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Dans la lutte contre le gaspillage de l’eau, certaines communes innovent. À Muret, en Haute-Garonne, un système de tarification progressive est mis en place depuis près de dix ans. Les 25 premiers mètres cubes d’eau par an sont gratuits, puis la facture augmente en fonction de la consommation.
Un geste simple pour économiser
C’est un petit geste qui permet de faire des économies sur la facture. Récupérer l’eau froide de la douche avant qu’elle ne soit chaude pour ne pas la gaspiller. Un propriétaire l’utilise pour arroser ses plantes ou faire fonctionner son électroménager. L’an passé, grâce à ses efforts, il n’a consommé que 21 mètres cubes. Ça tombe bien, puisque dans sa ville, Muret (Haute-Garonne), les 25 premiers mètres cubes sont offerts à tous les habitants. Il a donc pris l’habitude de surveiller régulièrement son compteur.
« Celui qui prend de l’eau paye l’eau »
* »Pour le moment, je suis encore en dessous des 25 mètres cubes qui nous sont gratuitement offerts chaque année par la ville. Donc je paye actuellement uniquement l’abonnement. Et ça me fait quand même une belle économie chaque mois et à la fin de l’année aussi »*, explique Robin Brunet, habitant de Muret. Sa facture ne dépasse pas 60 euros par an. Si l’eau potable de Muret est l’une des moins chères de la région toulousaine, c’est grâce à une tarification progressive. Les 25 premiers mètres cubes sont offerts, mais les suivants coûtent de plus en plus cher par palier, en fonction du volume consommé, jusqu’à dépasser 2 euros le mètre cube.
Un principe accepté par la plupart des habitants, comme Michel Maillard, retraité, qui consomme 100 mètres cubes par an pour un montant de 153 euros. * »Celui qui prend de l’eau paye l’eau. Celui qui en prend peu ou qui est vigilant, il va payer moins »*, souligne-t-il, saluant * »l’équité »* du système.
Des réfractaires, malgré un bilan positif
Un avis qui ne fait pas l’unanimité chez les commerçants du centre-ville. Comme Maxime Sanchez, gérant d’une pizzeria, qui a besoin de 200 mètres cubes d’eau chaque année pour son restaurant. * »Quelque part, ça pénalise un peu les gros consommateurs, donc les entreprises, les restos »*, déplore-t-il. Le restaurateur préférerait un prix fixe plutôt que progressif. Cette tarification comporte aussi une limite. Elle ne peut pas s’appliquer dans les copropriétés qui n’ont pas installé de compteurs individuels. Mais pour la ville, le bilan est très positif. Depuis 10 ans, c’est la municipalité de Muret qui gère elle-même cette usine de production d’eau potable, dont elle fixe aussi le prix.
Une consommation en baisse depuis 2012
* »Les mauvais esprits disaient que, comme on avait baissé le prix de l’eau et qu’on mettait 25 mètres gratuits, les gens allaient se lâcher, qu’ils allaient consommer, surconsommer, alors qu’en réalité, on n’est même pas arrivés à la consommation qu’on avait en 2010″*, constate André Mandement, maire PS de Muret. Depuis 2012, la consommation par abonné a effectivement baissé de 26 %. Plusieurs centaines de communes en France ont adopté cette tarification pour économiser l’eau, qui va manquer avec le changement climatique, particulièrement ici, dans la Garonne, principale ressource en eau potable de la région.