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Niger nationalise Somaïr : rupture avec Orano et redefinir sa souveraineté

by charles
Niger

Le Niger a confirmé sa tendance souverainiste en procédant à la nationalisation de Somaïr, sa principale filiale d’uranium détenue par le groupe français Orano. Cette décision intervient dans un contexte de tensions croissantes entre le gouvernement nigérien et l’entreprise française, qui a perdu le contrôle opérationnel de ses mines depuis 2024. À l’issue d’un conseil des ministres, le président nigérien a affirmé que « face au comportement irresponsable, illégal et déloyal d’Orano, l’État du Niger décide en toute souveraineté de nationaliser la Somaïr », transférant ainsi l’intégralité du patrimoine à l’État. La société, créée en 1968, exploitait depuis 1971 la mine d’Arlit, dans la région d’Agadez, représentant jusqu’à 20 % des importations françaises d’uranium, en particulier pour la production d’énergie nucléaire.

Depuis le coup d’État de juillet 2023, la situation s’est considérablement dégradée. Orano, qui détenait depuis des décennies la majorité du capital, a vu ses opérations suspendues et sa contrôle opérationnel remis en question. La société a d’ailleurs engagé plusieurs procédures d’arbitrage international pour réclamer une indemnisation, considérant que la nationalisation constitue une expropriation illégale et déloyale. En décembre 2024, le groupe français avait également perdu ses permis d’exploitation pour le site d’Imouraren, un des plus grands gisements au monde, estimé à 200 000 tonnes d’uranium.

Une dégradation progressive des relations

Le retrait du contrôle français survient dans un contexte géopolitique tendu, où le Niger se tourne notamment vers la Russie et l’Iran, remettant en cause la présence historique d’entreprises occidentales dans le pays. Outre l’uranium, le régime nigérien a demandé à repatrié les employés chinois de sociétés pétrolières, accusant leurs normes réglementaires d’être dépassées. La sortie des forces américaines et françaises, notamment la rétrocession de la base de drones en mars 2024, souligne la volonté du Niger de s’affirmer comme un État souverain face à ses partenaires traditionnels.

Au-delà de l’aspect économique, cette nationalisation témoigne aussi d’un tournant politique, où le gouvernement nigérien affirme sa volonté de contrôler ses ressources naturelles face à une ancien modèle perçu comme déloyal. La perte du contrôle sur ses mines d’uranium représente non seulement un enjeu économique mais aussi symbolique, renforçant la rupture avec l’ancien accord avec Orano. La région d’Arlit se retrouve ainsi au cœur d’un nouveau paradigme où souveraineté nationale et ressources riches se confrontent à une stratégie ancienne basée sur l’exploitation étrangère.

Le groupe Orano dénonce la nationalisation de ses filiales au Niger

Ce changement de cap intervient aussi dans un contexte de tension avec la France, qui a dénoncé cette nationalisation comme une décision unilatérale et préjudiciable. Orano a ainsi confirmé qu’il avait lancé des procédures d’arbitrage pour réclamer une compensation intégrale de ses pertes. Les réserves nigériennes, riches en uranium, restent une variable d’ajustement géopolitique dans cette région stratégique, où le contrôle des ressources est devenu un enjeu de souveraineté renforcé.

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