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OnePlus s’attaque au brain rot et au doomscrolling, des comportements qui nous poussent à défiler sans fin sur les réseaux sociaux. Pour sensibiliser sur ce sujet, la marque a lancé un jeu vidéo éphémère intitulé Brain Rot Blaster, qui s’autodétruit après une unique partie. Ce choix marketing, bien que controversé, soulève des interrogations sur l’état de notre rapport au numérique.
Une initiative troublante
« Pour sensibiliser à cette problématique et encourager une utilisation plus consciente des écrans, OnePlus lance Brain Rot Blaster, un jeu web d’inspiration rétro qui s’autodétruit après une seule partie pour pousser les joueurs à reprendre le contrôle de leur usage du numérique », explique le communiqué de OnePlus. Ce projet fait partie d’une campagne marketing en vue du lancement du OnePlus Nord 5 prévu pour juillet. Bien que le jeu ne soit pas encore disponible, une bande-annonce a été publiée.
Un jeu révélateur
Le jeu se présente comme un FPS dans lequel les joueurs doivent tirer sur des représentations des tendances toxiques en ligne. Par exemple, le « Crypto Bro » incarne les escrocs de la cryptomonnaie, tandis que « Conspi Tête d’Alu » évoque les adeptes des théories complotistes. Ces personnages illustrent de manière satirique les dérives du numérique.
Changer notre relation malsaine avec la technologie ?
Les gouttes de sueur sur mon front, causées non pas par la chaleur de mon bureau mais par la perplexité face à cette campagne, témoignent de l’absurdité de cette initiative. Brain Rot Blaster ne dénonce pas le doomscrolling ; il le reproduit. Ce phénomène consiste à consommer de manière passive et répétitive des contenus anxiogènes, alimenté par l’immédiateté et la peur de manquer quelque chose.
Un jeu à usage unique, qui disparaît après une partie, exacerbe cette logique de « vite vu, vite oublié », caractéristique du brain rot. Il ne laisse aucune trace, aucune possibilité de réflexion ou d’apprentissage, renforçant plutôt l’économie de l’attention où le buzz immédiat prime sur l’impact durable.
Les jeux vidéo jetables, un problème croissant
Le timing de cette annonce est particulièrement interpellant, car le débat sur la pérennité des jeux vidéo fait rage en Europe, notamment avec le mouvement « Stop Killing Games ». Ce dernier milite contre les éditeurs qui rendent leurs jeux inutilisables après les avoir vendus.
Créé en 2024 après la fermeture des serveurs du jeu de course The Crew par Ubisoft, le mouvement a conduit à des plaintes en France, et une pétition européenne a été lancée pour défendre les droits des consommateurs. Actuellement, la pétition compte 714.196 signataires pour un objectif d’un million.
Une publicité à revoir
Bien que Brain Rot Blaster ne fasse pas partie des jeux ciblés par « Stop Killing Games », sa gratuité et son caractère éphémère questionnent notre rapport à la technologie. À une époque où la propriété des jeux est remise en cause, cette initiative de OnePlus semble paradoxale.
Les studios ne prévoient souvent pas de plan de fin de vie pour leurs produits, exposant ainsi les joueurs à une obsolescence forcée. Le consommateur n’est plus propriétaire de ce qu’il achète, mais devient simplement locataire d’un accès temporaire, dépendant des décisions des éditeurs.
En se présentant comme un outil de sensibilisation tout en adoptant les codes du contenu jetable, OnePlus perd en crédibilité. Ce projet ne sert que d’outil marketing, et l’hypocrisie sous-jacente face à ce « moral-washing » est déconcertante.