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Prise de la Bastille en 1789 : Début de la Révolution Française

by Sara
Prise de la Bastille en 1789 : Début de la Révolution Française
France

Le 14 juillet 1789, des milliers de citoyens français ont mené un assaut armé contre la prison de la Bastille, située à l’est de Paris. Cet événement a constitué un tournant décisif dans l’histoire de la France, déclenchant la Révolution française. Cette révolution a conduit à la chute du régime royal sous le règne de Louis XVI et fait désormais du 14 juillet une fête nationale célébrée chaque année, commémorant la naissance de la République française.

Origines et construction de la Bastille

La forteresse de la Bastille fut édifiée en 1370 sur ordre de Hugues Aubriot, responsable des finances et de l’administration judiciaire de Paris sous le roi Charles V. Sa fonction première était de protéger la ville contre les attaques extérieures en sécurisant l’entrée orientale via la porte Saint-Antoine.

La Bastille était entourée de murs épais de 24 mètres de hauteur et d’une base de 3 mètres d’épaisseur, complétés par huit tours de guet et des douves profondes. Ces caractéristiques en faisaient un élément majeur du système défensif français durant la Guerre de Cent Ans (1337-1453) contre l’Angleterre.

Sous le règne de Louis XI, la Bastille fut transformée en prison pour les opposants politiques internes, avant de devenir une prison d’État générale. La forteresse perdit son rôle militaire pour devenir un symbole du pouvoir royal et un outil d’intimidation. Louis XIV ordonna la démolition des murailles entourant la Bastille après avoir pris le pouvoir.

Un édit royal permit ensuite la détention arbitraire de toute personne opposée au régime, notamment intellectuels et écrivains, sans procès. La Bastille fut surnommée le « labyrinthe de la gloire littéraire ».

À son apogée, la prison ne pouvait accueillir que 45 détenus simultanément, mais entre les XIVe et XVIIe siècles, le nombre des prisonniers politiques atteignit 800. De 1659 à 1789, 5 279 prisonniers furent enfermés dans le secret absolu.

La vie à l’intérieur reflétait les inégalités sociales de l’Ancien Régime. Certains détenus bénéficiaient d’un confort relatif, avec des chambres meublées, une nourriture correcte et des visites régulières. D’autres enduraient des conditions insalubres dans des cachots humides et sombres, décrivant la Bastille comme un « enfer vivant » dans leurs mémoires.

Contexte historique avant la Révolution

À la fin du XVIIIe siècle, la France traversait une grave crise financière due à son incapacité à rembourser ses dettes et à un manque de liquidités pour gérer les affaires courantes et payer les salaires.

Le problème ne résidait pas seulement dans l’ampleur des dettes mais aussi dans l’incapacité à honorer les emprunts à court terme nécessaires aux dépenses quotidiennes. Après la guerre d’indépendance américaine, à laquelle la France avait pris part, les autorités financières espéraient une sortie rapide de crise, comme l’avait déclaré en 1783 le conseiller politique et économique Dupont de Nemours, affirmant que la situation n’était « pas trop mauvaise ».

On comptait sur un délai de paiement des impôts américains jusqu’en 1786 pour permettre à la France de rembourser ses dettes et d’engager une réforme fiscale complète. Cependant, en 1789, la situation économique empirait, la pauvreté s’aggravait et la confiance du peuple dans Louis XVI s’effondrait, notamment en raison de la hausse spectaculaire du prix du pain et des denrées de première nécessité, provoquant une véritable famine.

La formation des États généraux et de l’Assemblée nationale

La société française était divisée en trois ordres : le clergé, la noblesse et le tiers état, composé majoritairement de paysans, artisans, avocats, bourgeois et ouvriers. Les deux premiers jouissaient d’importants privilèges, notamment l’exemption d’impôts et la monopolisation des hautes fonctions dans l’État, l’armée et l’Église, tandis que le tiers état subissait une forte pression fiscale et une absence de représentation politique équitable.

Face à cette marginalisation, le tiers état rompit avec les États généraux le 17 juin 1789, formant l’ »Assemblée nationale française ». Ses membres déclaraient représenter non seulement eux-mêmes mais aussi le peuple entier, se proclamant le représentant légitime de la nation.

Parallèlement, une rumeur circulait selon laquelle Louis XVI aurait refusé de désarmer 20 000 soldats menaçant de réprimer l’Assemblée nationale, ce qui attisa la colère populaire et renforça les tensions.

