Home Actualité Israël envisage d’annuler le billet de 200 shekels à Gaza, inquiète la population

Israël envisage d’annuler le billet de 200 shekels à Gaza, inquiète la population

by Sara
Israël envisage d’annuler le billet de 200 shekels à Gaza, inquiète la population
Palestine, Israël

Israël envisage d’annuler le billet de 200 shekels à Gaza, inquiète la population

La décision envisagée par le gouvernement israélien d’annuler la valeur du billet de 200 shekels en circulation dans la bande de Gaza suscite une grande inquiétude parmi les citoyens et les commerçants. Selon plusieurs observateurs, cette mesure pourrait avoir des conséquences économiques graves si elle venait à être mise en œuvre.

Cette initiative a été lancée par le ministre israélien des Affaires étrangères, Gideon Sa’ar, avant d’obtenir le soutien du Premier ministre Benjamin Netanyahu, qui a qualifié la mesure d’« excellente » et annoncé son intention d’en discuter avec le gouverneur de la Banque centrale, selon plusieurs médias hébreux ce vendredi.

Selon Sa’ar, cette décision vise à détruire les capacités économiques du mouvement de résistance islamique Hamas, qui détiendrait d’importantes quantités de cette coupure de monnaie.

Depuis l’occupation de la Cisjordanie et de la bande de Gaza en 1967, Israël impose l’utilisation du shekel israélien aux Palestiniens. Cette situation s’est maintenue après la création de l’Autorité palestinienne en 1994, en raison de l’absence d’une monnaie nationale propre.

Le shekel israélien comporte plusieurs coupures en circulation dans ces territoires, la plus élevée étant celle de 200 shekels, suivie par les billets de 100, 50, 20, 10, 5, 2 et 1 shekel. Pour référence, un dollar équivaut à environ 3,6 shekels.

Des conséquences économiques graves

Des observateurs et responsables avertissent que la mise en œuvre de cette mesure pourrait entraîner des répercussions sérieuses, surtout si la Banque centrale israélienne l’approuve. La bande de Gaza fait face à un grave problème de liquidité monétaire.

Depuis le début du conflit et la fermeture des banques, la monnaie physique en circulation est fortement détériorée, ce qui a provoqué une pénurie aiguë de liquidités disponibles pour les citoyens et commerçants.

Avec la fermeture des banques et le manque de liquidités, les habitants ne peuvent pas retirer leur argent, ce qui a donné naissance à un marché noir parallèle géré par des intermédiaires et des commerçants. Ceux qui souhaitent récupérer leur argent doivent souvent payer des commissions pouvant atteindre jusqu’à 30 % du montant retiré.

Au cours des derniers mois, les habitants de Gaza ont cessé d’utiliser les pièces de 10 shekels à cause de leur usure excessive, et ils s’apprêtent à faire de même avec les billets de 20 shekels pour les mêmes raisons.

Secteur de Gaza confronté à une économie effondrée en raison de l'agression israélienne continue depuis 18 mois
Le secteur de Gaza fait face à une économie effondrée à cause de l’agression israélienne qui dure depuis 18 mois (Al Jazeera)

Une guerre économique déclarée

Le président de la chambre de commerce et d’industrie de Gaza, Aïd Abu Ramadan, considère cette mesure comme une composante de la guerre économique menée par Israël contre les habitants de Gaza. Selon lui, l’objectif est de restreindre toutes les possibilités de subsistance dans tous les secteurs.

Il a déclaré à Al Jazeera que cette décision s’inscrit dans le cadre d’une punition collective contre la population de Gaza et qu’elle aura des conséquences très graves pour les Palestiniens, notamment en aggravant leurs conditions de vie déjà très fragiles.

Au niveau économique, qui est déjà totalement détruit, cette mesure accentuerait les pertes massives subies pendant le conflit.

Abu Ramadan a averti que l’annulation du billet de 200 shekels ferait perdre aux commerçants et aux citoyens leurs capitaux, qui sont essentiellement constitués de cette coupure, la plus élevée en valeur.

Selon lui, l’exécution de cette mesure entraînerait une érosion des fonds des commerçants et réduirait leur capacité à se redresser, tout en aggravant la pénurie de liquidités dans la région, un coup dur supplémentaire pour une situation déjà précaire.

Aïd Abu Ramadan : Une mesure israélienne visant à restreindre les citoyens
Aïd Abu Ramadan : Une mesure israélienne visant à restreindre les citoyens (Al Jazeera)

Promouvoir les transactions électroniques

Abu Ramadan a appelé l’Autorité monétaire palestinienne (chargée des fonctions de la banque centrale) à s’adresser aux institutions internationales compétentes afin d’exercer des pressions sur Israël pour qu’elle renonce à cette mesure.

