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Une récente étude menée en Slovénie met en lumière un lien significatif entre l’hyperlactatémie à l’admission en soins intensifs et une augmentation de la mortalité à 60 jours chez les patients souffrant d’insuffisance rénale aiguë (IRA) nécessitant une thérapie de remplacement rénal (TRR).
Analyse des niveaux de lactate et mortalité en soins intensifs
Les chercheurs ont réalisé une étude rétrospective sur quatre ans, visant à évaluer l’impact du taux de lactate sérique lors de l’admission en unité de soins intensifs (USI) sur la mortalité des patients critiques atteints d’IRA recevant un traitement par TRR. L’étude a porté sur 154 patients, avec un âge moyen de 62,8 ans, dont 30,5 % de femmes. Tous présentaient une IRA de stade 3 et avaient des données disponibles sur leur taux de lactate au moment de l’admission en USI.
La majeure partie des patients (81,2 %) bénéficiaient d’une TRR continue, tandis que 18,8 % recevaient une hémodialyse intermittente. L’hyperlactatémie a été définie par un taux de lactate supérieur à 4 mmol/L à l’admission. Sur la cohorte, 36,4 % des patients présentaient cette hyperlactatémie aiguë.
Les données démographiques, les comorbidités ainsi que les résultats biologiques ont été extraits des bases de données hospitalières électroniques et des dossiers médicaux. La gravité de la maladie a été évaluée grâce à différents scores cliniques : APACHE II, SOFA (lié au sepsis) et Charlson Comorbidity Index (CCI).
Résultats clés de l’étude
Sur une période de 60 jours suivant l’admission en USI, 76,6 % des patients (118 sur 154) sont décédés, la majorité des décès (70,1 %) survenant pendant le séjour en soins intensifs. La durée moyenne d’hospitalisation en USI était de 15,7 jours.
Les patients décédés étaient généralement plus âgés (P < 0,001), présentaient une fréquence plus élevée d’insuffisance cardiaque (P = 0,01) et un score de gravité plus élevé à l’admission (CCI moyen de 3,7 ; P < 0,001). Aucune différence significative n’a été relevée entre survivants et non-survivants concernant les scores SOFA et APACHE II.
Le taux de survie à 60 jours était significativement plus faible chez les patients présentant une hyperlactatémie à l’admission (P = 0,032). L’âge (hazard ratio [HR], 1,023 ; P = 0,048) et le taux de lactate sérique (HR, 1,065 ; P = 0,033) ont été identifiés comme des prédicteurs indépendants de mortalité.
Recommandations pratiques pour le suivi en soins intensifs
Les auteurs recommandent une surveillance répétée des taux de lactate sérique tout au long du séjour en USI, non seulement à l’admission mais également avant la mise en route de la TRR, ainsi que de manière régulière pendant et après le traitement. Cette mesure permettrait une meilleure évaluation du pronostic et de l’évolution clinique.
Limites de l’étude
Cette recherche présente certaines limites, notamment la taille relativement restreinte de l’échantillon et le fait d’être une étude monocentrique. Par ailleurs, l’étude ne comportait pas d’analyse des mesures sériées des niveaux de lactate avant et après le début de la TRR jusqu’à la sortie, le décès ou la fin de la période d’observation de 60 jours.