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La première session de vote du conclave chargé d’élire le nouveau Pape n’a pas permis de désigner le successeur de François. La cheminée installée sur le toit de la Chapelle Sixtine a diffusé une fumée noire, signalant aux milliers de fidèles réunis place Saint-Pierre que la majorité des deux tiers, soit 89 voix, n’avait pas été atteinte parmi les 133 cardinaux électeurs. La poursuite des scrutins est donc prévue dès ce jeudi, avec jusqu’à quatre tours de vote pour élire le nouveau souverain pontife.
La fumée noire, symbole d’attente et de conjectures
À 21 heures, le ciel nocturne de la Cité du Vatican s’est teinté d’une fumée noire intense, mêlée à l’obscurité. L’annonce a suscité un mélange d’espoir et de résignation parmi les fidèles, fatigués par une longue attente de plus de deux heures, qui a alimenté rumeurs et théories. « Seul Dieu sait quand et qui sera le prochain Pape… », confiait une croyante sur la place Saint-Pierre, attendant avec ferveur la fumée caractéristique.
Au moins six candidats considérés comme « papables » ainsi que plusieurs outsiders de deuxième rang ont été au cœur du premier scrutin, traditionnellement une étape de repérage des forces en présence. Les experts du Vatican avaient placé en tête le favori, le secrétaire d’État Pietro Parolin, bénéficiant d’un avantage relatif en tant que président du conclave.
Il est estimé que Parolin aurait recueilli environ une cinquantaine de voix, sans pour autant assurer une avance suffisante pour sceller son élection. En 2013, le favori Angelo Scola, archevêque de Milan, avait connu une situation similaire, ce qui avait ouvert la voie à un candidat inattendu, le pape François, surnommé « le Pape venu du bout du monde ».
L’ouverture officielle du conclave : le rituel « Extra Omnes »
À 17h44 ce mercredi, l’archevêque Diego Ravelli a prononcé la formule « Extra Omnes » (« Tous dehors »), marquant le début du conclave pour élire le successeur du pape François. Les 133 cardinaux électeurs, issus de 70 pays et tous âgés de moins de 80 ans, se sont retrouvés enfermés « cum clavis » (« sous clé ») dans la Chapelle Sixtine pour procéder à la première et unique séance de vote de la journée.
Ce lancement solennel a été précédé d’une cérémonie longue d’une heure retransmise en direct sur des écrans géants place Saint-Pierre, dernière occasion pour les fidèles d’apercevoir les cardinaux avant le verdict final.
Pietro Parolin, président du conclave, a pris une place centrale sous les fresques de Michel-Ange, rappelant en latin aux électeurs leurs devoirs, notamment le secret absolu entourant les scrutins et délibérations. Il a été le premier à prêter serment sur l’Évangile, suivi par chacun des cardinaux.
Les cardinaux se sont ensuite isolés derrière les murs du Vatican, après la messe « Pro Elegendo Romano Pontifice » célébrée en la basilique Saint-Pierre. Lors de cette liturgie, le cardinal Giovanni Battista Re, exclu du conclave pour son âge, a exhorté à élire un Pape répondant aux besoins de l’Église et de l’humanité en cette période complexe et troublée de l’histoire.
Après l’homélie, les cardinaux ont partagé leur dernier repas en liberté, avant de se rendre à la Casa Santa Marta où ils seront hébergés provisoirement jusqu’à l’élection. Ils ont ensuite rejoint la Chapelle Pauline pour le dernier rite avant le confinement : une procession chantant le Veni Creator, implorant l’assistance de l’Esprit Saint.
Un conclave sous haute sécurité et secret absolu
Les règles strictes du conclave, établies dès le XIIIe siècle par le pape Grégoire X, ont peu changé. Le secret et l’isolement des cardinaux sont cependant renforcés pour éviter toute fuite d’information ou pression extérieure.
Les communications par téléphone mobile sont totalement coupées à l’intérieur du Vatican. Tous les appareils électroniques des cardinaux ont été confisqués. Des brouilleurs de fréquences ont été installés, tandis que les fenêtres de la Chapelle Sixtine sont désormais opaques et protégées contre les drones.
Chaque membre du personnel aidant les cardinaux – des religieuses servant les repas aux employés du nettoyage – a dû signer un serment de confidentialité sous peine d’excommunication. Le seul lien avec l’extérieur sera la couleur de la fumée émise par le conduit de la cheminée.
Les votes et la symbolique des fumées
Après chaque scrutin, les bulletins seront brûlés dans un poêle, avec l’ajout de produits chimiques pour produire :
- Une fumée noire, indiquant qu’aucun candidat n’a atteint la majorité des deux tiers ;
- Une fumée blanche, annonçant officiellement le nouveau Pape, provoquant le célèbre « Habemus Papam » à travers le monde.
Ce jeudi, jusqu’à quatre tours de vote sont prévus, avec deux fumées attendues autour de midi et de 19 heures. En moyenne, les conclaves récents durent trois jours, même si François et Benoît XVI avaient été élus dès le second jour.
Un conclave marqué par la diversité et l’incertitude
Un sentiment de fatigue semble toucher les cardinaux après le long processus préparatoire, notamment les nombreuses congrégations générales qui ont permis à beaucoup de se rencontrer pour la première fois. Plus de 80 % des cardinaux ont été nommés par François pendant ses 12 années de pontificat.
Pour la première fois, les cardinaux européens sont minoritaires, tandis que la représentation asiatique et africaine augmente. Au moins six candidats présentent un profil sérieux de papables, selon l’archevêque d’Alger Jean-Paul Vesco, considéré aussi comme un outsider potentiel.
Parmi les favoris figurent :
- Pietro Parolin, secrétaire d’État ;
- Luis Antonio Tagle ;
- Pierbattista Pizzaballa ;
- Jean-Marc Aveline ;
- Robert Prevost ;
- Péter Erdő.
Le Maltais Mario Grech et le Philippin Pablo Virgilio Siongco David sont également cités comme candidats de second rang.
En ouverture du conclave, le cardinal Re a prononcé un message fort : « La société technologique a oublié Dieu. Le monde attend beaucoup de l’Église pour préserver les valeurs fondamentales, humaines et spirituelles, sans lesquelles la coexistence humaine ne s’améliorera pas et ne portera pas le bien aux générations futures. »