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Le cardinal Philippe Ouédraogo a obtenu une prolongation inattendue de son droit de vote lors du prochain conclave grâce à un ajustement officiel de sa date de naissance. Initialement né le 25 janvier 1945 selon l’Annuaire Pontifical 2024, sa date d’anniversaire a été repoussée au 31 décembre de la même année dans la prochaine édition du document. Ce décalage de onze mois lui permet de demeurer parmi les cardinaux électeurs jusqu’au 31 décembre 2025.
Une prolongation de onze mois pour demeurer électeur
Cette information a été révélée en mars par le vaticaniste Hendro Munsterman dans le quotidien néerlandais Nederlands Dagblad. Selon la Constitution apostolique Universi Dominici Gregis, les cardinaux perdent leur droit de vote lors du conclave dès qu’ils atteignent l’âge de 80 ans. En modifiant la date officielle de naissance de Philippe Ouédraogo, le Vatican lui permet ainsi de rester électeur plus longtemps.
Du Burkina Faso à la pourpre cardinalice
Ce cas n’est pas isolé. En effet, la modification de la date de naissance de Ouédraogo sur le site officiel du Vatican avait déjà été remarquée plusieurs mois auparavant. Un précédent notable concerne aussi le cardinal John Njue du Kenya dont l’âge a été rectifié de 1944 à 1946, lui garantissant également un droit de vote prolongé. Ces deux cardinaux appartiennent à une faction conservatrice de l’Église, réputée pour ses positions critiques vis-à-vis des unions homosexuelles, du contrôle des naissances et de la communion aux divorcés.
Originaire du Burkina Faso, Philippe Ouédraogo a été créé cardinal par le pape François en 2014, lors du premier consistoire de son pontificat. Cette nomination visait à renforcer la représentation des Églises du Sud global au sein du collège cardinalice. Le cardinal Ouédraogo s’illustre particulièrement par son engagement dans le dialogue interreligieux dans un pays où les catholiques sont minoritaires face à une majorité musulmane.
Un anniversaire « effacé » du calendrier officiel
Selon l’ancienne inscription, le cardinal Ouédraogo aurait célébré ses 80 ans le 25 janvier dernier, ce qui l’aurait exclu de la liste des électeurs. Ce même jour, la cathédrale d’Ouagadougou — où il a longtemps été archevêque — lui avait adressé un message de félicitations sur sa page Facebook. Pourtant, la date de naissance officielle avait déjà été modifiée dans les registres du Vatican. Jusqu’ici, le cardinal avait toujours fêté son anniversaire le 25 janvier.
« Né à la maison, sans date officielle »
Interrogé par Hendro Munsterman, Philippe Ouédraogo a expliqué ce décalage : « Dans mon village, il n’y avait ni hôpitaux ni écoles. Je suis né à la maison et aucune date de naissance ne m’a été attribuée ». Le 25 janvier aurait été choisi arbitrairement à des fins administratives au moment de son entrée au séminaire. En 1973, année de son ordination sacerdotale, une date officielle a été nécessaire pour souscrire une assurance santé, et celle-ci fut confirmée dans les documents ecclésiastiques.
Curieusement, son passeport indique une naissance au 31 décembre, une pratique courante au Burkina Faso pour les citoyens dont la date de naissance exacte est inconnue. Comme l’a précisé Munsterman, cette date correspond à une convention administrative nationale attribuée automatiquement dans ces cas.
Vatican : « Peut-être un nouveau document »
La raison précise de cette modification à ce moment reste floue. Le directeur de la Salle de presse du Vatican a simplement déclaré : « Il est possible qu’un document soit arrivé ». Aucune confirmation officielle n’a été donnée, mais l’effet est clair : un électeur supplémentaire lors d’un futur conclave. Ce cas illustre également combien les dynamiques internes à l’Église peuvent parfois dépendre de détails administratifs apparemment mineurs.