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Depuis le début de la guerre en Ukraine, des rapports alarmants révèlent la mise en place par le gouvernement russe d’un système « industrialisé » d’enlèvements d’enfants dans le Donbass. Les enfants sont déportés en Russie, soumis à une intense propagande, puis placés dans des institutions, adoptés par des familles russes, ou même envoyés dans des camps militaires où ils sont formés à la violence. Certains finissent par être enrôlés dans l’armée russe.
Un crime contre l’humanité
Nathaniel Raymond, directeur du Laboratoire de recherche humanitaire à l’université de Yale et enquêteur sur les crimes de guerre, décrit ce phénomène comme le « plus grand cas de déportation et de transfert forcé d’un groupe ethnique à un autre » depuis les crimes nazis de la Seconde Guerre mondiale, un crime contre l’humanité selon la Cour pénale internationale. Dans un rapport publié le 27 juin, son laboratoire estime que 35 000 enfants ukrainiens seraient retenus en Russie ou dans des territoires occupés.
La russification des enfants
Ce processus de russification a été récemment dénoncé, et des appels ont été lancés pour la libération de ces enfants. Selon Raymond, il existe des précédents historiques, comme les déportations massives par Staline de familles lituaniennes, lettones et estoniennes en Sibérie en 1949, ou les enlèvements d’enfants en Amérique du Sud dans les années 1980. Cependant, il n’y a rien de comparable à l’ampleur de la situation actuelle en Russie.
Les étapes du programme
Le programme de déportation a débuté après le 24 février 2022 et s’est déroulé en quatre phases. La première a immédiatement suivi l’invasion, visant à russifier les enfants dans les zones occupées. La deuxième phase a vu la Russie utiliser ces enfants comme outil de propagande, justifiant leurs actions militaires sous prétexte d’évacuation médicale. Raymond mentionne que des maires russes ont filmé ces enfants pour démontrer leur « sauvetage ». Ensuite, les autorités russes ont commencé à cacher des informations sur ces enfants, et actuellement, ils sont utilisés comme monnaie d’échange dans les négociations entre l’Ukraine et la Russie.
Documenter les cas d’enlèvements
Les histoires des enfants sont variées; certains ont été enlevés dans des orphelinats, d’autres ont été retrouvés après des combats, tandis que d’autres encore ont été arrachés à leurs parents dans des camps de « filtration ». Les méthodes de collecte de données incluent l’analyse des images sur les réseaux sociaux russes et des photos satellites, permettant de suivre leurs mouvements.
La militarisation des jeunes Ukrainiens
Des enfants ukrainiens, exposés à la propagande, sont également formés militairement. Tous les garçons, en particulier les adolescents, reçoivent une formation militaire, et la Russie a prévu d’envoyer 50 000 enfants dans des camps de formation paramilitaire cet été. Des photos montrent des enfants manipulant des armes dans ces camps.
Impact des recherches sur Poutine
Les recherches de Raymond ont eu deux impacts notables. Elles ont d’une part limité les capacités de Poutine à voyager, illustré par le refus de visa par la Cour suprême sud-africaine pour le sommet des Brics. D’autre part, plusieurs pays ont collaboré pour le retour des enfants, certains prenant des sanctions contre la Russie suite à la publication des rapports.
Des moyens d’investigation insuffisants
Raymond souligne la disparité entre les efforts déployés pour retrouver les enfants disparus en Ukraine et ceux mobilisés après des tragédies comme le 11 septembre. Actuellement, seulement 329 enfants ont été identifiés, et les financements pour ces recherches sont en péril. Il appelle à une mobilisation plus sérieuse de l’Europe et des agences de renseignement pour retrouver ces enfants victimes d’enlèvements.