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Le président libanais Jozef Aoun a réaffirmé ce lundi son engagement à maintenir la pression pour traduire en justice tous les responsables de l’explosion du port de Beyrouth, quelles que soient leurs fonctions ou affiliations.
Lors du cinquième anniversaire de cette tragédie, il a insisté sur l’attachement de l’État libanais, à travers ses différentes institutions, à révéler toute la vérité malgré les obstacles et les hauts placés impliqués. « La justice ne fait aucune exception, et la loi s’applique à tous sans distinction », a-t-il souligné.
Le président a rappelé la gravité de l’événement qui a secoué la conscience nationale et internationale, causant la mort de plus de 200 personnes, des milliers de blessés et la destruction de quartiers entiers de la capitale.
- Il a exprimé son respect envers les victimes, les blessés et leurs familles, ainsi qu’envers tous les Libanais, en assurant que la justice triomphera et que les responsables paieront un jour leurs actes.
- Aoun a réitéré sa promesse faite au peuple libanais dès sa prise de fonctions, plaçant la responsabilisation des coupables de cette catastrophe parmi ses priorités absolues.
- Il a affirmé que personne ne doit échapper à la justice, qu’il s’agisse d’inaction, de négligence ou de corruption ayant contribué à ce drame humain.
Il a également évoqué la volonté de l’État de poursuivre les enquêtes de manière transparente et intègre, et de continuer à exercer des pressions sur toutes les institutions concernées pour que les responsables soient jugés.
Dans une adresse aux familles des victimes et blessés, le président a déclaré : « Le sang de vos proches ne sera pas versé en vain, vos douleurs ne resteront pas sans réponse. La justice arrive, et le jugement est inévitable. C’est une promesse que je fais devant Dieu et ma patrie. »
Le cinquième anniversaire de l’explosion a été marqué par des marches pacifiques des familles des victimes, convergeant devant le port de Beyrouth, alors que les autorités libanaises observaient un jour de deuil officiel et fermaient les institutions publiques.
Progression des interrogatoires judiciaires
Selon une source judiciaire citée par l’Agence France Presse, le juge d’instruction Tarek Bitar a terminé l’interrogatoire de tous les accusés dans l’affaire, incluant des responsables politiques et des chefs militaires et sécuritaires, parmi lesquels l’ancien Premier ministre Hassan Diab.
- Quatre anciens hauts responsables ont refusé de se présenter, comprenant trois anciens ministres, dont un est député actuel, ainsi que l’ancien procureur général d’appel Ghassan Oueidat.
- Bitar attend d’achever certaines formalités pour clore l’enquête et transmettre le dossier au parquet général pour avis avant de prendre une décision judiciaire.
- Parmi ces formalités figure la réception des réponses à des commissions rogatoires envoyées le mois dernier à six pays arabes et européens afin d’obtenir des informations spécifiques.
Le juge a pu reprendre ses fonctions en début d’année, suite à l’élection de Jozef Aoun à la présidence et la formation d’un nouveau gouvernement dirigé par Nawaf Salam, dans un contexte de changement des équilibres politiques notamment après l’affaiblissement du Hezbollah à la suite de son conflit récent avec Israël.
Obstacles politiques et enjeux
L’enquête sur l’explosion qui a ravagé le port de Beyrouth le 4 août 2020 a été fortement entravée par des manœuvres politiques au fil des années.
- Le Hezbollah a mené une campagne pour le remplacement du juge Bitar, provoquant une crise judiciaire avec plusieurs demandes de déchéance visant à bloquer son travail.
- Malgré ces tentatives, le juge a pu reprendre ses investigations au début de l’année grâce au changement du rapport de force politique interne.
Les autorités attribuent l’explosion à l’entreposage dangereux de quantités importantes de nitrate d’ammonium dans le port, sans mesures de sécurité suffisantes, suite à un incendie dont la cause reste inconnue.
Des enquêtes ont révélé que plusieurs responsables à différents niveaux avaient connaissance du danger mais n’ont pas pris les mesures nécessaires.
Engagement pour l’indépendance de la justice
Les présidents de la République et du gouvernement se sont engagés à assurer l’indépendance de la justice et à empêcher toute intervention dans son fonctionnement, dans un pays où prédomine une culture d’impunité.
Le Premier ministre Nawaf Salam a déclaré dimanche que « connaître la vérité et assurer la responsabilité sont une question nationale », dénonçant des décennies d’impunité officielle.