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Le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), principal parti d’opposition ivoirien, a élu Tidjane Thiam à sa présidence. Cette victoire se déroule dans un contexte politique marqué par des interrogations autour de la nationalité de ce dernier ainsi que par la préparation de la présidentielle prévue en octobre 2025.
Un plébiscite quasi unanime pour Tidjane Thiam
Tidjane Thiam a remporté 99,50 % des voix exprimées, soit 5 321 suffrages, avec un taux de participation élevé de 93,17 % selon les résultats provisoires. À l’annonce des résultats, une centaine de militants présents a scandé « Titi président », surnom affectueux de leur candidat, avant de chanter l’hymne du PDCI. Eugénie Kouadio, conseillère régionale, a exprimé sa joie : « Nous sommes aux anges, très heureux, très fiers du résultat. C’est la confirmation que notre chef a toujours été le choix de la base. »
André N’Guessan, travaillant dans une institution internationale, souligne l’avantage du parcours international de Tidjane Thiam : « Il n’a pas de passé conflictuel, contrairement aux autres candidats. »
Ce scrutin s’est déroulé dans près de 400 bureaux de vote répartis sur le territoire ivoirien et à l’étranger, réunissant plusieurs milliers de militants appartenant aux organes décisionnaires et responsables de sections du PDCI.
Une figure politique peu familière des Ivoiriens
Selon le politologue Geoffroy Kouao, Tidjane Thiam reste « pas bien connu des Ivoiriens », ce qui pousse le PDCI à intensifier ses efforts en communication politique et en rencontres publiques. En effet, il a passé plus de vingt années à l’étranger, dirigeant des groupes financiers majeurs tels qu’Aviva, Prudential ou Credit Suisse, ce qui explique son éloignement prolongé du terrain politique ivoirien.
Son entourage assure néanmoins que son expérience internationale constitue un atout considérable, et que sa notoriété demeure intacte à travers tout le pays.
La controverse autour de la nationalité
La campagne de Tidjane Thiam est entachée depuis plusieurs semaines par une polémique sur sa nationalité. Né en Côte d’Ivoire, il a acquis la nationalité française en 1987, mais a renoncé à cette dernière en mars 2025 pour être éligible à la prochaine élection présidentielle, qui interdit la double nationalité.
Ses détracteurs invoquent l’article 48 du code de la nationalité ivoirienne datant des années 1960, arguant que l’acquisition d’une autre nationalité entraîne automatiquement la perte de la nationalité ivoirienne. Le PDCI dénonce ces accusations comme des « manœuvres » orchestrées par le pouvoir afin d’empêcher la candidature de Tidjane Thiam. Claude M’Bahia, un ingénieur de 59 ans présent lors de la proclamation des résultats, affirme : « Ce sont des manipulations du parti au pouvoir pour empêcher un candidat qui fait peur d’aller aux élections. »
Un engagement ferme malgré les critiques
Jeudi soir, Tidjane Thiam s’est félicité de sa victoire et a remercié ses militants pour leur soutien malgré « tout le venin qui a été distillé » contre sa nationalité et sa personnalité. Il a déclaré : « Octobre 2025 est encore loin, je sais que je ne serai pas épargné », lors d’une interview diffusée sur les réseaux sociaux.
Par ailleurs, la commission électorale a rejeté les recours contestant l’inscription de Tidjane Thiam sur les listes électorales, même si une procédure judiciaire reste en cours.
Une opposition divisée et des tensions croissantes
À l’approche de l’élection présidentielle, les tensions au sein de l’opposition s’intensifient. Trois figures majeures affirment vouloir être candidates malgré leur inéligibilité liée à des condamnations judiciaires : l’ancien président Laurent Gbagbo (2000-2011), investi par le Parti des peuples africains – Côte d’Ivoire (PPA-CI), son ancien bras droit Charles Blé Goudé, ainsi que l’ex-premier ministre et ancien chef rebelle Guillaume Soro, actuellement en exil.
Les noms de ces trois personnalités ne figurent pas sur la liste électorale provisoire, dont la version définitive sera publiée en juin.
Le PDCI de Tidjane Thiam et le PPA-CI de Laurent Gbagbo ont suspendu leur participation à la Commission électorale, dénonçant son manque d’indépendance. En réaction, le parti au pouvoir, le Rassemblement des Houphouëtistes pour la démocratie et la paix, a affirmé ne pas vouloir se laisser distraire par « ce vacarme orchestré par une opposition qui a peur des élections ».
Contexte présidentiel
Le président sortant Alassane Ouattara, âgé de 83 ans, n’a pas encore annoncé s’il briguerait un quatrième mandat. En janvier, il s’était dit « désireux de continuer à servir son pays », sans plus de précisions.