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Le financement public accordé à la monarchie britannique a triplé en termes réels depuis 2012, principalement en raison des travaux de rénovation entrepris à Buckingham Palace, selon des données officielles.
Une augmentation majeure liée aux travaux à Buckingham Palace
Le Sovereign Grant, la subvention publique destinée à financer les activités officielles de la monarchie, a été instauré en 2012 à hauteur de 36 millions d’euros par an (31 millions de livres sterling). Aujourd’hui, ce montant est passé à environ 154 millions d’euros (132 millions de livres sterling), ce qui représente une multiplication par trois après ajustement pour l’inflation, selon une analyse de la Bibliothèque de la Chambre des communes.
En avril dernier, la subvention a connu une hausse de 53 %, passant de 100 millions à 154 millions d’euros. Les responsables royaux expliquent cette augmentation par un projet de rénovation à Buckingham Palace, précisant que la subvention devrait diminuer une fois les travaux terminés et que la monarchie offre une bonne valeur pour l’argent public investi.
Composition et justification du budget royal
En 2023-24, les dépenses principales couverts par le Sovereign Grant incluent la maintenance des propriétés et la rémunération du personnel, avec des montants plus modestes pour les déplacements, l’hospitalité et l’entretien.
Ce financement a été utilisé pour un programme décennal de modernisation des infrastructures du palais, d’une valeur de près de 432 millions d’euros (369 millions de livres sterling), comprenant la mise à jour des câblages, de la plomberie, des installations électriques et des ascenseurs. Le National Audit Office qualifie ce projet de bien géré et offrant un bon rapport qualité-prix.
Le Palais souligne que la hausse récente est attribuable uniquement à la part du financement dédiée à ces travaux, et non au budget courant de fonctionnement de la monarchie, qui est resté quasiment stable depuis 2020 malgré une inflation élevée.
Un porte-parole a précisé qu’une augmentation temporaire sur deux ans avait été approuvée afin de finaliser le financement convenu en 2016, et que la subvention devrait baisser après l’achèvement des travaux, probablement après 2027.
Contexte budgétaire et critiques
Cette montée significative intervient dans un contexte de rigueur budgétaire, avec notamment une baisse de 11 % des dépenses publiques dans l’éducation en Angleterre entre 2010-11 et 2023-24 en termes réels. Pourtant, il est difficile de comparer ces chiffres avec ceux du Sovereign Grant, bien plus modestes en échelle.
Avant la mise en place du Sovereign Grant, le financement de la monarchie provenait d’un mélange de subventions, de dépenses gouvernementales et d’une « liste civile ». Les montants historiques, ajustés à la valeur de 2023-24, étaient inférieurs à ceux actuels, avec 78 millions d’euros en 2000 (67 millions de livres sterling) et 65 millions d’euros en 2005 (56 millions de livres sterling).
Le Sovereign Grant, instauré pour plus de transparence et de modernisation, est basé sur un pourcentage des profits de la Crown Estate, une entité indépendante de gestion immobilière. Initialement fixé à 15 %, ce taux a été porté à 25 % pour financer la rénovation du palais, avant de redescendre à 12 %. Cependant, les recettes croissantes liées à la vente de baux pour des parcs éoliens offshore ont fait augmenter le montant total versé malgré la baisse du pourcentage.
Débats et perspectives
Cette méthode de calcul est vivement critiquée. Norman Baker, ancien ministre, qualifie le système de « complètement absurde » et reproche aux gouvernements un manque de volonté pour le remettre en cause. Il dénonce l’utilisation répétée de Buckingham Palace comme justification des hausses, alors que d’autres secteurs publics sont soumis à des restrictions budgétaires sévères.
Lord Turnbull, ancien secrétaire du Cabinet, suggère une subvention simple et directe pour la monarchie, qui pourrait être débattue indépendamment. Il considère l’importance accordée à l’augmentation globale comme un leurre, la majeure partie des fonds étant affectée à la préservation du palais, et souligne qu’une monarchie doit être correctement financée ou pas du tout.
Pauline Maclaran, experte royale, insiste sur le fait que la monarchie génère des revenus et un capital sympathie importants, notamment par le tourisme, les relations commerciales et le « soft power » royal. Elle cite l’exemple du soutien de l’ex-président américain Donald Trump à Charles III, qui pourrait faciliter les négociations commerciales entre le Royaume-Uni et les États-Unis.
Cependant, la question de la valeur publique de la royauté reste posée, avec une opinion publique divisée, notamment selon les générations. Les plus de 65 ans sont 74 % à juger la monarchie rentable, contre seulement 44 % chez les 25-49 ans.
Transparence et dépenses détaillées
Les autorités royales assurent que le financement est transparent et soumis à l’approbation parlementaire. Les responsables, dont le Premier ministre, le chancelier de l’Échiquier et le « keeper of the privy purse », supervisent les fonds.
Le budget 2023-24 révèle des dépenses comme plus d’un million d’euros pour des vols en hélicoptère, une facture d’électricité de 2,6 millions d’euros, et un déplacement du duc de Kent en Écosse coûtant plus de 27 000 euros sur trois jours.
La monarchie organise environ 400 événements annuels, invitant 105 000 personnes à des réceptions, garden-parties et déjeuners officiels. Elle mène aussi 2 300 engagements publics, soutient des œuvres caritatives, et joue un rôle constitutionnel et diplomatique important, notamment lors des visites d’État promouvant le commerce du Royaume-Uni.