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Le scandale des pneus défectueux impliquant Goodyear en France prend une nouvelle tournure judiciaire. Goodyear Operations SA, une filiale du groupe américain, a été mise en examen le mardi 13 mai 2025, après une première journée d’audition, dans le cadre d’une enquête portant sur plusieurs accidents mortels de poids lourds.
Une mise en examen pour homicides involontaires et tromperie
Le représentant légal de Goodyear Operations, dont le siège est situé au Luxembourg, a été convoqué par un juge d’instruction de Besançon. Il fait face à des accusations d’« homicides involontaires », de « tromperie sur les qualités substantielles d’une marchandise » ainsi que de « pratiques commerciales trompeuses ». Ces chefs d’accusation concernent la production de pneus défectueux ayant causé des accidents graves.
Le procureur de Besançon, Étienne Manteaux, avait déjà alerté en avril sur les conséquences financières possibles pour Goodyear, évoquant une amende pouvant atteindre jusqu’à 10 % du chiffre d’affaires de l’entreprise, ce qui représente une somme considérable étant donné la place de troisième fabricant mondial de pneumatiques occupée par Goodyear.
Une porte-parole de la multinationale a déclaré à l’Agence France-Presse que « Goodyear Operations apportera sa pleine coopération dans le cadre de cette instruction ».
Par ailleurs, le représentant de la SAS Goodyear France, responsable de la distribution des pneus dans l’Hexagone, doit également être entendu par le magistrat bisontin dans le même dossier.
Enquête sur des accidents mortels en France
L’enquête judiciaire porte sur trois accidents de poids lourds survenus dans la Somme, le Doubs et les Yvelines entre 2014 et 2016, qui ont causé au total quatre décès. Ces accidents ont entraîné des perquisitions simultanées dans les locaux de Goodyear en France, au Luxembourg, ainsi qu’au siège européen de l’entreprise à Bruxelles en mai 2024.
Les investigations ont révélé que ces drames ont été causés par l’éclatement du pneu avant gauche des camions, ce qui a fait perdre le contrôle des véhicules à leurs conducteurs. Différents experts ont confirmé que la rupture des pneus Goodyear Marathon LHS II ou Marathon LHS II + est imputable à un défaut de fabrication, excluant ainsi toute cause externe.
Absence de campagne de rappel et accusations de dissimulation
Malgré ces constats, certains de ces pneumatiques sont toujours commercialisés sur le marché de l’occasion, car Goodyear n’a jamais déclenché de campagne de rappel officielle, selon le procureur. Ce silence a suscité de vives critiques sur la gestion de la sécurité des consommateurs.
Étienne Manteaux a qualifié ces comportements de « pratique systémique de dissimulation » visant à éviter une perte de confiance chez les clients. Il estime que les accidents auraient « peut-être » pu être évités si Goodyear avait retiré ses pneus défectueux du marché.
Dans un communiqué, Philippe Courtois, avocat de Sophie Rollet, veuve d’un chauffeur routier victime, a interrogé : « Goodyear doit répondre au juge d’instruction à une question simple : savait-il ? Et s’il savait, pourquoi rien n’a été fait pour retirer du marché leurs pneumatiques et ainsi éviter ces drames ? »