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Un projet nucléaire commun proposé par l’Iran avec l’Arabie Saoudite et les Émirats
Deux grands journaux internationaux, le New York Times et The Guardian, ont révélé une proposition iranienne visant à créer un projet conjoint de production d’uranium enrichi. Ce projet impliquerait plusieurs pays arabes et des investissements américains, dans le but de surmonter les objections des États-Unis à la poursuite du programme d’enrichissement nucléaire iranien.
Selon le New York Times, quatre responsables iraniens bien informés ont indiqué que Téhéran a suggéré la mise en place d’un projet commun d’enrichissement d’uranium, incluant des États arabes de la région ainsi que des capitaux américains, comme alternative à la demande américaine de démanteler le programme nucléaire iranien.
Une proposition discutée lors de pourparlers à Oman
Le journal précise que le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araqchi, a présenté cette idée au représentant américain pour la région, Stephen Biegun, lors de discussions directes et indirectes qui se sont tenues dimanche dernier à Oman.
Le projet prévoit la création d’une union nucléaire tripartite dans laquelle l’Iran enrichirait l’uranium à un faible degré avant de l’expédier à d’autres pays arabes pour un usage civil. Cette initiative se distinguerait de l’accord nucléaire de 2015, qui devait expirer après 15 ans, en étant conçue pour durer indéfiniment.
Selon Seyed Hossein Mousavian, ancien diplomate iranien et membre de l’équipe de négociation nucléaire de 2015, l’adoption de cette proposition répondrait à de nombreuses préoccupations américaines et contribuerait à apaiser les inquiétudes sur un possible renoncement iranien à ses engagements.
Un potentiel accord régional majeur selon le New York Times
Le New York Times souligne que si le président américain Donald Trump annonçait un accord nucléaire régional, ce serait une victoire significative. Un tel accord éliminerait la menace directe et future posée par l’Iran et limiterait les ambitions d’enrichissement dans la région.
Union nucléaire iranienne-arabe : une initiative pour dépasser les blocages américains
The Guardian rapporte que l’Iran a suggéré la formation d’une union regroupant des pays du Moyen-Orient, notamment l’Iran, l’Arabie Saoudite et les Émirats arabes unis, pour l’enrichissement de l’uranium.
Cette proposition est vue comme un moyen de contraindre les pays du Golfe à soutenir la position iranienne, qui réclame le maintien de ses capacités d’enrichissement nucléaire.
Téhéran considère cette idée comme un compromis, car elle offrirait aux pays voisins un accès à sa technologie et les associerait directement à ce processus.
Des discussions entre l’Iran et les Émirats après Oman
Il n’est pas encore clair si Abbas Araqchi a officiellement présenté cette proposition au cours des trois heures de pourparlers à Oman, qui constituaient la quatrième série de discussions entre Téhéran et Washington. Toutefois, des sources indiquent que cette idée fait l’objet d’un débat à Téhéran.
Suite à ces échanges, Araqchi s’est rendu à Dubaï pour rencontrer le ministre des Affaires étrangères des Émirats arabes unis, Cheikh Abdullah bin Zayed Al Nahyan.
Il est important de noter que, pour l’instant, les Émirats arabes unis ne procèdent pas à l’enrichissement d’uranium dans le cadre de leur programme nucléaire.
Origines et implications de la proposition
The Guardian rappelle que cette idée a été initialement présentée par Mousavian et le physicien de l’Université de Princeton Frank von Hippel avant les récents pourparlers irano-américains. Leur article, largement diffusé, a été publié en octobre 2023 dans le Bulletin of the Atomic Scientists.
Dans le cadre de ce partenariat tripartite, l’Arabie Saoudite et les Émirats arabes unis participeraient financièrement et techniquement, bénéficiant ainsi de l’accès à la technologie iranienne.
La participation des pays du Golfe pourrait également servir de garantie supplémentaire que le programme nucléaire iranien resterait strictement civil, et non une voie vers la fabrication d’une arme nucléaire, ce que dénonce Israël.
Un contrôle renforcé par la coopération régionale
Si l’Arabie Saoudite et les Émirats étaient autorisés à envoyer des ingénieurs en Iran, cela offrirait une transparence accrue sur le programme nucléaire. Cette mesure compléterait le rôle des inspecteurs de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) et réduirait la dépendance de la communauté internationale à leurs seuls rapports.
Un contexte de recul iranien des limites de l’accord nucléaire
L’Iran a progressivement dépassé les niveaux d’enrichissement et les plafonds de stock fixés par l’accord nucléaire original de 2015, imputant ce recul au retrait américain sous la présidence de Donald Trump.