Un épisode inédit dans le domaine de la sécurité automobile secoue la France : pour la première fois, un distributeur automobile français a été mis en examen pour blessures involontaires, dans le cadre du scandale mondial des airbags Takata défectueux. L’affaire concerne Leal Réunion, un distributeur basé à la Réunion, qui a été formellement mis en cause le 27 mars 2025 par un juge d’instruction à Saint-Pierre, pour avoir omis de procéder à un rappel ou à un retrait d’un véhicule BMW doté d’un airbag défectueux.
Ce incident est lié à un accident survenu le 6 mai 2020, où un conducteur victime d’une explosion de son airbag, causée par un défaut connu du dispositif, a subi des blessures graves au visage. La victime portait plainte suite à cette collision, qui a révélé la gravité du problème. Selon les investigations, l’airbag en cause aurait pu provoquer des blessures ou pire, la mort, faisant partie d’un large scandale industriel ayant causé au moins 60 décès à travers le monde, dont 18 en France.
Les défis dans la gestion du rappel des airbags défectueux
Leal Réunion se défend d’être responsable de manière délibérée. Lors de son interrogatoire, un représentant de la société a affirmé avoir tenté d’avertir les propriétaires de véhicules concernés, notamment les détenteurs de BMW, mais a rencontré plusieurs difficultés pour joindre les usagers à cause notamment de la faible connaissance de la dangerosité des airbags défectueux à l’époque. La société a expliqué avoir lancé un premier signal d’alerte fin 2019, mais la massive opération de rappel n’a réellement débuté qu’après l’incident de 2020, en juillet de la même année.
Une expertise judiciaire a souligné « l’inertie » de Leal Réunion, qui n’aurait commencé à avertir les conducteurs qu’après l’accident, alors que la dangerosité du défaut n’était pas totalement établie au départ. La société a également évoqué des entraves de la part de certains pouvoirs publics. La cour d’appel de Saint-Denis a été saisie pour étudier la possibilité de placer Leal Réunion sous statut de témoin assisté, une mesure plus favorable qui pourrait atténuer ses responsabilités.
Le contexte et les enjeux de cette crise industrielle
Les airbags Takata, fabriqués par la société japonaise Takata, ont été responsables d’accidents mortels dans plusieurs pays. Leur défaillance consiste en une explosion violente du gaz contenue dans le dispositif, projetant des débris à haute vitesse. La France compte déjà 18 morts liés à ces airbags défectueux. Depuis 2022, un important rappel est en cours, visant 1,7 million de véhicules à travers le pays, avec une interdiction de circulation jusqu’au remplacement du dispositif.