Table of Contents
Dans le village corse de Siscu, la culture de l’oignon, autrefois florissante, renaît grâce à l’engagement passionné d’Olivier Bardin. Après plusieurs décennies de déclin, l’oignon de Siscu retrouve aujourd’hui sa place parmi les produits agricoles emblématiques de la région, porté par une tradition locale remise au goût du jour.
La renaissance d’une tradition agricole
Jaune, blanc ou rouge, l’oignon a toujours été un légume essentiel en Corse, notamment à Siscu où, dans les années 1950, la production annuelle atteignait 300 tonnes. Cette culture vivait au cœur d’une commune fertile, riche en fruits et légumes. Pourtant, elle a failli disparaître avant qu’Olivier Bardin, originaire du village, ne décide de redonner vie à cet héritage. Ancien fonctionnaire territorial basé à Montpellier, il est revenu dans sa région natale il y a près de vingt ans pour se consacrer pleinement à la culture de l’oignon. « Enfant, je n’ai pas grandi directement dans ce milieu, mais la passion du monde rural a toujours été présente », confie-t-il.
De fonctionnaire à cultivateur passionné
Le projet d’Olivier a commencé modestement, avec quelques graines précieuses transmises par son grand-oncle Roccu, épicier du village. « Ces graines étaient les dernières du village, un témoignage de notre passé », explique-t-il. Après les avoir plantées d’abord à Montpellier, il a envoyé des semences à Siscu pour tester leur viabilité. Puis, en janvier 2009, il a pris une décision radicale : démissionner de son poste attaché à la lutte anti-moustiques pour se consacrer à l’agriculture. En août de la même année, lui et son épouse s’installaient dans le village pour commencer l’aventure, malgré un savoir-faire initial limité qu’il a dû acquérir sur le terrain.
Une dynamique collective autour de l’oignon de Siscu
Sur les terres familiales situées au cœur de la vallée de Siscu, Olivier Bardin a réalisé ses premiers semis, repiquages et récoltes manuelles. Ce premier essai, bien qu’incertain, a rencontré un succès inattendu. L’oignon de Siscu, qui autrefois rivalisait de renommée avec le patrimoine religieux et les maisons « d’americani » du village, a rapidement retrouvé une place de choix. Parallèlement, Olivier a aussi contribué au développement d’une huile locale désormais labellisée AOP. Son initiative a éveillé l’intérêt d’autres agriculteurs des environs, qui se sont regroupés en une association présidée par lui. Le nombre de producteurs d’oignons doux du Cap-Corse ne cesse de croître. Chaque année, plusieurs dizaines de tonnes d’oignons sont désormais récoltées dans sa propriété.
Olivier mène également un combat pour la reconnaissance officielle et la préservation de l’identité de la « cipolla » corse. « L’oignon de Siscu est désormais inscrit au catalogue officiel, répondant à trois critères bien définis qui nous permettent d’assurer sa sauvegarde », précise-t-il.
Un produit d’exception plébiscité par la gastronomie
Les saveurs uniques, les arômes remarquables et l’ancrage territorial confèrent aujourd’hui à l’oignon de Siscu une notoriété remarquable. Il est reconnu par le Gault et Millau parmi les meilleurs produits du terroir français et bénéficie du label « Appellation de qualité » décerné par le Collège culinaire de France. Cette distinction en fait un ingrédient très prisé, présent à la carte de nombreux restaurants étoilés où il est sublimé par des chefs renommés.
• Ph.P.
Photo : Olivier Bardin