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Myriam Bahaffou : Éropolitique, un désir déviant et libérateur

by Sara
Myriam Bahaffou : Éropolitique, un désir déviant et libérateur
France

Myriam Bahaffou, philosophe et militante écoféministe, propose avec son essai Eropolitique. Ecoféminismes, désirs et révolution une relecture radicale du désir, libérée de sa capture par le capitalisme. À travers ce concept novateur, elle invite à repenser le plaisir au-delà de sa seule dimension sexuelle, pour embrasser une perspective collective, politique et émancipatrice.

Le désir, entre émancipation et captation capitaliste

Depuis les utopies socialistes jusqu’à la révolution sexuelle des années 1960, le désir a souvent été perçu comme un moteur d’émancipation sociale. Pourtant, Myriam Bahaffou souligne la difficulté à penser le plaisir dans sa globalité, tant il demeure enfermé dans une conception exclusivement sexuelle. Selon elle, « il n’y a rien d’émancipateur dans la promotion acharnée du désir sexuel ». Cette dernière formule une critique incisive de la « captation quasi exclusive du désir par le néolibéralisme actuel », qui façonne l’érotisme en une force motrice du « capitalisme patriarcal et colonial ».

Le désir est ainsi redéfini comme un « désir-conquête », entièrement organisé autour de la consommation, où la séduction et la conquête deviennent des formes de domination et d’exploitation. De ce constat, Bahaffou élabore une alternative théorique et pratique : une « éropolitique » pensée comme une forme de désir collective, décoloniale, antispéciste et queer.

Une ouverture radicale : l’éropolitique

L’éropolitique s’oppose à l’injonction à la satisfaction individuelle des fantasmes pour proposer une expérience d’érotisme fondée sur l’ouverture au monde et le renouvellement. Cette approche privilégie la création de cultures micropolitiques durables et inclusives, où le plaisir s’enracine dans un rapport d’éthique et de puissance vitale. Myriam Bahaffou mêle dans son essai analyse philosophique, engagements militants et récits personnels pour illustrer les différentes expressions de cette éropolitique, allant de la simple joie d’être en vie à la reconnaissance des « perversions » qui nous dépassent.

Des pratiques dissidentes au cœur du désir libérateur

Dans son exploration, la philosophe étudie des pratiques qui questionnent les normes dominantes, comme le jeûne ou la danse, mais aussi la réhabilitation des corps minorisés et l’hyperféminité féministe. Elle défend un désir à la fois frondeur et déviant, qui refuse les cadres normatifs rigides.

La dimension sexuelle de l’éropolitique est abordée à travers des pratiques dissidentes comme l’écosexualité — une vision qui conçoit la nature comme une amante — et le BDSM (bondage, domination, sadomasochisme), qui remettent en question les rapports traditionnels de pouvoir et de consentement. Pour Myriam Bahaffou, l’éropolitique « incarne toujours la poursuite éthique de ce qui nous maintient et augmente notre puissance d’être en vie ».

source:https://www.lemonde.fr/livres/article/2025/05/05/myriam-bahaffou-pour-un-desir-frondeur-et-deviant_6603187_3260.html

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