, images et vestiges”.

La pauvreté relative dans l’Égypte pharaonique

Delphine Driaux, professeure d’archéologie et d’égyptologie, chef du projet “Représentations et réalités de la pauvreté dans l’Égypte ancienne”, explique que la pauvreté concernait une large part de la société égyptienne, mais que ses traces restent éclipsées par celles de l’élite. Ce colloque vise à mettre en lumière ces populations longtemps négligées par la recherche.

Selon elle, la pauvreté dans l’Égypte ancienne demeure peu étudiée, notamment à cause du choix des chercheurs qui s’intéressent davantage à des groupes sociaux plus accessibles ou attrayants.

Les pauvres n’ont généralement pas laissé de documents écrits, étant en grande partie analphabètes. Leur présence est donc déduite principalement de leurs tombes, de leurs habitations et de leurs biens matériels, qui sont souvent plus modestes et moins décorés que ceux des riches.

Critères modernes inadaptés pour définir la pauvreté ancienne

Delphine Driaux souligne aussi que les critères économiques actuels ne peuvent être appliqués à l’Antiquité. Par exemple, aujourd’hui, une personne vivant avec moins de 1,90 dollar par jour est considérée comme pauvre. Ce type de mesure n’a pas de sens pour l’Égypte ancienne, où la monnaie n’était pas courante avant la conquête d’Alexandre le Grand au IVe siècle av. J.-C.

Elle propose d’utiliser la notion de pauvreté relative pour évaluer la position sociale des individus en comparant leur niveau de vie avec celui des autres groupes sociaux.

Margaret Maitland, professeure d’égyptologie et conservatrice en chef du Musée de la Méditerranée ancienne en Écosse, partage cette vision. Elle précise que même si la pauvreté extrême existait, elle était relative, et l’inégalité sociale se manifeste clairement dans la taille et la richesse des tombes, la qualité des logements, ainsi que dans la santé physique des travailleurs, souvent marquée par des blessures visibles.

Elle note que la nutrition de l’élite était très variée et abondante, tandis que l’alimentation de base des travailleurs se composait principalement de pain, témoignant d’une pauvreté relative.

Propriété des logements et distribution des richesses

En réponse à la question de savoir si les pauvres possédaient leurs maisons, Delphine Driaux explique que les données restent insuffisantes. Certaines sources montrent que certains pauvres pouvaient posséder un logement, ce qui diffère de la conception contemporaine de la pauvreté.

Le mathématicien égyptien Adel Abu El-Majd souligne que la superficie des maisons dans la ville d’Akhetaton (Tell el-Amarna), construite au XIVe siècle av. J.-C., peut refléter la richesse de ses habitants. La majorité des maisons mesuraient environ 60 m², mais certaines étaient sept fois plus grandes, illustrant une forte concentration des richesses.

Akhetaton, fondée par le pharaon Akhenaton, offre ainsi un aperçu unique de la distribution économique dans l’Égypte ancienne, la ville étant de taille modérée et d’existence brève, ce qui limite l’évolution sociale au fil des générations.

La pauvreté comme phénomène multidimensionnel

Delphine Driaux met en avant d’autres indices visuels de la pauvreté, comme l’apparence négligée des pauvres, en opposition aux riches toujours représentés sous leur meilleur jour. Les textes évoquent des individus vêtus de haillons ou sans perruque, parfois montrés dans des peintures murales.

Elle rappelle que la pauvreté ne se limite pas à l’aspect économique. Inspirée par la lauréate du prix Nobel d’économie Esther Duflo, elle souligne que le phénomène est multidimensionnel, associant manque de nourriture, d’éducation, d’accès aux services essentiels, mais aussi souvent des incapacités physiques.

Certains textes, comme la satire des métiers, dénigrent les travailleurs manuels (forgerons, charpentiers, jardiniers, potiers), non pas pour leur travail mais pour valoriser la profession de scribe, illustrant un biais social de caste.

La pauvreté est donc aussi une question de jugement social, et chacun peut être considéré comme pauvre selon le point de vue d’autrui.

Représentations négatives et stigmatisation des travailleurs pauvres

Margaret Maitland explique que la pauvreté et le travail manuel étaient souvent représentés négativement dans les textes et images, pour normaliser l’inégalité et justifier la domination de l’élite.

Les travailleurs étaient représentés de façon stéréotypée, montrant leur soumission, ou parfois comme socialement déviants, que ce soit par leur apparence physique ou leurs comportements, renforçant ainsi leur marginalisation.

Les bergers, par exemple, étaient dépeints comme maigres, handicapés, vêtus de haillons, avec une chevelure souvent mal entretenue, symbolisant la sauvagerie et la distance avec la civilisation, ce qui limitait leur rôle à la garde du bétail précieux.

La pauvreté était associée à la nudité, à la faiblesse, à la saleté et au manque de maîtrise de soi, pour déshumaniser et exclure socialement ces individus.

Sanctions publiques et maintien de l’ordre social

Un exemple frappant est trouvé sur les fresques des tombes de Beni Hassan, dans le sud de la Moyenne-Égypte, où les scènes de collecte des impôts et de punition des fraudeurs montrent la noblesse assurant la justice tandis que les travailleurs sont présentés sous une forme dégradée.

Dans la littérature, les châtiments corporels étaient justifiés comme moyens éducatifs. Le texte de Ptahhotep conseille une punition immédiate pour instaurer une bonne discipline, principalement destinée aux travailleurs pour maintenir leur soumission et leur place inférieure dans la société.

Les textes anciens associent aussi souvent pauvreté et déviance sociale. Par exemple, dans le conte du paysan éloquent, le vol est attribué à ceux qui ne possèdent rien.

Bien que cette histoire rétablit la justice en faveur du paysan opprimé, elle ne remet pas en cause la hiérarchie sociale, présentant le fonctionnaire malhonnête comme une exception à la règle.

Le rôle de la stigmatisation dans la perpétuation de la pauvreté

Margaret Maitland, conférencière principale du colloque, a étudié le rôle de la stigmatisation dans le maintien de la pauvreté, en analysant des scènes sur le mur sud de la tombe du gouverneur Paqet III à Beni Hassan, datant d’environ 1985 av. J.-C., période marquée par de profonds changements sociaux.

Elle montre comment la mise en scène publique des punitions, comme l’attache des paysans avec des cordes et leur conduite au fouet comme des bêtes, renforçait le sentiment d’impuissance et d’incompétence, limitant la capacité des pauvres à échapper à leur condition.

source:https://www.aljazeera.net/history/2025/4/18/%d9%81%d8%b1%d8%a7%d8%b9%d9%86%d8%a9-%d9%84%d9%83%d9%86-%d9%81%d9%82%d8%b1%d8%a7%d8%a1-%d9%83%d9%8a%d9%81-%d8%b9%d8%a7%d8%b4-%d8%a7%d9%84%d9%85%d8%b5%d8%b1%d9%8a%d9%88%d9%86

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