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Réfugiés en Europe : un accueil digne et ambitieux est possible

by Sara
Réfugiés en Europe : un accueil digne et ambitieux est possible
France, Europe

En France, en Europe, mais aussi au niveau international, il est possible d’imaginer une autre politique migratoire, plus respectueuse des droits des réfugiés. Najat Vallaud-Belkacem, ancienne ministre de l’Éducation nationale, préside désormais France terre d’asile. Benjamin Michallet est économiste, spécialiste des déplacements forcés et juge assesseur à la Cour nationale du droit d’asile.

Une politique migratoire à repenser

Dans leur ouvrage Réfugiés. Ce qu’on ne nous dit pas (Stock, 2025), ils parlent de ces « déplacés forcés » dont on détourne trop souvent le regard, en particulier quand ils se noient en Méditerranée. En s’appuyant sur des travaux de recherche internationaux, ils battent en brèche un grand nombre d’idées reçues et ouvrent des perspectives en termes de travail, de logement, de développement économique et de gestion administrative des immigrés.

Réfugiés et migrants : une distinction essentielle

Najat Vallaud-Belkacem : Des tensions permanentes existent sur le sujet des migrations, aboutissant à une loi tous les dix-huit mois dans notre pays, généralement pour restreindre toujours davantage l’accès au séjour et aux protections. Cela est lié au fait que, depuis une quinzaine d’années, s’est installée dans le débat public une image tronquée de ce que sont les migrants. Cette confusion entre réfugiés et migrants est le fait de manipulateurs qui occultent les migrations volontaires, parfaitement régulables par un État, et qui plus est indispensables à notre économie.

Le droit d’asile constitue un régime très particulier, construit et amélioré au fil des siècles. Ce droit de protection accordé à celui qui est persécuté chez lui, victime d’un conflit intense et qui risque sa vie, est particulièrement précieux et concerne relativement peu de personnes, puisqu’il ne donne accès qu’à 12 % des primo-délivrances de titres de séjour en France sur la période 2017-2023.

Les droits des demandeurs d’asile en France

Benjamin Michallet : Ce travail nous a semblé d’autant plus nécessaire qu’il n’existait pas d’ouvrages en France sur l’asile et les bénéficiaires de la protection internationale orientés vers les politiques publiques. Le déplacement forcé relève d’un cadre juridique particulier et renvoie à des choix de politique publique spécifiques.

Najat Vallaud-Belkacem : Les textes européens, et la directive accueil en particulier, prévoient que le pays d’accueil fournisse aux demandeurs d’asile un hébergement et une allocation. Or, en France, il y a une véritable pénurie de places qui laisse à la rue environ 40 000 personnes. En laissant des gens à la rue, on crée des indésirables aux yeux des habitants.

L’accès au travail et à l’intégration

Les demandeurs d’asile n’ont pas le droit de travailler avant que leur demande soit étudiée. En théorie, ils peuvent travailler six mois après le dépôt de leur demande, mais les autorisations sont rarement délivrées. Cette période d’inactivité n’est même pas mise à profit pour apprendre le français, car ils n’ont pas accès aux formations linguistiques.

Des recherches en Europe du Nord montrent que l’accès précoce à la formation et à l’insertion de travail a un effet positif sur leur intégration et celle de leurs enfants.

Surmonter les idées reçues

Benjamin Michallet : Nous citons plusieurs études qui montrent que les réfugiés n’alimentent pas la criminalité. Au contraire, une grande étude turque a révélé que le nombre de crimes par habitant a même tendance à diminuer avec l’arrivée massive de réfugiés syriens.

Najat Vallaud-Belkacem : Nous voulons poser un vrai diagnostic pour adopter une politique de sécurité adaptée aux réalités. Cela nécessite de traiter les troubles de santé mentale qui sont indéniables et dont la situation des réfugiés peut aggraver les effets.

Vers une Europe plus accueillante

Najat Vallaud-Belkacem : Notre pays a besoin d’une politique migratoire, volontaire et ambitieuse, évidente pour notre économie et notre capacité d’innovation. Des pays comme l’Italie et l’Espagne ont récemment régularisé des centaines de milliers de travailleurs, ce qui montre qu’une approche différente est possible.

Prévenir les déplacements forcés

Najat Vallaud-Belkacem : On ne peut traiter les questions migratoires sans se demander ce qui provoque l’afflux de demandeurs d’asile. La communauté internationale doit se mobiliser pour prévenir les conflits et soutenir les pays voisins des zones de guerre.

Benjamin Michallet : La question de la protection internationale est fondamentale. Selon la définition de la Convention de Genève de 1951, cela montre la nécessité de promouvoir les valeurs de respect de l’égalité entre les hommes et les femmes, et le droit de faire des choix dans sa vie personnelle.

Najat Vallaud-Belkacem, ancienne ministre de l’Éducation nationale, présidente de France terre d'asile

Benjamin Michallet, économiste, spécialiste des déplacements forcés

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