Le conflit entre la Métropole Nice Côte d’Azur et l’État autour de la régulation du trafic des navires de croisière dans la région s’intensifie, suite à la suspension par la justice de l’arrêté pris par Christian Estrosi, président de la métropole. Cet arrêté, entré en vigueur le 11 juillet 2025 dans le but de limiter l’impact environnemental et le surtourisme, a été suspendu par le tribunal administratif de Nice le dimanche 13 juillet, considéré comme non compétent pour édicter de telles mesures.
Une ambition environnementale et économique contrariée
Destiné à réduire la pollution, protéger la santé publique et limiter le surtourisme, l’arrêté interdisait dans le port de Nice l’amarrage, l’embarquement et le débarquement des navires de croisière dont la capacité dépasse 450 passagers. De plus, dans le port de Villefranche-sur-Mer, il limitait à 65 le nombre d’escales de croisière par an, avec un maximum d’un seul navire par jour. Christian Estrosi justifiait cette initiative comme une réponse aux nuisances environnementales et sociales engendrées par les grands navires, notamment ceux de plus de 3 000 passagers.
Malgré ces arguments, l’arrêté a été jugé irrégulier par le tribunal, qui a estimé que seul le préfet des Alpes-Maritimes détenait la compétence pour réglementer l’entrée et la sortie des navires, en vertu du code de police maritime et du plan d’eau. La décision a également souligné que ces mesures portes atteinte aux libertés fondamentales d’aller et venir ainsi qu’à la liberté du commerce.
Une tension entre acteurs institutionnels et économiques
Le préfet des Alpes-Maritimes avait déjà évoqué que l’arrêté était « entaché de plusieurs illégalités » et pourrait compromettre l’exercice des libertés publiques. En réaction, la métropole a appelé l’État à prendre ses responsabilités pour gérer efficacement les flux touristiques et environnementaux, tout en menaçant de saisir à nouveau le juge administratif. La polémique intervient alors que la région se prépare à une saison touristique dont de nombreuses escales sont déjà réservées pour 2025 et 2026.
La question de l’organisation des escales dans les ports comme celui de Villefranche-sur-Mer reste en suspens, après qu’un accord pour une concertation ait été lancé à partir de septembre. La gestion de ces flux, essentielle pour concilier tourisme, environnement et économie locale, semble ainsi loin d’être résolue dans l’immédiat, au grand dam des acteurs locaux et des défenseurs de la préservation écologique.