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Les premières exhumations de 796 bébés décédés dans le foyer religieux de Tuam, en Irlande, vont bientôt débuter, marquant une étape cruciale dans la reconnaissance d’un drame longtemps occulté. Après plus d’une décennie de combat, cette démarche résulte d’un long parcours initié en 2014 par l’historienne Catherine Corless, dont les recherches avaient révélé que près de 800 enfants, souvent nés hors mariage, étaient morts dans le plus grand secret.
Une découverte sulfureuse et un silence pesant
Le travail de Catherine Corless a mis au jour des faits terribles : aucune trace d’enterrement ou de dernier repos n’existait pour ces enfants, victimes d’un traitement particulièrement brutal. La petite ville à 220 kilomètres de Dublin a été bouleversée par cette révélation qui a dévoilé un pan sombre de l’histoire irlandaise. La maison mère et enfant, gérée par les sœurs du Bon Secours, abritait ces bébés rejetés par la société et l’Église, qui considéraient leur naissance comme une preuve d’illégitimité.
Un système opaque et une lenteur administrative
En dépit des premières découvertes de restes humains en 2016-2017, il a fallu attendre 2022 pour que la législation autorise officiellement les fouilles dans ce site. Ce retard a été critiqué par de nombreuses voix, dont Anna Corrigan, qui dénonce une gestion peu fluide de la justice en Irlande. Dans ses démarches, elle a également découvert que sa propre mère, décédée en 2012, avait accouché dans ce même foyer, laissant planer d’importantes zones d’ombre sur son passé familial.
Procédures en cours et attentes
Une équipe dédiée a été constituée en 2023 pour procéder à l’exhumation, avec pour objectif d’identifier, de manière respectueuse, les restes mortels de ces enfants. Des prélèvements ADN seront effectués sur des proches possibles afin de retracer la filiation. Ces opérations, souvent très attendues par les familles et par la société civile, marquent une étape importante dans la reconnaissance de cette tragédie et la recherche de dignité pour les victimes.
Malgré ces avancées, Catherine Corless reste lucide : même si certains restes sont identifiés, cela n’apportera pas forcément la paix ou la réconciliation pour tous ceux qui ont été touchés par ce passé douloureux. Le poids de l’histoire de Tuam continue de hanter l’opinion publique irlandaise et soulève des questions sur ce silence imposé par les institutions religieuses et étatiques depuis plusieurs décennies.