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La fièvre montait sur les réseaux sociaux depuis des mois et sur les places publiques durant la campagne électorale. Les résultats du scrutin sénatorial du dimanche 20 juillet confirment une forte percée de l’extrême droite xénophobe parmi un large électorat japonais. Le Premier ministre de droite, Shigeru Ishiba, dont la coalition conservatrice ne sera plus majoritaire, est peut-être en sursis.
Le Sanseito : Un Nouveau Vainqueur
La formation Sanseito, créée il y a cinq ans par l’influent Sohei Kamiya, pourrait remporter 22 sièges sur les 125 en jeu lors de ce scrutin (sur un total de 248). Auparavant, elle n’avait qu’un élu dans cette moitié du Sénat renouvelée et un dans l’autre moitié. «Jusqu’au bout je m’en suis tenue à cette volonté exprimée par le slogan “les Japonais d’abord” et je pense que cela a parlé aux électeurs. Alors que les ménages souffrent de la hausse des prix, sur fond de salaires qui stagnent, j’ai le sentiment que nous avons aussi été entendus sur notre proposition de suppression progressive de la taxe sur la consommation», s’est réjouie l’ex-chanteuse Saya, candidate Sanseito qui a pris la première place à Tokyo.
Les Propositions Controversées de Saya
Dans sa farouche volonté de «protéger les Japonais», cette quadragénaire populaire n’hésite pas à évoquer la création d’un service militaire au Japon ou la possession de l’arme nucléaire. Appréciée des jeunes et des mères de famille qui la suivent sur les plateformes en ligne, elle espère également proposer des textes pour renforcer la législation contre les espions.
La Thématique des Étrangers
Le parti Sanseito a réussi à imposer le thème du «problème des étrangers» dans ce scrutin, thème derrière lequel ont couru les autres partis de droite, notamment le Parti libéral-démocrate (PLD), sans cependant convaincre. Le PLD est jugé responsable de l’accueil de centaines de milliers de travailleurs et étudiants étrangers. «C’est pour cela que le salaire des Japonais n’augmente pas. Je ne fais pas de discrimination envers les étrangers, je critique juste une politique totalement erronée», a insisté Sokei Kamiya tout au long de la campagne.
Les Échecs du PLD
La popularité du Sanseito auprès d’un électorat souvent peu politisé, comme les moins de trente ans, est révélatrice face aux candidats du PLD, une formation conservatrice omniprésente au pouvoir depuis presque soixante-dix ans. Accusé d’accointances avec des membres de la secte Moon, le PLD fait face à plusieurs scandales et à une incapacité à réformer le financement politique ou à freiner l’inflation. La politique du parti, souvent perçue comme étant au service des grandes entreprises, a généré un mécontentement croissant chez les citoyens.
Un Avenir Incertain pour le Gouvernement
Sans majorité absolue à la Chambre basse depuis l’automne, le PLD et son allié Komeito se retrouvent maintenant dans une situation similaire à la Chambre haute. Ce double échec est une première sous la nouvelle Constitution de 1947. La question de la démission du chef du gouvernement est posée, bien que celui-ci ait déclaré vouloir attendre les résultats définitifs. Le PLD, un mouvement créé en 1955, est souvent divisé en clans, ce qui complique la prise de décision de son président.