Les prémices de l’insurrection

Le 11 juillet 1789, le roi limogea le ministre des Finances Jacques Necker, perçu par la population comme un défenseur des droits du tiers état et un fervent partisan des réformes. Ce geste fut interprété comme un abandon du programme réformiste, générant une grande frustration populaire.

Louis XVI renforça les troupes autour de Paris, tandis que des émeutes éclataient, notamment avec la prise d’un couvent pour s’emparer de vivres. Craignant une répression militaire sanglante, les insurgés décidèrent de s’armer en se dirigeant vers les arsenaux, dont la Bastille qui détenait des munitions indispensables.

Face à la mobilisation, le roi concentra ses forces et une milice bourgeoise de 40 000 hommes fut formée.

L’assaut sur la Bastille

Le 14 juillet 1789, armés des moyens trouvés chez eux, les insurgés s’approchèrent de la Bastille, initialement sans intention d’attaquer cette prison presque vide. Ils tentèrent de négocier avec son gouverneur, Bernard-René Jourdan de Launay, pour obtenir des munitions, mais essuyèrent un refus.

Les habitants du quartier Saint-Antoine virent alors la forteresse comme une menace militaire, surtout lorsque ses canons furent braqués contre eux en signe d’hostilité.

À 13h30, les soldats de la garnison reçurent l’ordre de tirer sur la foule, ce qui déclencha des affrontements violents entre la garde royale et la garde nationale dirigée par le marquis de Lafayette.

Le pont-levis de la Bastille fut jonché de cadavres et l’air empli de fumée de feu. Après plusieurs heures de siège, les insurgés pénétrèrent dans la forteresse, exécutèrent Launay après sa reddition ainsi que sept de ses gardes, et libérèrent les sept prisonniers alors détenus.

Les révolutionnaires s’emparèrent ensuite des armes et documents stockés, brûlant certains d’entre eux. Des archives russes furent emportées et plus tard partiellement récupérées par la municipalité de Paris.

La reine Marie-Antoinette écrivit à une amie proche pour décrire l’événement : « Tout est perdu, la Bastille est aux mains des Parisiens ».

La démolition de la Bastille

Au petit matin du 15 juillet, les insurgés commencèrent à démanteler la Bastille. Pierre-François Palloy, entrepreneur choisi par la municipalité de Paris, fut chargé d’en finir la destruction le jour suivant.

Les pierres extraites des cachots furent transformées en objets souvenirs et en miniatures de la forteresse, symboles de la victoire révolutionnaire. Palloy organisa la distribution de ces souvenirs à travers toute la France, donnant à leurs détenteurs le titre poétique de « messagers de la liberté ».

La démolition employa jusqu’à 700 ouvriers par jour et s’acheva officiellement le 21 juin 1791.

Conséquences de la chute de la Bastille

La prise de la Bastille fut le premier acte populaire majeur qui donna naissance à la Révolution française. Elle provoqua le retrait des troupes royales de Paris et le retour de Necker au ministère des Finances.

Marquis de Lafayette fut nommé commandant de la milice bourgeoise, qui devint la Garde nationale. L’Assemblée nationale s’imposa comme l’autorité législative française en rédigeant une nouvelle constitution établissant un régime constitutionnel.

Le 4 août 1789, l’Assemblée abolit les privilèges féodaux ainsi que les impôts injustes pesant sur les travailleurs et agriculteurs. Elle créa de nouvelles institutions administratives et organisa la gestion publique avec plus de transparence et d’efficacité.

Le 26 août 1789, elle promulgua la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen. Ce texte affirmant que tous naissent libres et égaux en droits souligne les libertés fondamentales : liberté, propriété, sécurité, résistance à l’oppression. Il établit la souveraineté nationale, un droit de participation démocratique, la présomption d’innocence, la liberté d’expression, et une séparation des pouvoirs destinée à protéger ces droits.

Depuis, la prise de la Bastille est un emblème de la liberté et du triomphe contre la tyrannie. Le 14 juillet est devenu un symbole d’unité nationale célébré annuellement avec fierté, honorant les valeurs d’égalité juridique et de justice sociale.

source:https://www.aljazeera.net/encyclopedia/2025/7/14/%d8%a7%d9%82%d8%aa%d8%ad%d8%a7%d9%85-%d8%a7%d9%84%d8%a8%d8%a7%d8%b3%d8%aa%d9%8a%d9%84-%d8%b9%d8%a7%d9%85-1789-%d9%8a%d9%88%d9%85-%d8%a7%d9%82%d8%aa%d9%84%d8%b9

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