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Le samedi 26 avril, Rome a rendu un hommage solennel au pape François, décédé mardi 21 avril. Plus de 200 000 personnes, parmi lesquelles environ cinquante chefs d’État et une dizaine de têtes couronnées, se sont rassemblées sur la place Saint-Pierre pour assister à ses funérailles, marquées par une ferveur populaire et une dimension politique majeure.
Une cérémonie solennelle au cœur du Vatican
La messe funéraire a débuté à 10 heures sur la majestueuse place Saint-Pierre, entourée de la colonnade du Bernin et faisant face à la basilique. Le cardinal Giovanni Battista Re, doyen du Collège des cardinaux, a présidé la cérémonie et prononcé une homélie rendant hommage à l’engagement du pape argentin en faveur des réfugiés, des déplacés et des pauvres.
Le cardinal a notamment souligné que le premier voyage du pape François avait été à Lampedusa, île symbole du drame migratoire en Méditerranée, rappelant son insistance constante à défendre les plus vulnérables et son appel à la paix et aux négociations honnêtes.
Un cortège chargé de symboles vers Sainte-Marie-Majeure
Après la messe, le cortège funèbre a traversé le Tibre, passant de la Rome sacrée à la Rome civile, pour parcourir quatre kilomètres jusqu’à la basilique Sainte-Marie-Majeure. Ce haut lieu du jésuitisme, dont François fut le premier pape membre, accueillera sa dernière demeure dans l’intimité, conformément à la sobriété qu’il avait toujours prêchée.
Le pape a été transporté dans une Jeep ouverte, porté avec respect par des gentilshommes, sept de chaque côté, signe d’un dernier hommage simple mais chargé de signification.
Présence internationale et rencontres diplomatiques
La cérémonie a rassemblé un large éventail de personnalités internationales : Donald Trump, Emmanuel Macron, Javier Milei, Volodymyr Zelensky, ainsi qu’une cinquantaine de chefs d’État et une dizaine de souverains régnants. La délégation argentine, conduite par le président d’extrême droite Javier Milei, était placée aux premières loges, suivie par la délégation italienne menée par la Première ministre Giorgia Meloni. Les autres dirigeants étaient classés par ordre alphabétique en français, langue diplomatique d’usage, ce qui a permis à Emmanuel Macron de serrer la main de Donald Trump.
En marge des funérailles, une rencontre dite «positive» a eu lieu entre Emmanuel Macron, Keir Starmer, Volodymyr Zelensky et Donald Trump. Par ailleurs, Donald Trump et Volodymyr Zelensky se sont brièvement entretenus, un échange qualifié de «très productif» selon la Maison Blanche, leur première rencontre depuis février dernier.
La Russie était représentée par Olga Lyubimova, ministre de la Culture, Vladimir Poutine n’ayant pas fait le déplacement.
Des hommages empreints de politique et de spiritualité
Le cardinal Giovanni Battista Re a rappelé dans son homélie les nombreuses exhortations du pape en faveur des réfugiés et des plus démunis, saluant également son insistance à œuvrer pour la paix mondiale. Ces propos résonnaient particulièrement en présence des dirigeants Trump et Zelensky, symboles des tensions internationales actuelles.
Le pape François, élu en 2013 après la démission de Benoît XVI, est considéré comme un pontife populaire et réformiste, marqué par son passé austère en Amérique du Sud et son engagement pour la justice sociale.
Une cérémonie suivie par des fidèles et des représentants français
La France était représentée à Rome non seulement par le président Emmanuel Macron et son épouse Brigitte, mais aussi par le ministre des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot, ainsi que le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau. Le Premier ministre François Bayrou a assisté à une messe à Notre-Dame de Paris en hommage au pape. Il a souligné le devoir des institutions françaises d’être présentes face à la douleur ressentie par une partie importante du peuple français, beaucoup ayant perçu le pape comme une figure de bonté et de générosité envers les plus fragiles.
