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Conférence sur l’IA : enjeux et défis à Ruffec

by Sara
Conférence sur l'IA : enjeux et défis à Ruffec
France

L’intelligence artificielle (IA) est au cœur d’un débat scientifique et sociétal majeur, soulevant des questions sur ses origines, ses impacts et les défis qu’elle impose. Lors d’une conférence organisée à Ruffec, Patrice Rémaud, spécialiste de l’histoire des sciences, a apporté un éclairage détaillé sur cette révolution technologique et ses enjeux.

Une révolution scientifique récente mais majeure

Selon Patrice Rémaud, l’intelligence artificielle s’inscrit dans la longue histoire du développement des idées scientifiques, qui remonte aux Grecs anciens et traverse des figures emblématiques telles que Galilée, Newton ou Einstein. Cependant, l’IA est une nouveauté récente, initiée par Alan Turing dans les années 1950. Ce mathématicien britannique, visionnaire du XXe siècle, a conceptualisé les ordinateurs avec l’idée audacieuse de remplacer le cerveau humain par une machine. Cette ambition marque le point de départ de l’intelligence artificielle moderne.

L’IA : une innovation comparable à la machine à vapeur ou à l’électricité

L’IA constitue une grande révolution tant technique que scientifique. Patrice Rémaud souligne que ses élèves ingénieurs évoluent déjà dans un univers transformé par des outils comme Gemini, ChatGPT ou DeepSeek, qu’ils utilisent quotidiennement. Lui-même adopte ces outils avec pragmatisme. Lors de ses conférences, il illustre les capacités étonnantes de l’IA, capable d’écrire un poème inspiré de René Char ou de rédiger une lettre de motivation en quelques secondes. Pourtant, il insiste : l’IA ne possède pas d’intelligence au sens humain, elle traite simplement, via des algorithmes, une immense quantité de données collectées sur Internet.

Les risques associés à l’intelligence artificielle

Parmi les dangers potentiels de l’IA, Patrice Rémaud met en avant la suppression d’emplois, un phénomène déjà anticipé. Cependant, il défend l’idée que la productivité accrue grâce à l’IA pourrait être une source de partage équitable des bénéfices. Le plus grand risque demeure selon lui lié à la manipulation de l’information. Il rappelle comment des figures politiques comme Trump ou Poutine exploitent les réseaux sociaux et des « usines à trolls » pour influencer des populations souvent crédules. Ce problème ne vient pas de l’IA elle-même, mais de l’usage que l’on en fait. À cet égard, il évoque la nécessité d’une réglementation stricte, comparant la situation à celle du début du XXe siècle où les lois anti-trust ont démantelé les empires pétroliers pour préserver la concurrence.

La manipulation par clonage de voix et images : un défi pour la vérité

Les technologies d’IA rendent possible le clonage vocal ou la fabrication d’images, ouvrant la voie à une manipulation visuelle et auditive d’une puissance inédite. Comment alors distinguer le réel du faux ? Patrice Rémaud pointe l’importance cruciale de l’éducation et du développement du sens critique. Il cite Victor Hugo : « là où on détruit une école, on fabrique une prison ». Pour lui, la clé réside dans l’enseignement de la culture scientifique, une démarche déjà avancée en Belgique et au Canada, mais encore trop marginale en France, où peu d’enseignants se consacrent à l’histoire des sciences.

Une menace existentielle pour l’humanité ?

Le monde scientifique est divisé sur cette question. Certains chercheurs évoquent un danger existentiel, tandis que d’autres, dont Patrice Rémaud, adoptent une position nuancée. Il reconnaît la nécessité de vigilance mais rappelle que les innovations très attendues par l’humanité finissent généralement par s’imposer. Il relève également le risque géopolitique de dépendance, notamment face aux États-Unis ou à la Chine, citant l’exemple de l’Ukraine dépendante du réseau Starlink d’Elon Musk. La régulation internationale apparaît comme la seule réponse viable pour encadrer ces technologies.

Le mythe de l’IA « consciente » ou autonome

Enfin, Patrice Rémaud déconstruit l’idée que l’IA pourrait un jour dominer l’humanité. Il s’appuie sur les analyses du chercheur franco-américain Luc Julia, qui affirme dans son ouvrage L’intelligence artificielle n’existe pas que l’IA ne « raisonne » pas mais traite des données. Par exemple, une voiture autonome testée à San Francisco a freiné brutalement devant un piéton portant un panneau « stop », démontrant les limites de la compréhension contextuelle de ces machines. L’apprentissage de l’IA repose sur des millions d’images pour reconnaître un chat, alors qu’un enfant y parvient avec seulement quelques exemples. La pensée humaine est aussi incarnée, soutenue par nos sens et même nos neurones intestinaux, des dimensions encore inaccessibles aux machines.

La conférence s’est tenue le jeudi 15 mai à 14h au cinéma Family à Ruffec, avec un accueil du public dès 13h30. Le tarif était de 3 € pour les adhérents de La Chrysalide et 5 € pour les non-adhérents.

source:https://www.charentelibre.fr/sciences-et-technologie/le-probleme-n-est-pas-l-ia-mais-ce-que-l-on-en-fait-une-conference-sur-l-intelligence-artificielle-a-ruffec-24367159.php

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