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Plusieurs géants européens de l’industrie et de la tech appellent l’Union européenne à reporter l’application de la loi sur l’intelligence artificielle. Dans une lettre adressée à Bruxelles, ils dénoncent un calendrier jugé irréaliste et un cadre trop contraignant, qui pourrait menacer l’innovation et le leadership technologique du continent.
Des voix unies pour demander un report
Un collectif d’importantes entreprises européennes a écrit à l’Union européenne pour demander un délai avant l’entrée en vigueur des nouvelles règles sur l’intelligence artificielle. Parmi les signataires figurent Arthur Mensch, PDG de la start-up française Mistral, Guillaume Faury d’Airbus, Christophe Fouquet, PDG d’ASML, et Ola Källenius, patron de Mercedes-Benz.
Ils réclament un délai de deux ans avant que les principales dispositions de la législation sur l’IA ne soient mises en œuvre, dont l’application est prévue dès le mois prochain.
Un calendrier jugé irréaliste
Bien que la loi européenne sur l’intelligence artificielle ait été adoptée l’année dernière, son déploiement se fait progressivement. À partir du mois d’août, des exigences strictes concernant les modèles d’IA à usage général – utilisés par les grandes entreprises – ainsi que des obligations de gouvernance interne doivent entrer en vigueur. Les signataires s’opposent à ces échéances, craignant qu’elles ne ralentissent l’adoption de l’IA dans divers secteurs économiques.
Dans leur lettre, ils alertent : « Les régimes réglementaires dupliqués et complexes menacent le leadership même de l’Europe dans le domaine de la technologie de l’IA ».
Approche réglementaire et défis industriels
Ce cri d’alarme ne se limite pas au secteur numérique. Il reflète une inquiétude plus générale : tous les secteurs économiques, de l’industrie manufacturière à l’automobile, rencontrent des difficultés à exploiter pleinement l’intelligence artificielle pour améliorer leur compétitivité. Les auteurs de la lettre soulignent un paradoxe : la quête européenne de souveraineté numérique pourrait être compromise par sa propre approche réglementaire.
Ils mettent également en avant l’absence de normes techniques claires et de directives d’application concrètes, qui sont essentielles pour que les entreprises puissent se conformer aux nouvelles exigences. L’application de la loi sans ces outils pratiques risquerait d’entraver l’activité des entreprises au lieu de gérer les risques associés à l’IA.
Évolutions à venir dans le cadre législatif
Cette position s’inscrit dans un débat plus large concernant l’ajustement du cadre législatif européen relatif à l’intelligence artificielle. L’Union européenne avait prévu de publier, en mai, un code de bonnes pratiques pour les modèles d’IA dits « génériques », comme ChatGPT, mais cette publication a été reportée. La Commission européenne envisage désormais de mettre ces lignes directrices en place d’ici la fin de l’année, dans un contexte de tensions croissantes entre ambitions politiques et exigences industrielles.