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Pour les patients ayant déjà obtenu un résultat positif au test de dépistage de l’aldostéronisme primaire (AP), la réalisation d’un test de confirmation par le test de suppression sodée en position assise (SSST) apporte peu à l’évaluation diagnostique et risque de retarder la prise en charge adéquate et rapide, selon une étude publiée dans les Annals of Internal Medicine.
Limites du test de suppression sodée en position assise
Le SSST, qui consiste en l’infusion intraveineuse de 2 litres de chlorure de sodium à 0,9 % sur une durée de 4 heures, pourrait fausser les décisions thérapeutiques et entraîner des occasions manquées d’intervention, y compris chez des patients susceptibles de bien répondre au traitement, expliquent les chercheurs menés par le Dr Alexander A. Leung de l’Université de Calgary, Canada.
Cette étude, réalisée dans une clinique spécialisée en hypertension endocrinienne de Calgary, a inclus 156 adultes présentant un dépistage positif pour l’aldostéronisme primaire. Les résultats suggèrent que la suppression du test de confirmation dans le parcours diagnostique habituel pourrait améliorer la précision diagnostique et réduire le temps nécessaire à la prise en charge pour la majorité des patients.
Une maladie sous-traitée malgré sa prévalence
L’aldostéronisme primaire représente entre 10 % et 30 % des cas d’hypertension à l’échelle mondiale. Son diagnostic est crucial non seulement en raison de cette fréquence mais aussi parce qu’il existe des traitements ciblés très efficaces. Pourtant, moins de 1 % des patients atteints bénéficient réellement d’un traitement, en partie à cause d’un manque de sensibilisation et de la complexité du diagnostic.
Face à ce constat, l’équipe dirigée par le Dr Leung a évalué l’utilité du SSST dans un essai clinique en aveugle, en se basant sur la réponse au traitement ciblé comme critère de référence, jugé pragmatique et pertinent pour les patients.
Les résultats ont montré que le SSST ne permet pas de différencier efficacement les patients en fonction de leur réponse au traitement (aire sous la courbe de 62,1 %, intervalle de confiance à 95 % entre 45,1 % et 79,1 %). Les rapports de vraisemblance positifs et négatifs pour les seuils d’aldostérone allant de 140 à 300 pmol/L étaient équivoques. Ces constats se sont maintenus même après ajustement pour les différences de traitement, la survenue d’hypokaliémie et les méthodes de dosage en laboratoire.
Une application limitée aux États-Unis
Joshua D. Lenchus, spécialiste en médecine interne et membre du conseil de l’American Osteopathic Association, n’ayant pas participé à l’étude, estime que ces résultats ont une portée relativement limitée aux États-Unis.
Il rappelle que certains patients suspectés d’aldostéronisme primaire ne nécessitent pas toujours un test de confirmation et que le SSST n’est pas applicable à tous. Par exemple, ce test est généralement contre-indiqué chez les patients à pression artérielle non contrôlée ou avec des antécédents d’insuffisance cardiaque congestive. De plus, réaliser une perfusion intraveineuse de solution saline pendant 4 heures est plus aisé en milieu hospitalier qu’en cabinet ambulatoire.
Il signale également que moins de 30 % des participants à l’étude présentaient une hypertension résistante, moins de 15 % avaient moins de 40 ans, et plus de 50 % étaient âgés de plus de 60 ans. Or, l’aldostéronisme primaire touche le plus souvent des femmes de moins de 40 ans souffrant d’hypertension résistante et d’hypokaliémie.
Le SSST fait partie, aux États-Unis, de plusieurs tests de confirmation utilisés, tels que le test de provocation au captopril ou le test de suppression à la fludrocortisone, bien qu’aucune méthode standard d’or n’ait encore été établie.
Le Dr Lenchus souhaite la réalisation d’études complémentaires impliquant des cohortes plus larges, comparant directement plusieurs tests de confirmation afin d’identifier une norme diagnostique fiable.