Il a également exhorté l’Autorité monétaire à rassurer les habitants de Gaza quant à l’utilisation de la monnaie usée ou endommagée, en les encourageant à continuer de l’utiliser sans crainte jusqu’à ce qu’un remplacement soit possible.

Le président de la chambre de commerce a invité commerçants et citoyens à privilégier les transactions électroniques, lesquelles permettraient de réduire la dépendance à l’occupation et de protéger la monnaie contre la détérioration et la perte.

Un impact négatif pour toute la population

L’expert en affaires économiques Ahmed Abu Qamar estime que cette décision israélienne aurait un effet négatif sur tous les habitants de Gaza, qu’ils soient citoyens ou commerçants.

Il rejette l’argument israélien selon lequel cette coupure serait principalement détenue par le Hamas, affirmant qu’elle est largement répandue parmi toutes les catégories de la population et des commerçants.

Selon lui, l’objectif d’Israël est de frapper toute la population palestinienne à Gaza, et pas uniquement le Hamas, en affectant les individus ordinaires et les commerçants.

Il précise que la valeur monétaire des billets de 200 shekels représente environ 70 % de la monnaie israélienne en circulation à Gaza, ce qui est naturel car elle représente la coupure la plus élevée. De ce fait, les conséquences économiques seront particulièrement sévères.

Abu Qamar avertit que la suppression de cette coupure équivaut à la disparition massive des économies des habitants, entraînant d’importantes pertes pour la population.

Il partage l’avis d’Abu Ramadan sur le fait que cette mesure accentuerait la pénurie de liquidités, et recommande vivement de recourir davantage aux transactions électroniques.

L'économie de Gaza souffre de graves problèmes dont la pénurie de liquidités due à la fermeture des banques et au blocus
L’économie de Gaza souffre de graves problèmes, notamment la pénurie de liquidités causée par la fermeture des banques et le blocus (Al Jazeera)

« Nos capitaux en danger »

Ahmed Hassan, commerçant en produits alimentaires, déclare posséder une somme de 50 000 shekels entièrement constituée de billets de 200 shekels.

Il explique à Al Jazeera que tous les commerçants, changeurs et intermédiaires n’acceptent que cette coupure, car c’est la plus précieuse et la seule qui ne soit pas encore abîmée contrairement aux autres coupures.

Hassan exprime une grande inquiétude face à la possible annulation de ce billet, qu’il considère comme une « condamnation à mort pour tous ».

Il souligne que l’annulation provoquerait l’effondrement du commerce et du marché monétaire, puisque c’est la seule coupure utilisée actuellement, ce qui mènerait tout le monde à la faillite.

Selon lui, l’objectif est de détruire une économie déjà fragile, surtout en l’absence de liquidités suffisantes et face à la dégradation des billets.

Crainte et attente chez les habitants

Cette orientation israélienne provoque une forte inquiétude parmi la population de Gaza, en particulier dans un contexte d’intensification du blocus, de flambée des prix, de pénurie de marchandises et de manque de liquidités.

Mohammed Al-Ghazali, un habitant, déclare que les billets de 10 shekels ne sont plus utilisés, que la majorité refuse également ceux de 20 shekels à cause de leur détérioration, et s’interroge : « Si le billet de 200 shekels est annulé, que restera-t-il ? »

Il décrit la situation comme désastreuse, avec des marchés effondrés, une pauvreté croissante, une hausse des prix et des points de passage fermés. Pour lui, cette décision serait une catastrophe pour tous.

Il ajoute que l’intention est clairement de détruire ce qui reste d’une économie déjà ruinée, et que bientôt les gens mourront de faim car même s’il y a de la nourriture sur le marché, ils n’ont pas l’argent pour l’acheter. Il prédit un effondrement total, une souffrance et une tragédie.

De son côté, Ibrahim Abu Layla confie qu’il retire son argent à la banque via le marché noir uniquement en billets de 200 shekels, la seule coupure acceptée par les commerçants et intermédiaires.

Il redoute que la mise en œuvre de cette décision provoque un effondrement généralisé, car à cause du manque de liquidités, toute la dépendance repose sur ce billet, que tous les commerçants et détenteurs de capitaux refusent de remplacer.

Il conclut : « Tout s’effondrera, ce sera un grand désastre. Qui indemnisera les pertes des gens ? Nous prions pour que cela n’arrive pas. »

source:https://www.aljazeera.net/ebusiness/2025/4/27/%d9%85%d8%b3%d8%a7%d8%b9%d9%8a-%d8%a5%d8%b3%d8%b1%d8%a7%d8%a6%d9%8a%d9%84-%d9%84%d8%a5%d9%84%d8%ba%d8%a7%d8%a1-%d9%81%d8%a6%d8%a9-%d8%a7%d9%84%d9%80200-%d8%b4%d9%8a%d9%83%d9%84

You may also like

Leave a Comment

Droits d’auteur © 2024 – onemedia.fr – Tous droits réservés