À Marseille, une centaine de personnes se sont rassemblées pour une veillée de prière à la basilique Notre-Dame de la Garde.
Un public divers et une ambiance empreinte de ferveur
Dès l’aube, la place Saint-Pierre était envahie par des fidèles venus du monde entier, brandissant drapeaux et photos du pape François. Le Vatican a estimé la foule présente à environ 200 000 personnes. Parmi elles, des religieuses venues d’Asie qui ont passé la nuit sur place pour être aux premières loges, ainsi que des fidèles comme Francesco, un Milanais de 67 ans, venu spécialement pour cet événement marquant, ayant déjà assisté aux funérailles de Jean-Paul II et Benoît XVI.
Des scènes plus inattendues ont également eu lieu, avec des jeunes femmes posant pour des photos de style magazine, affichant des marques de luxe, illustrant la diversité des personnes présentes et les contrastes autour de la figure du pape des pauvres.
Report de la canonisation de Carlo Acutis
En raison des funérailles, la canonisation prévue ce week-end du jeune Carlo Acutis, surnommé «le premier saint du sixième continent» (Internet), a été reportée. Ce jeune geek décédé à 15 ans en 2006 est devenu une idole parmi les jeunes catholiques, mais sa canonisation suscitait déjà un débat en raison de son âge.
Un dernier hommage empreint de respect et de simplicité
Après environ une heure trente à deux heures de cérémonie, la dépouille du pape François, décédé d’un AVC un mois après une hospitalisation pour double pneumonie, a été transférée à la basilique Sainte-Marie-Majeure. Un lieu symbolique et modeste, en accord avec la vie d’humilité qu’il a menée, où son nom en latin, «Franciscus», est simplement inscrit sur son cercueil.
Arrivée de personnalités et déroulement de la cérémonie
La veille, Donald Trump était arrivé à Rome avec son épouse Melania, rejoignant ainsi les anciens présidents Joe et Jill Biden. Sur la place Saint-Pierre, les présidents se sont recueillis devant la dépouille du souverain pontife, tandis que le chapelet était récité en latin, repris par les fidèles. Le bourdon de Saint-Pierre a sonné le glas marquant le début des funérailles dans un silence respectueux, ponctué uniquement par le cri des mouettes.
La police a veillé au bon déroulement de l’événement, assurant l’ordre parmi les fidèles venus de tous horizons.
Moments de diplomatie et souvenirs d’obsèques précédentes
Les funérailles papales sont souvent le théâtre de rencontres diplomatiques inédites et parfois d’impairs. En 2005, lors des obsèques de Jean-Paul II, trois présidents américains avaient convergé à Rome, assis à proximité de dirigeants controversés. Le Guardian a rappelé ce contexte, tout en soulignant certains gestes marquants de cette cérémonie, comme la poignée de main entre le Prince Charles et Robert Mugabe, alors sous sanctions européennes.
Un pape enraciné dans son époque
Le cardinal Giovanni Battista Re, âgé de 91 ans, a présidé ces funérailles comme doyen du Sacré Collège. Bien qu’il ne participera pas au conclave en raison de son âge, il reste une figure clé du Vatican, ayant dirigé la congrégation pour les évêques de 2000 à 2010. Son homélie a reflété l’image d’un pape engagé, mettant en lumière les valeurs humanistes et la défense des plus vulnérables incarnées par François.
Réactions et hommages internationaux
Outre l’hommage solennel rendu par les chefs d’État présents, l’attitude d’Emmanuel Macron a été remarquée, notamment en Argentine, où son geste de s’agenouiller devant la dépouille du pape a suscité discussions, compte tenu de la laïcité française. Ce geste, vu comme un hommage personnel et politique, illustre la complexité des relations entre État et religion en France.
Sur les réseaux sociaux, la présence de Donald Trump a suscité des moqueries et interrogations, notamment autour de la caricature d’un Trump habillé en pape, mettant en lumière les tensions entre le pontificat de François et les politiques du dirigeant américain.