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Une controverse majeure secoue le paysage politique et environnemental français suite à l’adoption de la loi Duplomb, une mesure controversée qui autorise la réintroduction d’un pesticide interdit en France, l’acétamipride. Ce texte, adopté le 8 juillet par le Parlement, soulève une vague d’opposition citoyenne et écologique, illustrée par une pétition ayant franchi le million de signatures en moins de deux semaines, portée par une jeune étudiante bordelaise, Éléonore Pattery.
Une mobilisation citoyenne sans précédent
Deux jours seulement après l’adoption de la loi, Éléonore Pattery, 23 ans, a lancé une pétition sur le site de l’Assemblée nationale, demandant l’abrogation de la loi. Son initiative a rapidement gagné du terrain, recueillant plus d’1,3 million de signatures à la mi-juillet, un record jamais atteint pour une pétition sur cette plateforme. La jeune étudiante, en Master Qualité, Sécurité, Environnement et Responsabilité Sociétale des Entreprises, préfère rester discrète, évitant toute médiatisation directe, et invite à se référer plutôt aux voix des scientifiques, ONG et signataires.
Les enjeux derrière la texte de loi
La loi Duplomb, portée par le sénateur LR Laurent Duplomb, permet la réintroduction de l’acétamipride, un insecticide de la famille des néonicotinoïdes interdit en France depuis 2018 en raison de ses effets néfastes sur les abeilles et la biodiversité. Bien qu’autorisé en Europe jusqu’en 2033, l’usage de cette substance suscite l’indignation de nombreux spécialistes et acteurs écologistes. Selon Christian Lannou, expert à l’Institut National de la Recherche pour l’Agriculture, l’alimentation et l’environnement (INRAE), ce pesticide « n’épargne pas les abeilles, les vers de terre, les oiseaux ou les poissons. Ni les humains. »
Les partisans de la loi, notamment certains syndicats agricoles comme la FNSEA, affirment que cette mesure est essentielle pour soutenir les producteurs face à la crise agricole de 2024, faisant valoir qu’elle leur permettrait de lutter efficacement contre les nuisibles, notamment dans la culture des betteraves et des noisettes. Cependant, ses détracteurs dénoncent un recul environnemental et éthique majeur, ainsi qu’un processus d’adoption précipité, sans débat approfondi.
Une polémique qui dépasse le cadre politique
Les opposants à la loi, dont des députés de gauche, demandent la tenue d’un vrai débat démocratique, rappelant que la procédure parlementaire a été expéditive, avec une majorité de députés dénonçant l’absence d’un vrai échange sur le fond. La présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, est favorable à une discussion publique, mais précise que le débat ne pourra pas revenir sur le contenu de la loi, destinés à « sauver » les agriculteurs.
Les différentes voix mobilisées illustrent une véritable fracture dans le débat public : d’un côté, la nécessité de soutenir l’agriculture française dans un contexte économique difficile, et de l’autre, le souci croissant concernant la santé publique, la biodiversité et le respect des normes écologiques. La question de la révision démocratique du processus d’adoption de cette mesure reste au centre des revendications.
Une jeune voix qui fait trembler les sommets
Éléonore Pattery, qui hésite à s’exprimer dans les médias traditionnels, considère que la mobilisation collective dépasse de loin sa propre initiative. « Je ne suis pas indispensable à ce débat. L’opinion publique, les voix qui s’élèvent dans tout le pays, me représentent déjà très bien », affirme-t-elle sur LinkedIn. Son action symbolise la montée en puissance des jeunes et des citoyens mobilisés pour défendre l’environnement et la santé face à des décisions législatives controversées, devenant ainsi un symbole du mouvement citoyen contre l’usage de pesticides dangereux.