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Si l’espèce humaine venait à disparaître, quelle autre forme de vie pourrait devenir dominante sur Terre ? Cette question, souvent associée à la science-fiction, est en réalité un sujet d’étude sérieux parmi les biologistes et spécialistes de l’évolution. Dans un contexte marqué par des bouleversements environnementaux majeurs, le zoologiste Tim Coulson, de l’Université d’Oxford, explore les possibles héritiers de la planète.
Quelle espèce pour succéder à l’Homme ?
Alors que l’empreinte humaine sur la planète atteint des sommets, au point que l’on parle aujourd’hui de l’ère de l’anthropocène, il est important de rappeler que cette domination ne sera pas éternelle. « L’extinction est le destin de toutes les espèces, y compris la nôtre, même si nous espérons qu’elle soit lointaine », souligne Tim Coulson. Il s’est interrogé sur les espèces qui pourraient prospérer en l’absence des humains et de leurs proches parents, les grands singes, en occupant les niches écologiques laissées vacantes.
Les grands singes, des successeurs potentiels
En envisageant une disparition plus ou moins soudaine de l’humanité, le zoologiste a étudié les animaux susceptibles, sur le plan physique et cognitif, de prendre sa place. Il s’est d’abord intéressé aux hominidés, tels que chimpanzés et bonobos, qui partagent avec nous des traits importants : intelligence, pouces opposables, capacité à utiliser des outils et même à marcher sur deux jambes sur de courtes distances.
Des obstacles majeurs à leur émergence
Toutefois, Tim Coulson estime que ces grands singes, à l’instar des humains, dépendent trop des conditions actuelles de vie sur Terre. « Ils seraient sans doute menacés d’extinction en même temps que nous, car exposés aux mêmes dangers environnementaux », explique-t-il. De plus, leurs populations limitées, leur confinement à des habitats forestiers restreints et leur faible taux de reproduction constituent des défis considérables à leur essor.
Les oiseaux et insectes : une domination peu probable
Le zoologiste évoque également d’autres candidats comme certains oiseaux — corbeaux, corneilles, perroquets — reconnus pour leur intelligence, ou des insectes capables de modifier collectivement leur environnement. Malgré ces qualités, il juge improbable qu’ils puissent assumer le rôle écologique des humains. Leur motricité fine insuffisante ne leur permettrait pas de bâtir une civilisation complexe.
Les pieuvres, une espèce bâtisseuse possible ?
À l’inverse, Tim Coulson avance que les pieuvres présentent des atouts remarquables pour occuper une niche écologique dans un monde post-humain. Ces céphalopodes comptent parmi les créatures les plus intelligentes, adaptables et ingénieuses sur Terre.
Leur aptitude à résoudre des problèmes complexes, à communiquer à travers des changements de couleur, à manipuler des objets, ainsi qu’à se camoufler avec précision, suggère qu’elles pourraient évoluer vers une espèce capable de bâtir une civilisation après la disparition de l’homme.
Une adaptabilité exceptionnelle
L’un des points forts des pieuvres réside dans leur grande capacité d’adaptation. Leur système nerveux décentralisé et leur structure neuronale avancée permettent à plusieurs espèces de s’épanouir dans un environnement imprévisible. Elles sont capables de distinguer des objets réels ou virtuels, de résoudre des énigmes, d’interagir avec leur milieu, de manipuler des outils complexes avec leurs tentacules et de vivre dans des habitats variés, allant des fosses sous-marines aux zones côtières.
Des compétences proches de celles des humains
Les capacités analytiques et la motricité fine des pieuvres font écho à celles des êtres humains, des caractéristiques qui ont permis à notre espèce de s’imposer depuis environ 250 000 ans. Associées à leur grande adaptabilité, ces compétences placent les pieuvres comme un modèle probable pour la prochaine espèce intelligente de la planète.
Construire des villes sous-marines, un avenir possible ?
Tim Coulson va plus loin en suggérant que ces céphalopodes pourraient, à terme, bâtir des communautés sous-marines comparables à nos villes terrestres. Ce processus pourrait toutefois nécessiter des centaines de milliers, voire des millions d’années.
Avec l’évolution, il est même envisageable qu’elles développent la capacité de respirer hors de l’eau et qu’elles deviennent capables de chasser des animaux terrestres comme les cerfs ou les moutons, à condition que ces espèces survivent à la catastrophe ayant causé la disparition des humains.
Une évolution incertaine mais prometteuse
Si cette perspective peut sembler spéculative, Tim Coulson rappelle qu’il était autrefois difficile d’imaginer que nos ancêtres évolueraient vers l’homme et domineraient la Terre. « Les humains ont appris à pêcher et à naviguer aussi bien sur l’eau que sous l’eau. Il est donc plausible que les pieuvres suivent un chemin similaire sur la terre ferme », ajoute-t-il.
Il conclut que, bien que l’évolution soit imprévisible, l’intelligence, l’adaptabilité et la diversité des stratégies de survie des pieuvres en font une candidate sérieuse pour prospérer dans un monde post-humain.