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Marie et Anne partagent leurs expériences douloureuses liées à des pratiques d’ostéopathie illégale, notamment des touchers rectaux et vaginaux non consentis, actes interdits depuis 2007 en France. Ces deux femmes témoignent d’un parcours marqué par la douleur et le choc, révélant des abus commis sous couvert de soins thérapeutiques.
Une consultation en famille marquée par l’illégalité
Marie, dans la trentaine et résidant à Lyon, décrit sa sortie de consultation comme « extrêmement choquée ». Venue en urgence après une chute, elle a pu obtenir un rendez-vous le jour même grâce à une collègue. Accompagnée de sa fille en bas âge et du père de celle-ci, elle fait face à un examen qui dépasse ses attentes.
Lors de la séance, l’ostéopathe insère un doigt dans son anus sans avertissement, prétendant vérifier une fracture au niveau du sacrum. « Il a ricané en me faisant comprendre que j’étais une chochotte », raconte-t-elle. Tétanisée et choquée, Marie apprend plus tard par son médecin que ce geste est illégal. Avec du recul, elle confie son scepticisme : « Je ne voyais pas comment on pouvait détecter une fracture du coccyx par un toucher anal. » Elle s’interroge également sur la dimension genrée de cette pratique douteuse.
Des actes illégaux répétés dans un autre parcours
Anne, également trentenaire, suit un protocole de procréation médicalement assistée (PMA) à Paris lorsqu’elle subit des gestes similaires. Dans un cabinet recommandé, l’ostéopathe justifie ses actes par la localisation d’un nodule d’endométriose proche du rectum. Anne raconte : « Elle m’a mis un doigt dans l’anus, puis plusieurs doigts dans le vagin, et enfin des doigts dans la bouche pour faire craquer ma mâchoire. »
À la fin de la consultation, elle ressent un malaise qu’elle attribue d’abord à la manipulation de sa mâchoire. Ce n’est que bien plus tard qu’elle découvre que ces pratiques sont interdites aux ostéopathes.
Les séquelles psychologiques amplifiées par l’absence de cadre médical traditionnel
En thérapie, Anne identifie des séquelles profondes liées à un traumatisme antérieur : un toucher vaginal non consenti lors de son accouchement. Ces souvenirs refont surface lorsqu’elle évoque l’acte de l’ostéopathe. Elle explique : « J’ai eu du mal à catégoriser cela comme un abus car la relation était douce et le cadre chaleureux, ce qui rendait la situation plus difficile à appréhender. »
Ni Marie ni Anne n’ont déposé plainte, mais toutes deux expriment une méfiance accrue envers les professionnels de santé. Marie souligne : « Il y a une grande confiance autour des ostéopathes, mais il ne faut pas oublier que ce n’est pas de la médecine et qu’ils ont des règles à respecter. »
Rappel des règles et enjeux légaux par les professionnels
Dominique Blanc, président d’Ostéopathes de France, rappelle que les techniques internes sont interdites depuis le décret du 25 mars 2007. « Les techniques internes ne font plus partie de l’ostéopathie depuis leur interdiction, mais il subsiste des individus qui ne respectent pas la loi », précise-t-il. Il ajoute qu’un ostéopathe pratiquant des actes internes est passible de sanctions.
Concernant la formation, il indique : « Dans la plupart des écoles, les techniques internes ne sont normalement plus enseignées. Je dis normalement car je n’en ai pas la certitude absolue. » Il insiste sur le fait que « si les actes sont interdits par la loi, ils ne doivent pas être pratiqués, et les ostéopathes qui ne respectent pas ces règles encourent des poursuites. »