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La guerre commerciale entre les États-Unis et l’Espagne inquiète une large majorité d’Espagnols, qui appellent à un consensus politique national pour faire face aux conséquences économiques. Cette situation rappelle les tensions de 2018, lorsque Washington avait imposé des droits de douane de 25 % sur les produits chinois, une mesure qui avait redessiné les équilibres économiques mondiaux. Aujourd’hui, la nouvelle politique protectionniste de Donald Trump suscite de nombreuses craintes quant à son impact sur l’économie espagnole et européenne.
Une forte inquiétude face à l’escalade des droits de douane
Selon un sondage réalisé par Sigma Dos pour EL MUNDO, 51,8 % des Espagnols estiment qu’un consensus entre les partis politiques est indispensable pour réussir à contrer cette nouvelle offensive fiscale américaine. Près de huit Espagnols sur dix redoutent qu’une telle décision ne déclenche une nouvelle crise économique planétaire, à l’image des précédents conflits commerciaux.
Les électeurs du Parti populaire (PP) et du Parti socialiste espagnol (PSOE) partagent en majorité l’analyse selon laquelle cette stratégie de Trump vise à réaffirmer la puissance mondiale des États-Unis (51,6 %) et à affaiblir la Chine, perçue comme un concurrent stratégique (42,8 %).
En revanche, 40 % des sympathisants de Vox interprètent cette offensive tarifaire comme une mesure d’autoprotection économique, témoignant d’une lecture alternative du conflit.
Libre marché versus protectionnisme : un clivage mitigé
Sur le plan des principes économiques, 42,8 % des Espagnols privilégient une politique économique fondée sur le libre marché plutôt que sur le protectionnisme. Les électeurs du PP et du PSOE se rapprochent autour de cette idée, avec respectivement 50,5 % et 41,1 % de soutien.
Un paradoxe apparaît chez les partisans de Vox : malgré leur soutien apparent aux mesures de libre marché, ils soutiennent aussi la politique protectionniste radicale de Trump, ce qui illustre une contradiction dans leur discours économique.
Les stratégies européennes face à la guerre commerciale
Face à la nouvelle offensive américaine, les Espagnols réclament non seulement un consensus politique national, mais expriment aussi leurs préférences quant aux réponses à adopter au niveau de l’Union européenne. Trois stratégies principales émergent :
- Diversification des exportations vers d’autres marchés (38 %) : option privilégiée notamment par les électeurs de gauche.
- Imposition de droits de douane européens en représailles : une approche plus combative également soutenue par la gauche.
- Négociation directe avec les États-Unis : soutenue par 24 % des Espagnols, cette option recueille le plus d’adhésion chez les électeurs du parti d’Abascal (42,8 %) et dans une moindre mesure ceux du PP (34,3 %).
Ce dernier choix révèle une volonté de dialogue bilatéral avec l’Amérique, marquant un positionnement plus conciliant de la droite espagnole.
Relations bilatérales et comportement des consommateurs
En dehors du cadre européen, près de la moitié des Espagnols estiment que leur pays devrait maintenir des liens solides avec l’administration Trump tout en cherchant activement de nouveaux marchés pour ses produits nationaux. Une nouvelle fois, les électeurs de l’extrême droite manifestent une double approche : ils réclament un accord conjoint UE-États-Unis (42,8 %), mais soutiennent aussi l’idée que l’Espagne agisse de manière indépendante (21,6 %).
Au-delà des sphères politiques, l’impact se ressent sur les habitudes individuelles. Plus de la moitié des Espagnols (57,8 %) se déclarent prêts à modifier leurs modes de consommation, une tendance plus marquée chez les électeurs du PSOE et de Sumar, où le choix politique influe sensiblement sur les décisions d’achat.
À l’inverse, les partisans de Vox refusent majoritairement de lier leurs achats à l’origine des produits, transformant ainsi le panier de la ménagère en un véritable champ de bataille idéologique.
Vers un État fédéral européen ?
Interrogés sur l’avenir de l’Union européenne, 44,9 % des sondés — et jusqu’à 54,7 % chez les plus de 65 ans — souhaitent une évolution vers un État fédéral. Parmi eux, les sympathisants du PSOE (55,3 %) et de Sumar (60,3 %) sont les plus nombreux à défendre cette idée.
En revanche, 29 % des répondants s’y opposent, dont près de la moitié des électeurs de Vox (48,4 %). Par ailleurs, 26,1 % ne se prononcent pas ou préfèrent ne pas répondre.
Détails du sondage
Population cible : Adultes de 18 ans et plus résidant en Espagne et disposant du droit de vote.
Méthodologie : Panel Sigma Dos by Trust Survey via méthode mixte (téléphonique CATI, en ligne CAWI, réseaux sociaux).
Échantillon : 1 819 interviews, avec sélection aléatoire et quotas par sexe, âge et communauté autonome.
Marges d’erreur : ±2,3 % pour un niveau de confiance de 95,5 %.
Période de terrain : du 4 au 15 avril 2025.