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Accusations de HRW contre les grandes entreprises américaines des plateformes numériques
L’organisation Human Rights Watch (HRW) a formulé des accusations directes à l’encontre de plusieurs grandes entreprises gérant des plateformes numériques de services aux États-Unis. Selon un rapport intitulé « Le piège du travail temporaire », publié récemment, ces sociétés ont sciemment classé leurs travailleurs comme « contractants indépendants », privant ainsi ces derniers de leurs droits en tant que salariés.
Enquête sur sept grandes plateformes américaines
Le rapport se penche sur les pratiques de sept entreprises majeures :
- Amazon Flex
- DoorDash
- Favor
- Instacart
- Lyft
- Shipt
- Uber
Ces plateformes prétendent offrir une « flexibilité » aux travailleurs. Toutefois, HRW révèle que ces derniers sont souvent rémunérés en dessous du salaire minimum en vigueur dans leur État ou leur ville.
Utilisation d’algorithmes opaques et conditions de travail précaires
Human Rights Watch dénonce l’usage par six de ces entreprises d’algorithmes non transparents pour répartir les tâches et fixer les rémunérations. Cela signifie que les travailleurs ne savent pas combien ils gagneront avant d’avoir terminé leur mission.
Lina Simeeth, chercheuse principale en pauvreté et inégalités chez HRW, souligne :
- Les plateformes numériques ont créé un modèle d’affaires qui leur permet d’échapper à leurs responsabilités d’employeurs.
- Les travailleurs restent soumis à un contrôle algorithmique strict, avec des décisions « non transparentes et imprévisibles ».
- Les promesses de flexibilité cachent une réalité d’irrégularité salariale, de protection sociale inexistante et d’insécurité constante de l’emploi.
Données issues d’interviews et d’enquêtes auprès des travailleurs
Le rapport s’appuie sur des entretiens réalisés avec 95 travailleurs de plateformes au Texas et dans 12 autres États américains, ainsi que sur un questionnaire mené auprès de 127 travailleurs texans.
Les conclusions montrent :
- Les salaires sont en moyenne inférieurs de 30 % au salaire minimum fédéral.
- Ils sont également inférieurs de 70 % au « salaire vital » fixé par le Massachusetts Institute of Technology.
- Le revenu horaire brut s’élève à 16,90 dollars, mais la moitié est absorbée par les coûts liés au travail (carburant, maintenance, assurance).
- Le revenu net chute à 5,12 dollars de l’heure après prise en compte des dépenses et charges.
Conséquences économiques et sociales pour les travailleurs
Certains travailleurs rapportent ne rien gagner après déduction des coûts. Par ailleurs :
- 75 % ont rencontré des difficultés pour payer leur loyer au cours de l’année écoulée.
- La majorité a eu du mal à acheter de la nourriture et à régler les factures d’électricité et d’eau.
- Plus d’un tiers ne peut faire face à une urgence médicale d’un montant de 400 dollars.
Incertitude liée à la suspension des comptes et manque de recours
Les travailleurs vivent dans la peur constante que leur compte soit désactivé sans explication ni possibilité d’appel. Environ la moitié des comptes suspendus ont été réhabilités par la suite, ce qui indique un taux élevé de décisions erronées de licenciement.
Appel à une intervention urgente des autorités américaines
Malgré ces conditions difficiles, les entreprises concernées réalisent d’importants bénéfices estimés à plusieurs milliards de dollars.
Human Rights Watch exhorte le ministère américain du Travail, la Commission fédérale du commerce et les organismes du travail au niveau des États à :
- Prendre des mesures urgentes pour protéger les droits des travailleurs des plateformes numériques.
- Garantir leur droit à l’organisation syndicale et à des conditions de travail décentes.