Le Salvador a récemment procédé à la libération de plusieurs migrants vénézuéliens détenus dans une prison de haute sécurité, dans le cadre d’un accord diplomatique avec les États-Unis. Après des mois d’incertitude, 252 Vénézuéliens expulsés des États-Unis en mars dernier ont été rapatriés vers leur pays d’origine, laissant émus les familles dont certains membres étaient enfermés au Centre de confinement du terrorisme (Cecot) au Salvador.
Les retours ont été accueillis avec euphorie par les familles, notamment par Juan Yamarte, dont le frère a été relâché et a été vu descendant de l’avion en levant les bras en signe de victoire. D’après le président vénézuélien Nicolas Maduro, cette opération de rapatriement s’accompagne d’un échange de prisonniers entre Caracas et Washington. Les États-Unis ont confirmé la libération de dix Américains détenus au Venezuela en échange des migrants expulsés, un processus qui implique également la libération d’un certain nombre de prisonniers politiques vénézuéliens.
Un échange complexe et controversé
Les États-Unis avaient expulsé vers le Salvador ces migrants, accusés sans preuves ni procès d’appartenir au gang vénézuélien Tren de Aragua, invoquant une loi britannique de 1798, rarement appliquée. Selon des familles et des défenseurs des droits, ces accusations étaient infondées. La libération a coûté un « prix élevé » selon Caracas, qui accuse Washington d’avoir payé « des terroristes contre des innocents ».
Parmi les personnes libérées figure Lucas Hunter, un Franco-Américain âgé de 37 ans arrêté lors de vacances en Colombie. La renégociation a aussi permis de restaurer la liberté de plusieurs autres ressortissants, notamment un Urugayen. L’opération a également concerné la libération de 244 autres Vénézuéliens expulsés des États-Unis, dont sept enfants ayant été séparés de leurs familles, certains restant aux États-Unis après l’expulsion de leurs parents.
Des pratiques dénoncées et un contexte tendu
Les critiques pointent le dossier des détentions, qualifiées parfois de violations des droits humains, surtout celles menées dans le cadre du Cecot, une prison construite dans le cadre de la guerre contre le crime par le président salvadorien Nayib Bukele, mais financée par les États-Unis. Les détenus y étaient privés d’appels et de visites, dans des conditions dénoncées à plusieurs reprises par des organisations de défense des droits.
Ce dénouement intervient dans un contexte où Washington multiplie les descentes pour expulser les migrants sans papiers, notamment en provenance du Venezuela, avec plus de 8.200 rapatriements depuis février. La relation diplomatique reste tendue, tant sur les questions migratoires que sur le respect des droits humains, dans un contexte de lutte contre la criminalité organisée et de gestion des relations avec la République vénézuélienne.