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Ce mardi 17 juin marque la fin théorique du conclave sur les retraites organisé par le Premier ministre, François Bayrou. Au cours de cet événement, de nombreux sujets ont été abordés par les partenaires sociaux, syndicats et le Medef, notamment la pénibilité au travail et l’âge de départ. Parmi ces questions, la mise en place de la retraite par capitalisation suscite un intérêt croissant.
Qu’est-ce que la retraite par capitalisation ?
Depuis 1945, le système des retraites en France est basé sur un modèle « par répartition », qui repose sur la solidarité entre les générations : les actifs financent directement les pensions des retraités. En revanche, un système « par capitalisation » implique que les cotisations des actifs soient placées sur les marchés financiers (actions, obligations, fonds, etc.) ou auprès d’organismes spécialisés comme des fonds de pension. Les rendements de ces placements sont alors destinés à financer la future pension des travailleurs, constituant ainsi un capital pour leur retraite.
Ce capital peut être perçu soit en une seule fois, donnant libre cours à son détenteur de l’utiliser comme il le souhaite, soit sous forme de rente viagère, avec des versements mensuels jusqu’au décès.
Une addition au système actuel
Actuellement, aucune des parties concernées n’envisage de remplacer entièrement le système de répartition par un système de capitalisation. Le patronat propose plutôt d’ajouter une brique ou un pilier de capitalisation pour alléger la pression sur les caisses de retraite. La proportion de ce pilier reste à définir (10 %, 15 %, 25 % ?).
Ce processus est déjà en place dans certains secteurs, comme la fonction publique (retraite additionnelle de la Fonction publique), à la Banque de France, ou pour les pharmaciens. Cela ressemble aux solutions individuelles ou d’entreprise comme les Plans Épargne Retraite (PER). Toutefois, ce qui différencierait cette proposition serait son caractère obligatoire et généralisé.
Comment financer cette mesure ?
Le financement de ce pilier est un sujet de débat même parmi les partisans de la retraite par capitalisation. Bien que le patronat soit un ardent défenseur, il insiste pour que les cotisations des entreprises ne soient pas augmentées. Des suggestions comme la suppression de trois jours fériés pour financer cette capitalisation ou l’augmentation de la durée hebdomadaire de travail ont émergé.
L’économiste Vincent Touzé de l’OFCE propose d’augmenter d’un ou deux points les cotisations des salariés et des employeurs pour les orienter vers la capitalisation.
Les risques et inégalités du système
La retraite par capitalisation présente des avantages, mais elle comporte également des risques considérables. En plaçant les cotisations en Bourse, il est possible de réaliser des gains, mais cela expose également les cotisants aux aléas du marché. Par exemple, même si la RAFP propose un rendement annuel moyen de 4,2 %, les investissements boursiers sont toujours soumis à des fluctuations.
Des inquiétudes sont soulevées, notamment par les opposants, qui craignent qu’un tel système n’entraîne des inégalités croissantes. Les plus hauts revenus, en effectuant des cotisations ou des placements plus importants, pourraient bénéficier davantage des rendements.
Un coût pour les finances publiques
Les dispositifs de capitalisation, bien que limités, alourdissent les finances publiques du fait des niches fiscales. Selon la Cour des comptes, le coût estimé de ces dispositifs s’élève à 1,8 milliard d’euros par an en raison des réductions de cotisations sociales et des déductions de revenus imposables. Ces fonds pourraient potentiellement être réinvestis dans le système de répartition actuel.