La Cour suprême du Brésil a confirmé qu’elle n’a pas l’intention de placer en détention l’ancien président Jair Bolsonaro pour le moment. Cette décision fait suite à un avertissement donné plus tôt dans la semaine, selon lequel Bolsonaro pourrait être arrêté pour une éventuelle violation d’une interdiction relative à l’usage des réseaux sociaux.
Jeudi, le juge Alexandre de Moraes a qualifié l’incident de « isolé » et a choisi de ne pas délivrer de mandat d’arrêt.
Le juge de Moraes est chargé d’enquêter sur une affaire concernant une tentative présumée de coup d’État menée par Bolsonaro, figure populaire d’extrême droite, contre le gouvernement du président actuel Luiz Inacio Lula da Silva, suite à la défaite de Bolsonaro à l’élection présidentielle de 2022.
Cette affaire a créé une vive tension au niveau national et international. Les partisans de Bolsonaro, parmi lesquels l’ancien président américain Donald Trump, dénoncent une poursuite qu’ils considèrent comme politiquement motivée.
Bolsonaro nie depuis longtemps avoir orchestré un plan pour conserver le pouvoir après la fin de son mandat de quatre ans en 2023. Toutefois, les procureurs l’accusent, lui et ses alliés, d’avoir conspiré pour renverser le gouvernement entrant de Lula en sapant la confiance dans le vote, en déclarant un état d’urgence pour suspendre les fonctions gouvernementales, et en organisant une nouvelle élection.
Il n’a jamais reconnu publiquement sa défaite en 2022 et a quitté le pays à la fin de son mandat sans remettre le pouvoir à Lula.
Pendant ce temps, ses partisans ont pris d’assaut le siège de la police dans la capitale, bloqué des autoroutes et finalement pillé des bâtiments publics représentant la présidence, le Congrès et la Cour suprême. Ces actions visaient apparemment à déclencher une insurrection militaire.
En juin, Bolsonaro a témoigné pour la première fois dans cette affaire, rejetant fermement les accusations portées contre lui : « Il n’a jamais été question de coup d’État. »
Les procureurs ont cité des témoignages indiquant que Bolsonaro aurait reçu et modifié un projet rédigé par ses alliés pour une déclaration d’état d’urgence. Ils affirment que Bolsonaro avait même préparé un discours pour annoncer ce prétendu coup.
Ce procès très médiatisé a suscité une réaction virulente de la part de Donald Trump, qui a menacé d’imposer des droits de douane à hauteur de 50 % sur les importations brésiliennes aux États-Unis à partir du 1er août, pour faire pression et mettre fin à la procédure judiciaire.
Dans une lettre annonçant ces tarifs, Trump a qualifié le procès de « honte internationale » et comparé ses propres déboires juridiques à ceux de Bolsonaro.
« Ce procès ne devrait pas avoir lieu. C’est une chasse aux sorcières qui doit cesser IMMÉDIATEMENT ! » a-t-il écrit.
Le juge de Moraes, sous pression internationale, a imposé vendredi dernier un ensemble de restrictions visant à couper les interactions de Bolsonaro avec des responsables étrangers et à limiter ses déplacements.
Son passeport avait déjà été confisqué, par crainte qu’il ne tente de fuir le pays. Pour éviter tout départ à l’étranger, le juge a ordonné un placement en résidence surveillée pour les nuits et les week-ends.
De plus, Bolsonaro doit porter un bracelet électronique, cesser toute publication sur les réseaux sociaux et rompre tout contact avec les gouvernements étrangers.
Malgré ces restrictions, Bolsonaro est apparu dans les médias pour exhiber son bracelet électronique et dénoncer les décisions de la Cour suprême. Ces vidéos ont largement circulé sur les réseaux sociaux.
Il a qualifié son bracelet de « symbole de la plus grande humiliation. »
Le juge de Moraes a accusé Bolsonaro d’avoir « tenu un discours destiné à être diffusé sur des plateformes numériques » et s’est interrogé sur une éventuelle violation de l’interdiction qu’il avait imposée.
Il a donné aux avocats de Bolsonaro un délai de 24 heures pour répondre à ces préoccupations, avertissant qu’une nouvelle infraction pourrait entraîner l’arrestation de l’ancien président.
En réponse, la défense a nié tout manquement à l’interdiction des réseaux sociaux et demandé des précisions sur son étendue. L’interdiction concernait l’utilisation de tiers pour diffuser les messages de Bolsonaro, mais il restait flou si les médias traditionnels étaient inclus.
Dans une requête déposée vendredi, de Moraes a finalement refusé de détenir Bolsonaro mais a prévenu que toute violation future des mesures imposées conduirait à son arrestation.
Il a aussi précisé que Bolsonaro n’était pas interdit de donner des interviews aux médias.