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Dans la nuit du mercredi 23 au jeudi 24 avril, la ville de Sarajevo a été le théâtre de tensions croissantes en Bosnie-Herzégovine, alors que la police fédérale (SIPA) tentait d’interpeller Milorad Dodik, le président de la Republika Srpska (RS), entité serbe du pays. Cette opération a été rapidement empêchée par les forces de police locales de la Republika Srpska, exacerbant une crise politique déjà profonde.
Un mandat d’arrêt contesté et une tension persistante
Milorad Dodik, figure majeure de la politique serbe en Bosnie, est activement recherché par la justice centrale bosnienne depuis plusieurs mois, en raison de ses actions jugées sécessionnistes. Malgré un mandat d’arrêt émis à son encontre mi-mars, il continue de circuler librement au sein du pays, défiant ouvertement les autorités judiciaires.
Depuis la fin du conflit en 1995, la Bosnie-Herzégovine est divisée en deux entités autonomes : la Republika Srpska, qui occupe près de 49 % du territoire, et la Fédération croato-musulmane, chacune disposant d’une large autonomie, liées seulement par un gouvernement central affaibli.
Mercredi soir, M. Dodik se trouvait dans un immeuble appartenant à la Republika Srpska à Sarajevo, à proximité de la frontière interne entre les entités. C’est là que la police fédérale a essayé de s’approcher pour exécuter un ordre de la justice bosnienne. Cependant, la nature exacte de cette intervention – s’agissant ou non d’une tentative d’arrestation – n’était pas clairement établie en début de soirée.
Une crise politique majeure à l’origine des affrontements
La porte-parole de la police fédérale a expliqué à la chaîne BHRT que l’intervention visait à « mettre en œuvre l’ordre du tribunal relatif à la détention de Milorad Dodik pour violation de l’ordre constitutionnel ». Elle a précisé que des discussions avaient eu lieu avec la police de la Republika Srpska, mais que l’ordre n’avait pas été exécuté.
Confirmant cette version auprès de l’AFP, elle a ajouté : « Nous avons essayé de répondre aux ordres, mais les membres de la police ont été empêchés par le ministère de l’intérieur de la Republika Srpska ». Ce dernier a lui-même dénoncé « une violation des lois » de son territoire par les agents fédéraux.
En février, Milorad Dodik, âgé de 66 ans, a fait adopter des lois interdisant toute action policière ou judiciaire bosnienne sur le territoire de la Republika Srpska. Ces mesures ont été prises en réponse à sa récente condamnation à un an de prison et six ans d’interdiction d’exercer ses fonctions, une décision judiciaire qui alimente une crise politique sans précédent et ravive la menace d’un éclatement du pays.
Milorad Dodik défie la justice
Lors d’une conférence de presse improvisée, M. Dodik a affirmé avec fermeté : « Je n’ai aucunement l’intention de quitter ce bâtiment sous la pression ». Il a ajouté que cette soirée « montrera qui a le pouvoir d’appliquer les lois », et qu’il doutait de la capacité du SIPA à mener à bien son opération, estimant que leurs agents « n’en sont pas capables ».
Réactions politiques et fragilité institutionnelle
Le ministre de l’intérieur de la Fédération croato-musulmane, Ramo Isak, a vivement critiqué la manière dont la police fédérale a géré la situation. Il a déploré que seulement quelques inspecteurs aient été envoyés devant le centre administratif du gouvernement de la RS à Sarajevo-Est, sans le soutien des unités spéciales du SIPA, ce qui, selon lui, remet en cause la capacité de l’agence étatique à faire respecter la loi sur l’ensemble du territoire.