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La décision de l’Ukraine de se retirer de la Convention d’Ottawa, adoptée en 1997 et signée par plus de 160 pays, marque une étape importante dans la gestion des mines antipersonnel dans le contexte de la guerre en Ukraine. Annoncé par le président Volodymyr Zelensky le 30 juin, ce retrait intervient dans un contexte de tensions accrues avec la Russie, qui n’a jamais ratifié ce traité et utilise massivement ces armes sur le territoire ukrainien.
Les enjeux du retrait ukrainien
Les mines antipersonnel, conçues pour être enterrées ou dissimulées dans le sol, sont utilisées par différents pays comme arme défensive pour repousser l’ennemi. Cependant, ces engins restent actifs longtemps après la fin d’un conflit et constituent un danger permanent pour les civils. Sur le terrain ukrainien, les forces russes ont dispersé des mines dans de vastes zones, notamment à Kherson ou Koupiansk, où l’on estime qu’environ 23 % du territoire resterait miné. Le déminage complet de ces zones pourrait prendre jusqu’à 30 ans, selon l’Association ukrainienne de déminage humanitaire.
Une décision dictée par la réalité du conflit
Face à la menace constante représentée par ces mines, Kiev justifie sa démarche en affirmant qu’il s’agit d’une mesure « nécessaire » et « proportionnée » pour défendre son territoire face à l’agression russe. La décision de se retirer de la Convention d’Ottawa, qui interdit l’usage, la production, le stockage et le transfert de mines antipersonnel, permettrait à l’Ukraine de réintroduire ces armes dans son arsenal en toute transparence.
Selon le député Roman Kostenko, une telle mesure était devenue inévitable : « C’est une réalité de la guerre que la Russie ne respecte pas. Elle utilise ces mines à grande échelle sans restriction, et il n’est pas possible pour l’Ukraine de rester liée par des obligations qui limitent ses capacités de défense. »
Conséquences et réactions internationales
Ce retrait s’inscrit dans une tendance observée dans plusieurs pays de l’Est de l’OTAN, comme la Pologne, la Lituanie, la Lettonie et l’Estonie, qui ont également exprimé leur intention de se retirer du traité face à la menace russe. Pour le Comité international de la Croix-Rouge (CICR), ces démarches représentent un « dangereux recul » en matière de protection des civils en zone de guerre. La communauté internationale continue de craindre qu’un tel recul n’affaiblisse des efforts mondiaux visant à éliminer ou au moins réduire l’usage de ces armes inhumaines.
À l’échelle mondiale, ce sont près de 60 pays et territoires qui restent contaminés par des restes explosifs, avec un taux de victimes qui a diminué d’environ 25 000 en 1997 à environ 5 800 en 2023. Toutefois, la menace demeure, surtout dans des zones de conflit prolongé où le déminage est difficile et long.
La faisabilité du retrait ukrainien dépend encore de l’approbation par la Rada, le parlement ukrainien, avant que Kiev ne procède à la notification officielle à l’Organisation des Nations unies. La télévision et la presse soulignent que cette démarche souligne la complexité du contexte géopolitique et militaire où la nécessité stratégique prime sur les conventions internationales attendues en temps de paix.