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Une nouvelle étude suédoise révèle que les personnes ayant souffert d’obésité durant l’enfance sont moins susceptibles d’être en emploi ou en formation vers la mi-vingtaine, comparativement à leurs pairs. Présentée lors du Congrès européen sur l’obésité (ECO 2025), cette recherche met également en lumière une prévalence accrue de congés maladie prolongés chez ces individus.
Obésité infantile : un phénomène lié au contexte socio-économique
Selon le Dr Emilia Hagman du Karolinska Institutet à Stockholm, le taux d’obésité chez les enfants est plus élevé dans les milieux socio-économiques défavorisés que dans les milieux plus aisés. Plusieurs facteurs expliquent cette disparité, notamment la difficulté à accéder à une alimentation saine.
« Nous avons déjà démontré que les enfants obèses ont moins de chances d’achever douze années de scolarité que la population générale, ce qui soulève des questions sur l’impact de ce phénomène sur leur insertion professionnelle ultérieure », précise la chercheuse.
Méthodologie et population étudiée
Pour étudier les conséquences à long terme de l’obésité infantile sur le marché du travail, le Dr Hagman et son équipe ont exploité les données du Registre suédois de traitement de l’obésité infantile, ainsi que plusieurs registres nationaux relatifs aux prestations sociales. Ils ont comparé deux groupes :
- 3 514 individus ayant vécu avec l’obésité durant l’enfance
- 16 809 personnes de la population générale, appariées selon le sexe, l’année de naissance et le lieu de résidence
Tous les participants sont nés entre 1978 et 1996. Leur situation à l’âge de 25 ans a été répartie en six catégories : emploi, emploi faiblement rémunéré, études, congé parental, congé maladie prolongé, ou bénéficiaire de prestations sociales/autres (incluant le chômage).
Résultats principaux : emploi, études et santé au travail
À 25 ans, 59 % des personnes ayant souffert d’obésité infantile étaient soit en emploi, soit en études, contre 68 % dans la population générale. Les taux de congé parental (3 % contre 2 %) et d’emploi faiblement rémunéré (22 % dans les deux groupes) étaient similaires.
En revanche, le congé maladie de longue durée était nettement plus fréquent chez les anciens enfants obèses : 8,1 % contre 2,3 % dans la population générale. Ces derniers avaient donc quatre fois plus de risques d’être en arrêt maladie prolongé que d’exercer un emploi.
Gravité de l’obésité et son impact sur l’insertion professionnelle
L’étude démontre également que la sévérité de l’obésité infantile joue un rôle déterminant. Les individus ayant souffert d’une obésité de classe 3 (la forme la plus sévère) étaient environ trois fois plus susceptibles d’être en arrêt maladie (2,85 fois) ou bénéficiaires d’aides sociales (2,97 fois) que de travailler, comparativement à ceux atteints d’obésité de classe 1 (la moins sévère).
Conséquences sociales et perspectives de recherche
Le Dr Hagman souligne : « Nous pensions initialement que ces personnes seraient davantage concentrées dans la catégorie des emplois faiblement rémunérés, car l’obésité infantile est associée à un taux de scolarisation moindre et à une discrimination liée au poids sur le marché du travail. »
« Toutefois, le facteur principal expliquant la non-activité professionnelle semble être le congé maladie prolongé. Pour mieux comprendre les causes sous-jacentes, notamment le type de pathologies impliquées, d’autres études sont nécessaires. »
Elle ajoute que les troubles psychiatriques, comme la dépression, sont plus fréquents chez les personnes vivant avec l’obésité, ce qui pourrait expliquer en partie ce phénomène.
Enfin, la chercheuse insiste sur l’importance de sensibiliser le public aux répercussions à long terme de l’obésité dès le plus jeune âge, non seulement sur la santé globale, mais aussi sur les perspectives d’emploi et de formation. Elle rappelle que la réussite d’un traitement précoce réduit considérablement les risques de maladies associées, telles que le diabète de type 2, l’hypertension, voire la mortalité prématurée.
« Il reste toutefois à déterminer si ces traitements améliorent aussi les chances d’emploi et de poursuite d’études à l’âge adulte », conclut-elle.