Depuis le lancement de son offensive contre l’Iran il y a quelques jours, Israël a transformé la Cisjordanie en une vaste prison à ciel ouvert. En imposant des restrictions sévères sur les déplacements des Palestiniens, notamment en fermant les routes principales, la vie quotidienne des habitants est quasiment paralysée, aggravant considérablement leurs souffrances.
Pour le cinquième jour consécutif, l’armée israélienne renforce ses mesures militaires aux entrées et sorties des gouvernorats de Cisjordanie. Les Palestiniens dénoncent ce qu’ils qualifient de punition collective systématique visant à détruire la vie civile et à paralyser les déplacements entre villages et villes. C’est ce qu’a déclaré Mouayed Shaban, président de l’Autorité de résistance au mur et à la colonisation.
Il a précisé à l’agence Anadolu que ce système de fermeture représente une violation grave des droits fondamentaux des Palestiniens, notamment la liberté de circulation et l’accès aux soins médicaux. Israël ferme délibérément les routes aux Palestiniens propriétaires des terres, tout en les maintenant ouvertes aux colons, renforçant ainsi le système d’apartheid établi.
Le nombre de barrages, portes et obstacles militaires dépasse désormais 898, sous diverses formes et classifications, dont la plupart sont fermés pour les Palestiniens.
Ce durcissement du blocus intervient au moment même où l’agression militaire israélienne contre Gaza se fait plus intense et que des attaques ciblées sont menées contre l’Iran. La politique israélienne utilise traditionnellement ces escalades sécuritaires et militaires comme prétexte pour imposer davantage de restrictions sur les Palestiniens.
Depuis le déclenchement de la guerre d’extermination à Gaza le 7 octobre 2023, l’armée israélienne et les colons ont intensifié leurs attaques en Cisjordanie, y compris à Jérusalem-Est. Selon des chiffres palestiniens, cette offensive a causé la mort d’au moins 978 Palestiniens, fait environ 7 000 blessés, et plus de 17 500 arrestations.
Face aux restrictions de l’occupation en Cisjordanie, les Palestiniens ont recours à des moyens de transport rudimentaires.
Des files d’attente interminables sont observées aux points de contrôle militaires sévèrement renforcés à l’entrée de plusieurs villes, certains totalement fermés par des portes en fer, tandis que d’autres connaissent de longues files de véhicules soumis à des fouilles minutieuses.
À l’entrée principale de la ville de Qalqilya, au nord, les véhicules s’alignent en double file sur plusieurs centaines de mètres. Ahmed Obada, chauffeur de camion de marchandises, explique : « C’est la seule entrée ouverte depuis plusieurs jours, et nous attendons des heures pour passer. »
Il ajoute : « Les soldats fouillent les véhicules et contrôlent les cartes d’identité, ce qui provoque des retards et des obstacles. Ces mesures rendent la vie des Palestiniens infernale, comme s’ils étaient enfermés dans une grande prison. » Il confie avoir dû emprunter des routes de terre et des chemins montagneux dangereux pour livrer des denrées alimentaires aux marchés ces derniers jours.
Ce blocus coïncide avec une large offensive d’Israël contre l’Iran baptisée « Le Lion montant », menée par des dizaines de chasseurs bombardiers. L’opération a ciblé des installations nucléaires, des bases de missiles dans plusieurs régions, et a éliminé des hauts responsables militaires ainsi que des scientifiques nucléaires. Selon la télévision iranienne, cette attaque a fait au total 224 morts et 1277 blessés.
À l’entrée du village de Badiya, à l’ouest de Salfit, la porte en fer est fermée depuis vendredi. L’armée israélienne a confisqué plusieurs camions et les clés de certains d’entre eux.
Saji al-Zaher, chauffeur de camion de denrées alimentaires, raconte : « Je déchargeais la marchandise d’un véhicule de l’autre côté de la porte quand soudain les soldats sont venus, ont pris les clés et m’ont laissé dans la rue. »
Il déplore : « La zone est complètement encerclée, il est impossible d’accéder à l’autre côté. Des habitants attendent cette cargaison, et je ne peux pas répondre à leurs besoins. »
Les images montrent des dizaines de Palestiniens – étudiants, ouvriers et employés – qui marchent à pied de véhicule en véhicule à travers des portes fermées, tentant de franchir les barrages pour rejoindre leur travail.
Nasser Abdullah, un employé coincé, confie : « Depuis plusieurs jours, je ne peux pas aller à mon travail. Je n’ai d’autre choix que de marcher à pied et de passer de voiture en voiture. » Il ajoute que cette situation lui rappelle la période de la seconde Intifadah entre 2000 et 2004, mais que la fermeture actuelle est bien plus dure et étendue.
Depuis le déclenchement de la seconde Intifadah en 2000, Israël a adopté une politique systématique de fermeture des routes et de mise en place de barrages pour contrôler la Cisjordanie. Ce dispositif complexe de portes, passages et points de contrôle régule le déplacement des Palestiniens entre villes et villages.
Ces mesures sont souvent utilisées comme punition collective après toute tension sécuritaire ou escalade politique.
Les fermetures récurrentes et les barrages militaires affectent directement l’économie palestinienne, entravant la circulation des marchandises et des travailleurs. Elles provoquent d’importantes pertes pour le secteur privé et aggravent les crises dans les domaines de l’agriculture, du commerce et de la santé, en rendant difficile l’accès aux marchés et aux services essentiels.