Table of Contents
À deux jours de l’ultimatum fixé par Donald Trump pour imposer de nouvelles surtaxes massives, l’Union européenne s’active pour négocier des exemptions sur ses secteurs stratégiques. Mais à Bruxelles, l’échec est déjà intégré comme scénario probable. L’Europe se prépare donc à subir le choc tarifaire… tout en affinant ses contre-mesures.
Ce qu’il faut retenir
Début avril, l’administration Trump a menacé d’imposer des droits de douane allant jusqu’à 20 % voire 50 % sur les importations en provenance de pays affichant un excédent commercial vis-à-vis des États-Unis. Après une première annonce, le président américain a finalement consenti à suspendre l’application de ces surtaxes jusqu’au 9 juillet, le temps de négocier un éventuel accord avec l’UE.
Cependant, sans avancée significative, les nouvelles taxes pourraient entrer en vigueur dès le 1ᵉʳ août, selon Scott Bessen, secrétaire au Trésor américain. À Bruxelles, la Commission européenne tente de décrocher des exemptions ciblées pour certains secteurs jugés stratégiques, comme la pharmacie, l’alcool, les semi-conducteurs et les avions commerciaux.
Pourquoi c’est important à suivre
Plusieurs filières industrielles européennes fortement tournées vers le marché américain sont directement menacées. L’automobile, l’acier et l’aluminium pourraient être frappés par des surtaxes de 25 % à 50 %, affectant durement des pans entiers de l’économie.
L’objectif affiché de Bruxelles est de limiter les hausses tarifaires à 10 %, contre les 30 à 50 % évoqués par Washington. Mais en contrepartie, les États-Unis exigent un accès élargi à l’agriculture européenne – une exigence inacceptable pour plusieurs pays membres, notamment la France et l’Espagne, qui considèrent l’ouverture agricole comme une ligne rouge.
Citation principale
Avec plus de 15 000 lignes tarifaires potentiellement concernées, le chantier est colossal. Aucun accord global ne semble en vue. Ursula von der Leyen a reconnu qu’il serait « pratiquement impossible » de conclure un texte complet d’ici au 9 juillet. Bruxelles se tourne donc vers une stratégie de mini-accords sectoriels.
« Nous souhaitons une solution négociée, mais vous savez que nous nous préparons également à l’éventualité qu’aucun accord satisfaisant ne soit trouvé », a déclaré la présidente de la Commission jeudi dernier. « Nous défendrons les intérêts européens autant que nécessaire ; autrement dit, tous les instruments sont sur la table. »
Le chiffre à retenir : 95 milliards d’euros
C’est la valeur de l’arsenal de riposte tarifaire préparé par la Commission européenne si aucun compromis n’est trouvé. Cette réponse viserait des produits emblématiques américains dans les domaines de la tech, de l’énergie et de l’agroalimentaire. Mais cette stratégie de rétorsion pourrait aussi peser sur la croissance européenne, avec un recul anticipé de 0,3 % du PIB, en plus d’alimenter l’inflation et de fragiliser l’euro.
À surveiller
Au-delà de la pression américaine, les divisions internes européennes compliquent les négociations. L’Allemagne, très dépendante de ses exportations industrielles, plaide pour un compromis. À l’inverse, la France et l’Espagne rejettent toute concession agricole. Dans l’ombre, l’Italie et la Hongrie explorent des canaux bilatéraux avec Washington, affaiblissant ainsi l’unité européenne.
Cette fragmentation interne rend l’UE plus vulnérable, au moment même où elle cherche à s’affirmer dans un monde commercial polarisé. Car l’Europe n’est pas la seule visée : les BRICS (Chine, Inde, Russie, Brésil, Afrique du Sud) et certains pays « non alignés » font également l’objet de nouvelles surtaxes américaines uniformes de 10 %.
Dans ce contexte, Donald Trump poursuit sa reconfiguration protectionniste du commerce mondial, renforçant la logique de blocs et contraignant Bruxelles à redéfinir sa stratégie de puissance commerciale.